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La conférence de Genève 2 sur la paix en Syrie mal engagée

La conférence de Genève 2 sur la paix en Syrie mal engagée

La conférence de Genève 2 sur la paix en Syrie semblait mardi mal engagée avant même d'avoir commencé en raison des objectifs manifestement inconciliables des deux camps dans un contexte global de plus en plus tendu.

L'initiative du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, invitant dimanche en dernière minute l'Iran, principal soutien du président syrien Bachar Al-Assad, à la table des négociations, pour mieux faire volte-face le lendemain, a eu un effet désastreux dans les chancelleries.

Le Parti de Dieu libanais, qui a envoyé des combattants en Syrie se battre aux côtés des forces de Bachar Al-Assad, est de plus en plus souvent la cible d'attentats au Liban.

En outre, des photographies sorties semble-t-il clandestinement de Syrie via un photographe de la police militaire semblent indiquer qu'environ 11 000 détenus ont été torturés et tués par le pouvoir syrien.

Dans ce contexte diplomatique très tendu et alors que les combats se sont intensifiés sur le terrain, les premières discussions directes entre Bachar Al-Assad et ses opposants mercredi - d'abord à Montreux puis les jours suivants à Genève - risquent de se terminer sans résultat tangible.

« Au mieux, Genève 2 confirmera les accords passés durant la première conférence de Genève [en juin 2012], appellera à des cessez-le-feu, peut-être à des échanges de prisonniers », prédit un diplomate occidental.

« En même temps, ceux qui participent aux discussions légitiment de facto Damas. Ils parlent au gouvernement Al-Assad assis de l'autre côté de la table. Et ainsi, le spectacle va continuer tandis qu'Al-Assad restera au pouvoir », ajoute-t-il.

La guerre civile en Syrie, simple soulèvement populaire à son origine en mars 2011, a fait 130 000 morts et jeté sur les routes un tiers des 2 millions de Syriens. Certains se sont réfugiés dans les pays voisins et s'entassent dans des camps, d'autres sont déplacés à l'intérieur de la Syrie.

Une « belle pagaille »

En outre, les positions apparaissent inconciliables à la base. Pour l'opposition, Bachar Al-Assad doit impérativement quitter le pouvoir. Le président syrien juge lui que les

discussions ne doivent porter que sur un seul sujet : combattre les terroristes, terme qu'il utilise pour englober tous ses opposants armés.

L'avion transportant la délégation du gouvernement syrien attendue mardi en Suisse a été retardé parce qu'« empêché de se ravitailler » lors d'une escale à l'aéroport d'Athènes, a fait savoir la télévision syrienne.

La délégation de l'opposition attendue mardi en Suisse sera dirigée par Ahmed Jarba, le président de la Coalition nationale syrienne (CNS, opposition en exil).

Les membres de la CNS n'ont réussi à se mettre d'accord sur leur participation qu'à la dernière minute. Et la délégation a été à deux doigts de se retirer après l'invitation de Ban Ki-moon à l'Iran.

La CNS ne représente en outre qu'une fraction de l'opposition. Genève II est boycottée par les puissants groupes sunnites qui contrôlent le terrain en Syrie et qui considèrent les membres de la délégation de la CNS comme des traîtres.

Quant à la principale faction kurde, qui contrôle une partie importante du nord-ouest de la Syrie, elle n'a pas été invitée.

À son arrivée mardi à Genève, Ban Ki-moon a été soustrait aux questions des journalistes par ses conseillers.

Pour expliquer son « couac » diplomatique, Ban Ki-moon a dit lundi qu'il avait compris que les Iraniens avaient accepté le communiqué de Genève de 2012 prévoyant la mise en place en Syrie d'une autorité de transition dotée des pleins pouvoirs exécutifs, soit de facto le départ du président Bachar Al-Assad. Mais l'Iran a dit ne rien avoir accepté de tel.

Un diplomate a décrit la journée de lundi comme une « belle pagaille » et expliqué que Genève 2 avait failli être annulée et remplacée par une réunion bilatérale entre la Russie et les États-Unis.

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