Le contre-interrogatoire de Guy Gionet est terminé. Il laissera sa place à la barre, cet après midi, à l'ex-leader syndical et président du C.A de la SOLIM, Jean Lavallée.
Un texte de Bernard Leduc et François Messier
Le Fonds défend le C.A. de la SOLIM
L'avocat du Fonds, Me Sylvain Deslauriers, s'est pour sa part appliqué à défendre l'intégrité des membres du conseil d'administration de la SOLIM dans le dossier du projet 10-35, que Jocelyn Dupuis défendait avec ardeur au nom de son ami Ronnie Beaulieu, une relation des Hells condamné pour prêts usuraires en 2004.
M. Gionet a affirmé que le PDG du Fonds, Yvon Bolduc, avait approuvé cet investissement.
Cette affaire a soulevé une tempête après que Radio-Canada eut révélé que l'argent versé par la SOLIM avait servi à acheter un bar de danseuses nues qu'exploitait M. Beaulieu et le terrain sur lequel il se trouvait. Selon le témoignage de M. Gionet, un prêt hypothécaire de 1,1 million de dollars a été accordé à un prête-nom de M. Beaulieu, Nick Venafro, et une tranche de 900 000 $ a servi à acheter le terrain et le bar.
M. Gionet a soutenu que tous les membres de son conseil d'administration étaient au courant de cette situation. M. Bolduc, a-t-il dit, lui avait simplement donné comme consigne de s'assurer que le Fonds ne puisse être lié au bar ou au terrain. M. Gionet dit qu'il a respecté ces consignes, en ne contractant des prêts hypothécaires que sur un terrain adjacent et sur le centre d'achat Port-Cartier, auquel était lié Beaulieu.
Me Deslauriers a tenté de disculper les administrateurs de la SOLIM en soulignant que le document d'autorisation qui leur a été présenté le 28 mars 2008 ne faisait aucunement mention d'un bar de danseuses. Il a argué que le projet 10-35, ainsi nommé en raison des autoroutes qui bordent le terrain, constituait plutôt en un assemblage de terrains, sur lesquels un centre commercial calqué sur le développement commercial Dix30 à Brossard devait voir le jour.
Le développeur RioCan et Rona avaient d'ailleurs écrit des lettres d'intention à ce sujet, ce qu'a convenu Guy Gionet. Dans la demande d'autorisation, a-t-il dit au témoin, « vous indiquez [...] que pour exercer l'option sur des terrains vacants pour le 10-35, ça coûtait 1,1 M $. Et le prêt que vous faisiez, c'était 1,1 M $. Il n'y avait pas de jeu pour aller acheter le bar ».
« Dans le projet d'acquisition, d'assemblage de terrains, ça comprend le bar. Il y a un bar existant », a répondu Guy Gionet. « Évidemment, le projet était de démolir éventuellement le bar et faire du développement. Au moment de l'acquisition, le bar est là. Il est toujours en opération ».
Me Deslauriers a admis qu'il voulait « corriger l'impression » que le conseil s'était fait présenter un « projet d'achat de bar d'effeuilleuses ». « Quand on y pense, c'était 1,1 M$ pour exercer [...] une option lui permettant de faire un assemblage sur le projet de la 10-35. C'est ça qu'il est important de noter. Je ne vous dis que le bar d'effeuilleuse n'était pas là. »
M. Gionet n'a pas manqué de rappeler qu'en vérité, pour le Fonds, « Le risque réputationnel c'est Ronnie Beaulieu », par les danseuses nues.
Le commissaire Renaud Lachance a souligné à l'instar de Me Deslauriers que la présence du bar était mentionnée dans la convention de prêt, conclue en septembre 2008, ce qui n'était pas le cas dans la demande d'autorisation. Cette situation constitue un « mystère », a-t-il souligné.
« L'enjeu, c'est de savoir si, au moment où on a approuvé l'investissement, est-ce que les gens au conseil d'administration pouvaient penser que l'argent qu'obtenait le promoteur pouvait servir aussi à acheter le bar », a-t-il résumé.
Débat en non-publication en fin de journée
En fin d'après-midi, la commission entendra un débat sur les ordonnances de non-publication différées qui ont été décrétées pour les témoins qui ont été entendus le printemps dernier lors des audiences consacrées à Laval.
La commission avait décidé que tous les témoignages des témoins accusés au terme de l'opération Honorer pouvaient être publics, mais que les médias ne pourraient plus faire référence à leur contenu à partir d'une date à déterminer.
C'est cette date qui fera l'objet du débat.
Lorsque l'interdit de publication entrera en vigueur, les internautes pourront toujours retrouver les articles à ce sujet sur Internet, mais les journalistes ne pourront plus les diriger vers ces articles, y compris avec les réseaux sociaux, ni faire référence à leur contenu.
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