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Une dissidence au sein des Farc contre la paix en Colombie ?

Une dissidence au sein des Farc contre la paix en Colombie ?

Y a-t-il une dissidence au sein des Farc contre le processus de paix ? L'hypothèse a repris de la vigueur en Colombie après une série d'attentats meurtriers attribués à la guérilla marxiste, en pleines négociations avec les autorités.

Des explosions de véhicules piégés en pleine rue, la première en décembre et la seconde le 16 janvier au sortir d'une trêve unilatérale de la rébellion, ont fait au total neuf morts dont trois civils, et plusieurs dizaines de blessés, dans le sud et l'ouest du pays.

Pour les autorités, il ne fait aucun doute que des "fronts" ou unités régionales des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) sont derrières ces actions commises dans ses fiefs traditionnels.

Le président Juan Manuel Santos, dont le gouvernement a ouvert avec les Farc des pourparlers hébergés depuis novembre 2012 à Cuba, a fustigé une "conduite irrationnelle et contradictoire", en pointant la mort de civils.

Le chef de l'Etat assume en revanche le risque de pertes militaires, ayant lui-même a exclu tout cessez-le-feu bilatéral avant un accord final, afin de maintenir la pression sur la guérilla qui, après un demi-siècle d'existence, compte encore selon les autorités 8.000 combattants.

Certains "fronts" des Farc tentent-ils ainsi d'influencer ou de torpiller le processus de paix ? La question revient désormais régulièrement dans les médias.

"Les actions terroristes, c'est-à-dire qui touchent la population civile, constituent le principal risque des négociations de paix", reconnaît Jorge Alberto Restrepo, directeur du Centre de recherche pour l'analyse du conflit (Cerac), dans un entretien avec l'AFP.

Cet expert estime que les récents attentats montre "une certaine forme de dissidence de la part de colonnes mobiles des Farc" sur lesquelles la direction n'a "pas un contrôle logistique total".

Ces unités régionales "cherchent à envoyer un message de fermeté à leur hiérarchie qui négocie à Cuba, à faire pression sur elle", précise M. Restrepo, en expliquant que certaines décisions des chefs, comme l'abandon de la pratique des enlèvements, ont été mal vécues par la base.

Les autorités et des associations civiles affirment régulièrement que les séquestrations par les Farc se poursuivent dans certains régions, avec notamment pour cible les employés du secteur énergétique, locomotive de l'économie.

D'autres membres des Farc sont, selon lui, directement opposés à l'idée même de la paix, afin de pouvoir continuer à se livrer au trafic de drogue ou à l'exploitation minière illégale.

Un haut magistrat colombien, récemment interrogé par l'AFP, estimait sous couvert de l'anonymat qu'en cas d'accord de paix, "entre 10 et 20% des guérilleros vont se reconvertir dans une activité délictueuse". L'expression de "Farcrim", en référence aux "Bacrim" (les bandes criminelles), a d'ailleurs déjà fait son apparition dans le vocabulaire.

Un rapport de la Fondation "Paix et réconciliation" reconnaît aussi que certains "fronts", minoritaires, ont fait dissidence lors de la trêve de Noël des Farc, qui a été "respectée à 95%". Les violations de la trêve se sont notamment produites dans les régions frontalières, des axes stratégiques pour les trafics.

Officiellement, la direction des Farc écarte toute division dans ses rangs. "Les rares faits de guerre dans lesquels ont été impliquées nos unités durant le cessez-le-feu d'un mois ont correspondu à des actions de légitime défense", a affirmé Pablo Catatumbo, un des chefs des Farc depuis Cuba.

Dirigeant du parti communiste colombien, Carlos Lozano écarte aussi l'idée d'une "division" des Farc, même s'il admet la possibilité de "débats internes".

"Il y a une cohésion au sein de son Etat major qui s'est engagé avec le processus de paix", assure-t-il à l'AFP, en rejetant sur les autorités la responsabilité des violences.

"Le gouvernement paie son erreur, celle de négocier au milieu de la guerre, en pensant qu'il allait presser les Farc", ajoute M. Lozano, partisan d'un cessez-le-feu bilatéral depuis l'ouverture des pourparlers.

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