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Anelka, l'imperméable individualiste

Anelka, l'imperméable individualiste

Symbole de l'hyper-individualisme, Nicolas Anelka s'est bâti une image de rebelle imperméable à toute critique, répondant le plus souvent par le dédain et le mépris aux nombreuses polémiques qui ont jalonné son parcours.

La "quenelle" exécutée le 28 décembre par l'attaquant de West Bromwich Albion sur la pelouse de West Ham (3-3) n'est que le dernier épisode d'une carrière marquée par des éclats à répétition. A 34 ans, l'enfant terrible du football français ne s'est donc pas assagi. Sous ses allures de timide se cache un homme en conflit constant avec son environnement extérieur et les institutions.

L'équipe de France, les instances, les entraîneurs, la presse: "l'enfant de Trappes" aura mené en 17 années de professionnalisme une véritable guerre solitaire, ce qui ne l'a jamais empêché de signer de juteux contrats dans les 11 clubs où il a évolué. Depuis l'arrêt Bosman, qui a libéralisé le marché des transferts en Europe en décembre 1995, le pouvoir est tombé entre les mains des joueurs et Anelka a personnifié jusqu'à la caricature ce renversement de tendance.

"Un homme sans ennemi est un homme sans valeur. Comme l'époque adore les hypocrites, je ne m'attends pas à n'avoir que des amis", déclare-t-il en octobre 2012 au Parisien Magazine.

Mais Anelka, converti à l'islam en 2004, n'est pas à une contradiction près. Pour justifier sa "quenelle", il réfute toute portée antisémite et parle d'un geste "anti-système", s'attirant les sarcasmes de la presse anglaise qui tire à boulets rouges sur "le rebelle en Ferrari".

Rien ne semble l'atteindre, pas même le fiasco retentissant du Mondial-2010 dont il aura été le personnage central. Suspendu 18 rencontres par la Fédération française de football (FFF) pour avoir insulté le sélectionneur Raymond Domenech à la mi-temps de France-Mexique, Anelka aura cette réaction désinvolte dans les colonnes de France-Soir: "Cette histoire de commission est une mascarade. Ce sont de vrais clowns, ces gens. Je suis mort de rire".

Dans son livre, Domenech se souvient d'un "Anelka en train de rigoler après le match (contre le Mexique). Quelle inconscience !". Une image qui résume tout.

Peu avant le début du tournoi, son entretien à l'AFP avait déjà troublé. "Je ne me suis jamais donné comme objectif dans ma vie, dans ma carrière, de faire un Mondial".

Mais Anelka n'a pas attendu l'Afrique du Sud pour faire parler de lui. Dès l'âge de 17 ans, alors considéré comme un des plus grands espoirs du football français avec Thierry Henry et David Trézéguet, il claque la porte de son club formateur, le Paris SG, pour rejoindre Arsenal. La légende du surdoué ingérable est lancée.

La lune de miel avec les Gunners d'Arsène Wenger ne dure que deux saisons. Recruté à prix d'or par le Real Madrid (près de 35 millions d'euros), Anelka s'offre le luxe de se mettre le vestiaire à dos et refuse de s'entraîner pendant trois jours. Il est suspendu 45 jours avec une amende salée (près de 370.000 euros) avant de présenter ses excuses et d'être réintégré.

Son retour au PSG en 2000, juste après avoir soulevé la Ligue des champions, ne laisse pas non plus des souvenirs impérissables. Il se fait principalement remarquer en giflant un journaliste à la sortie d'un entraînement.

L'influence de ses frères, également ses agents, a longtemps été évoquée pour expliquer frasques et changements de clubs incessants. Mais Anelka n'a besoin de personne pour provoquer des scandales. Son histoire compliquée avec l'équipe de France en témoigne (69 sélections, 14 buts). Avant de saborder sa carrière internationale à Knysna, il n'a jamais pardonné à Aimé Jacquet de ne pas l'avoir retenu pour la Coupe du monde 1998.

Champion d'Europe en 2000 sous les ordres de Roger Lemerre, il se place ensuite en marge des Bleus, s'en prenant violemment au coach suivant, Jacques Santini: "Qu'il s'agenouille devant moi, s'excuse d'abord, et après je réfléchirai".

Il faudra attendre novembre 2005 et Raymond Domenech pour le revoir en équipe de France. Mais après avoir manqué le Mondial-2006, la retour en Bleu tourne à l'apocalypse: insultes à Domenech, exclusion, grève des joueurs le soutenant.

Sans l'émouvoir pour autant. Du Anelka tout craché.

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