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Porgy and Bess à l'Opéra de Montréal : une ouvre aux résonnances contemporaines

Porgy and Bess à l'Opéra de Montréal : une ouvre aux résonnances contemporaines

Rencontre avec les artistes Kenneth Overton (Porgy), Measha Brueggergosman (Bess) et Marie-Josée Lord (Serena), lors d'une répétition à l'Opéra de Montréal, qui nous parlent de l'importance artistique et sociale de cette oeuvre depuis sa création en 1935.

L'Opéra de Montréal présente Porgy and Bess, une des uvres maîtresses du compositeur américain George Gershwin, à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, du 25 janvier au 3 février.

Un texte de Ronald Georges

En 1935, George Gershwin a joué d'audace sur deux plans : intégrer le jazz à l'opéra, et raconter une histoire d'amour et de mort dans le sud des États-Unis avec des chanteurs afro-américains.

Son pari a été indéniablement une réussite. Plus de 75 ans plus tard, Porgy and Bess fait partie du répertoire opératique mondial et sa musique a engendré des classiques du jazz comme Summertime et My man's gone now.

Le chef d'orchestre Wayne Marshall dirigera l'Orchestre symphonique de Montréal, et exceptionnellement, les churs de l'Opéra de Montréal cèdent leur place au mythique Montreal Jubilation Gospel Choir, dirigé par son chef fondateur, Trevor W. Payne. Le spectacle est mis en scène par Lemuel Wade.

Pour Kenneth Overton, l'obtention de ce rôle est un rêve devenu réalité. « Beaucoup d'artistes de l'époque et que j'admire comme William Warfield et Todd Duncan, qui l'a créé, l'ont joué. Entrer dans leurs souliers est tout un honneur pour moi », affirme le baryton américain, qui portait des jambières lors des répétitions.

Un opéra essentiel pour les Afro-Américains

L'histoire de Porgy and Bess a lieu 70 ans après l'abolition de l'esclavage (1865) aux États-Unis, pendant la longue période de ségrégation raciale qui s'en est suivie. En quoi cette histoire est-elle encore importante en 2014?

Kenneth Overton fait remarquer qu'aujourd'hui, c'est l'anniversaire de naissance de Martin Luther King Jr. (NDLR : l'entrevue a eu lieu le 15 janvier). « Il représente tellement pour les Afro-Américains en matière d'égalité, de liberté et de droits civils. Voir ce que nous sommes en 2014 avec un président afro-américain, c'est énorme. Et le succès mondial de cet opéra depuis tout ce temps est assez miraculeux », croit le baryton qui chantera aussi Porgy and Bess à Copenhague, au Danemark. « C'est la première fois qu'ils le jouent depuis 1943, et la dernière fois, des acteurs blancs le jouaient », précise le chanteur, qui l'a aussi interprété au Deutsche Oper Berlin, à l'Opera Theatre of Pittsburgh, à l'Opera Memphis, à l'Opera Carolina et en tournée dans les îles britanniques.

La soprano canadienne Measha Brueggergosman fait partie de la distribution de cet opéra pour une deuxième fois. « C'est la seule fois de ma carrière que je joue un rôle à l'opéra pour une deuxième fois. Je ne fais pas beaucoup d'opéras, surtout des récitals et des concerts. J'avais hâte de reprendre ce rôle », assure-t-elle avec aplomb.

Quand elle l'interprète au Québec et au Canada, Measha Brueggergosman voit cet opéra d'un autre il : « Je ne dirais pas ça aux États-Unis, mais ici, on peut célébrer cette pièce sans nécessairement inclure son message politique. On peut célébrer un pan de notre histoire musicale aussi, et de notre histoire, point. »

La soprano estime qu'il y a encore place à l'amélioration de la situation sociale des Noirs, mais elle souligne l'importance culturelle de Porgy and Bess.

Dans le rôle de Serena, Marie-Josée Lord fait un retour à l'Opéra de Montréal, où elle n'a pas chanté depuis 2009.

« Après cet opéra, je saurai peut-être parler l'anglais de la Caroline du Sud (rires)! J'ai dû avoir un entraîneur de langue parce que mon anglais britannique était trop parfait. Il fallait le relâcher. "Loosing up, just relax", disait le metteur en scène », raconte la soprano québécoise.

Marie-Josée Lord, la seule chanteuse de la distribution à ne pas avoir déjà joué Porgy and Bess, a dû apprivoiser peu à peu son rôle.

Elle rappelle la singularité de la culture afro-américaine du sud des États-Unis. « Il faut se mettre dans la peau de ces gens, dans leur attitude, dans leur langage corporel, dans leur langue. Gershwin l'a écrite pour que les accents soient ceux de la langue parlée. Les acteurs parlent très vite. C'est comme le flux du rap américain », décrit-elle.

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