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L'opposition syrienne peine à se décider sur sa participation à la conférence de Genève II

L'opposition syrienne peine à se décider sur sa participation à la conférence de Genève II

L'opposition syrienne en exil peinait samedi à Istanbul à s'entendre sur son éventuelle participation la semaine prochaine à la conférence de paix de Genève II, en prévision de laquelle le régime de Damas a fait une offre de cessez-le-feu à Alep (nord).

A quatre jours du rendez-vous fixé par les Etats-Unis et la Russie, la présence mercredi en Suisse de la Coalition de l'opposition restait toujours aussi incertaine, malgré les efforts répétés de ses parrains arabes et occidentaux pour la convaincre de faire le déplacement.

L'assemblée générale de la Coalition a finalement débuté samedi à la mi-journée, avec vingt-quatre heures de retard.

Mais, selon des sources proches de la coalition et diplomatiques, les discussions ont longtemps buté sur la procédure à adopter pour le vote qui doit conclure le débat, entre majorité simple et majorité qualifiée, nouvelle illustration de ses divisions.

Le coeur du débat sur l'envoi d'une délégation à Montreux (Suisse), lieu de la conférence dite Genève II, divise profondément les membres de l'opposition modérée au président Bachar al-Assad, tiraillée entre les rivalités qui opposent ses deux principaux soutiens financiers, l'Arabie saoudite et le Qatar.

Nombre de ses membres répugnent à l'idée de s'asseoir à la même table que les représentants d'un régime dont ils veulent la chute depuis bientôt trois ans.

"Faire des compromis sera douloureux", a prévenu vendredi Munzer Aqbiq, un proche conseiller du président de la Coalition Ahmad Jarba.

La Coalition a fixé des conditions très strictes à sa participation à une conférence.

"L'objectif de toute solution politique doit être la mise en place d'un gouvernement de transition, dont le président Assad ne fera pas partie, doté des pleins pouvoirs et chargée d'organiser des élections transparentes", a rappelé vendredi son porte-parole, Khaled Saleh.

Ces exigences ont été rejetées par le régime de Damas, qui a répété qu'il n'irait pas en Suisse "pour remettre le pouvoir à qui que ce soit, ni faire de transactions avec qui que soit", et qu'il revenait à Bachar al-Assad de mener la transition.

Sous l'influence de son fidèle soutien russe, le régime du président Assad a toutefois fait vendredi une série de concessions "humanitaires" qui répondent à d'autres exigences de l'opposition.

A l'issue d'une rencontre avec son homologue russe Sergueï Lavrov à Moscou, le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem a proposé un "échange de prisonniers" et un plan prévoyant "l'arrêt de toutes les actions militaires" dans la région d'Alep (nord).

Les conditions de ce cessez-le-feu restaient encore floues samedi. "Les détails et les mécanismes seront précisés une fois obtenu l'accord des autres parties", a déclaré à l'AFP une source sécuritaire à Damas.

Les promesses de Damas ont connu samedi une première manifestation concrète. Pour la première fois depuis septembre 2013, de l'aide alimentaire a pu entrer dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, dans la banlieue sud de Damas. L'armée du régime assiège ce camp occupé en grande partie par les rebelles depuis des mois.

Conscients des réticences de plus en plus fortes de l'opposition, les membres du groupe des pays "amis de la Syrie" ont multiplié ces derniers jours les initiatives et les déclarations pour les convaincre de participer à la conférence, condition sine qua non de sa crédibilité.

Vendredi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a mis en garde le régime syrien contre toute tentative de "détourner l'objectif" de Genève II.

"Personne ne se fera duper", a assuré M. Kerry, menaçant Damas d'une "réponse beaucoup plus forte" en cas de manoeuvre de diversion.

Samedi, pour la deuxième journée consécutive, la Turquie et le Qatar, mandatés par l'ensemble des parrains occidentaux et arabes de l'opposition, ont réuni à Ankara quatre groupes de combattants rebelles syriens, dont le Front islamique, pour tenter de les convaincre de l'utilité de Genève II, a-t-on appris de source diplomatique.

Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a confirmé samedi à la presse que son pays multipliait les efforts pour faire venir l'opposition syrienne à Montreux.

"Si elle refuse de prendre part à Genève II, une occasion importante sera manquée", a commenté un diplomate turc.

La conférence de Genève II a pour objectif de trouver une solution politique susceptible de mettre fin à la guerre civile en Syrie, qui a fait plus de 130.000 morts et des millions de réfugiés et déplacés depuis mars 2011.

bur-pa/gg

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