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Thaïlande: un leader pro-gouvernement attaqué, les manifestants continuent le combat

Thaïlande: un leader pro-gouvernement attaqué, les manifestants continuent le combat

Un leader des "chemises rouges" soutenant le gouvernement thaïlandais a été blessé par balles mercredi dans le nord-est du pays, augmentant les tensions tandis que les manifestants réclamant la tête de la Première ministre continuaient leur combat à Bangkok malgré l'état d'urgence.

Kwanchai Praipana, l'un des principaux meneurs des manifestations des "rouges" contre le précédent gouvernement au printemps 2010, a été touché à l'épaule et au genou par un tireur non identifié chez lui dans la province d'Udon Thani, selon la police.

"Le motif des tirs est probablement politique", a précisé le colonel Kowit Charoenwattanasak.

Cette attaque est intervenue au moment où entrait en vigueur dans la capitale un état d'urgence décrété pour faire face aux manifestations qui demandent depuis près de trois mois la démission de la Première ministre Yingluck Shinawatra.

Outre la tête de Yingluck, les manifestants veulent la fin de ce qu'ils appellent le "système Thaksin", du nom de son frère Thaksin Shinawatra qu'ils associent à une corruption généralisée et qu'ils accusent de gouverner à travers elle depuis son exil.

L'ancien chef du gouvernement, personnage central de la politique du royaume, a été renversé en 2006 par un coup d'Etat, engluant la Thaïlande dans des crises politiques à répétition mettant en lumière la division du pays entre ceux qui l'adorent, en particulier les "rouges", et ceux qui le haïssent et le voient comme une menace pour la révérée monarchie.

Malgré l'état d'urgence, le camp anti-Thaksin a refusé de désarmer.

"Nous continuons nos manifestations comme d'habitude", a déclaré à l'AFP le porte-parole du mouvement Akanat Promphan. "Cela montre que le gouvernement est désespéré parce que l'élan est de notre côté".

Pour tenter d'intensifier leur pression, les manifestants ont lancé la semaine dernière une opération de "paralysie" de Bangkok qui s'est depuis essoufflée, même si plusieurs carrefours de la capitale sont toujours occupés.

Alors que la crise a fait neuf morts depuis fin octobre, l'état d'urgence imposé pour 60 jours donne en principe aux autorités des pouvoirs élargis.

En 2010, le précédent gouvernement l'avait également instauré lors des manifestations des "rouges" qui avaient occupé le centre de Bangkok pendant deux mois, avant un assaut de l'armée autorisée à tirer à balles réelles.

Mais les autorités ont assuré mercredi que, contrairement à cette crise qui avait fait plus de 90 morts et 1.900 blessés, il ne prévoyait ni couvre-feu, ni interdiction des rassemblements, ni censure des médias.

"Le décret est destiné à être dissuasif", a déclaré à la presse Sihasak Phuanggetkeow, haut responsable du ministère des Affaires étrangères, promettant la "plus grande retenue".

Pour tenter de sortir de la crise, Yingluck a convoqué des législatives anticipées pour le 2 février, mais les manifestants qui veulent remplacer le gouvernement par un "conseil du peuple" non élu rejettent le scrutin dont le parti au pouvoir est favori, et le principal parti d'opposition le boycotte.

La commission électorale a elle indiqué mercredi avoir déposé une requête auprès de la Cour constitutionnelle pour reporter les élections, après le refus du gouvernement de le faire.

La crise actuelle a été marquée par plusieurs attaques contre les manifestants par des assaillants inconnus, poussant les deux camps à s'en rejeter la responsabilité.

Vendredi et dimanche, des grenades et des tirs avaient visé une foule de protestataires, faisant un mort et des dizaines de blessés et faisant craindre une escalade de la violence à l'approche des élections.

L'état d'urgence semble surtout être destiné à "dissiper l'impression que le gouvernement se cache dans un bunker quelque part", a commenté Anthony Davis, analyste chez IHS-Jane's.

"Cela montre qu'ils sont concentrés et ont l'intention de prendre la situation en main à l'approche des élections".

"Il ne va pas y avoir de répression à ce stade", a encore prédit l'analyste. "La police n'a franchement pas ce qu'il faut sans le soutien de l'armée. Et elle n'a pas le soutien de l'armée".

Les militaires, soutien traditionnel des élites anti-Thaksin, ont assuré vouloir rester neutres, mais le puissant chef de l'armée de terre a refusé toutefois d'exclure un nouveau putsch.

bur-dr/abd/fw

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