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La police anti-émeute repousse les manifestants dans le centre de Kiev, premiers morts

La police anti-émeute repousse les manifestants dans le centre de Kiev, premiers morts

Les forces anti-émeute ukrainiennes, soutenues par un blindé, ont repris mercredi une partie du centre de Kiev au prix de violentes batailles avec les manifestants, après deux mois d'une confrontation qui vient de faire de premiers morts.

L'Union européenne a réagi rapidement, avertissant qu'elle allait "étudier de possibles actions et les conséquences" pour ses relations avec l'Ukraine, tandis que Washington a annoncé de premières sanctions.

Le président Viktor Ianoukovitch a reçu trois heures durant les leaders de l'opposition, dont l'ex-boxeur Vitali Klitschko, sans qu'aucune annonce ne soit faite à l'issue de cette réunion qui visait à faire cesser les violences.

Deux hommes ont été tués par balles dans la zone du centre-ville où ont lieu les affrontements, a indiqué le parquet ukrainien, confirmant des informations données d'abord par l'opposition.

Celle-ci a fait état aussi d'un troisième mort, un jeune homme décédé mardi après être tombé dimanche de plus de 10 mètres de haut alors qu'il cherchait à échapper aux forces anti-émeutes. Elle en a rejeté l'entière responsabilité sur le pouvoir.

"Quatre blessures par balle à la tête et au cou pour l'un des morts, ce n'est pas de la légitime défense mais des tirs délibérés sur des citoyens pacifiques", ont déclaré les partis des leaders de l'opposition Arseni Iatseniouk, Oleg Tiagnikok et l'ancien boxeur Vitali Klitschko, dans un communiqué.

Viktor Ianoukovitch "a cessé d'être président et est devenu un assassin", a déclaré, dans un message transmis par ses proches, l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko.

Depuis mercredi matin les forces de l'ordre, dont les unités anti-émeute Berkout, casqués et équipés de boucliers, ont lancé plusieurs assauts contre les barricades dressées dans la rue Grouchevski où se trouvent le siège du gouvernement et le parlement.

Les manifestants jetaient des cocktails Molotov et des pierres sur les forces de l'ordre, et celles-ci ripostaient avec des tirs de balles en caoutchouc et de grenades assourdissantes.

Les manifestants isolés ou tombés étaient battus sans ménagement à coup de pieds et de matraque.

Dans le centre de Kiev, un véhicule de transport de troupes blindé, apparu pour la première fois depuis le début de la contestation, a avancé dans la rue Grouchevski, selon les images de la télévision.

Des centaines d'hommes des forces anti-émeutes le suivaient, dans l'épaisse fumée des pneus enflammés par les manifestants, forçant les protestataires à se replier vers la place centrale de Kiev, occupée depuis plus de deux mois.

Les réactions à l'étranger ne se sont pas fait attendre.

L'Union européenne s'est dite "choquée" par l'escalade de la violence en Ukraine, théâtre depuis plus de deux mois d'une contestation sans précédent après la volte-face du régime, qui a renoncé fin novembre à un rapprochement avec l'UE pour se tourner vers la Russie.

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso a averti Kiev de "possibles actions" et de "conséquences pour les relations" avec l'Ukraine.

Les Etats-Unis ont annoncé de premières sanctions en révoquant les visas de responsables ukrainiens impliqués dans les violences.

Moscou a pour sa part dénoncé "l'ingérence étrangère" dans les affaires intérieures de l'Ukraine, tout en estimant de son côté que l'opposition "extrémiste" en violait "outrageusement la Constitution".

Le président Ianoukovitch a appelé dans la matinée les Ukrainiens à ne pas suivre "les extrémistes".

Au même moment, le Premier ministre Mykola Azarov a autorisé la police à passer outre l'interdiction habituelle des canons à eau par des températures inférieures à zéro.

Il faisait près de moins dix degrés mercredi à Kiev.

Les affrontements à coups de cocktails Molotov, tirs de balles en caoutchouc et grenades assourdissantes n'ont pratiquement pas cessé depuis dimanche, et ont fait au moins 200 blessés avant même l'assaut de mercredi, selon le ministère de l'Intérieur.

Un représentant de l'opposition a fait état de son côté de 1.400 blessés ces derniers jours, sans qu'il soit possible de vérifier ce chiffre.

Aucune information n'était disponible mercredi sur les blessés des derniers affrontements.

Un militant connu et blogueur d'opposition, Igor Loutsenko, a affirmé avoir été kidnappé et battu par des inconnus, qui l'ont retenu de force pendant 15 heures avant de le relâcher dans une forêt.

Il a ajouté avoir été enlevé avec un autre militant dont le sort reste inconnu jusqu'à présent.

Un corps avec des traces de tortures a été découvert près de Kiev, près de l'endroit où les deux militants avaient été retenus, ont annoncé des médias ukrainiens citant un policier local.

Des sources médicales ont par ailleurs affirmé qu'au moins une personne avait eu la main amputée et que plusieurs avaient perdu la vue du fait des tirs ces derniers jours.

Après déjà deux mois de contestation, l'adoption de lois controversées, entrées en vigueur mercredi et qui durcissent les sanctions contre les manifestants, a relancé la mobilisation en Ukraine.

Dimanche, une manifestation de 200.000 personnes avait été suivie d'affrontements d'une violence inédite dans cette ancienne république soviétique.

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