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«Ma vie après le sport»: les lendemains qui déchantent

«Ma vie après le sport»: les lendemains qui déchantent
Courtoisie Tele-Quebec

Alors que tous les yeux seront tournés vers les Jeux olympiques de Sotchi, il sera intéressant, cet hiver, de syntoniser Télé-Québec pour attraper les confidences d’une trentaine de sportifs retraités connus, qui se livrent à cœur ouvert, avec beaucoup de franchise et d’humilité, dans la série documentaire Ma vie après le sport.

Car, si on prend plaisir à regarder nos athlètes performer et triompher, à applaudir leurs prouesses, à rêver pour eux, on soupçonne rarement l’ampleur des séquelles physiques laissées par leurs activités sur leur corps quand leur carrière est terminée. On ne connait rien, non plus, du sentiment de vide et de peur qui s’empare souvent d’eux lorsque vient le temps de rentrer pour une ultime fois au vestiaire et de se retirer. Nos idoles doivent parfois faire face à des lendemains qui déchantent, et c’est dans cette réalité méconnue que s’immisce Ma vie après le sport, qui débutera ce mardi, 7 janvier, à 19h30. Trois réalisateurs, Sarah Fortin, Sophie Bégin et Thomas Rinfret, ont pris place derrière la caméra pour fignoler les 12 épisodes de 30 minutes, et Paul Houde en assure la narration.

Ma vie après le sport analyse les conséquences de l’ancien mode de vie des champions sur leur cheminement à long terme, mais nous permet surtout de renouer avec des visages qui nous ont jadis fait vivre énormément d’émotions et d’apprendre ce qu’ils sont devenus, plusieurs années après leurs moments de gloire. Certains y vont de révélations étonnantes, en dévoilant des faits qu’on ignorait alors qu’ils brillaient au firmament des vainqueurs.

Problèmes de santé

Chaque demi-heure de Ma vie après le sport s’attarde à une thématique particulière. Par exemple, Mélanie Turgeon, Bruno Heppell et Hugo Girard relatent les problèmes de santé qui les ont forcés à mettre un terme à leur passion. Aujourd’hui conférencière et entraineuse, Mélanie Turgeon, qui a été de 150 départs sur le circuit de la Coupe du monde en ski alpin et qui est montée huit fois sur le podium, avait quatre ans lorsqu’elle a chaussé ses skis pour la première fois. La fillette s’était démarquée dans une compétition réservée aux 5-6 ans et y avait remporté la médaille de bronze. À l’adolescence, vers l’âge de 15 ans, elle s’adonnait aux mêmes entraînements que ses aînées de 20 ans. Et son corps s’en est vite ressenti. Des douleurs chroniques au dos lui ont toujours compliqué la vie, jusqu’à ce qu’une chute banale fasse culminer la douleur et l’enjoigne de tout arrêter. La dépression post-carrière et sa crise d’identité qui ont suivis ont duré cinq ans.

De son côté, Bruno Heppell, ancien joueur des Alouettes de Montréal, avoue avoir frissonné intensément à deux reprises, dans sa vie : à la naissance de ses enfants, et lorsqu’il a remporté la Coupe Grey. Mais les multiples coups encaissés sur le terrain, de doigts fracturés en commotions cérébrales, lui ont imposé de reconnaître que son corps était usé. «La première fois que tu te lèves sans aller rejoindre tes boys au vestiaire, c’est dur. Moi, je faisais ça depuis que j’avais 17 ans. C’est dur d’admettre que t’es fini!», lance-t-il. Maintenant commentateur à TVA Sports, il dit avoir réussi son après-carrière. La situation est à peu près similaire pour l’homme fort Hugo Girard, qui en a voulu à la vie de devoir sacrifier le gagne-pain qui le faisait vibrer depuis l’âge de 12 ans. En avril 2005, le colosse a entendu son tendon d’Achille craquer lors d’un championnat aux États-Unis; il croyait alors avoir perçu le son d’un bâton de baseball frapper une balle et avait l’impression que le plancher cédait sous ses pieds. Girard se fait désormais valoir dans le domaine du culturisme, où il est très heureux.

La dépression, un tabou

Parce que, derrière les honneurs, nos héros dissimulent parfois une épaisse carapace, Ma vie après le sport traite aussi de la dépression, un tabou tenace dans le milieu du sport. La jeune fille de 20 ans qu’était Sylvie Bernier lors des Jeux olympiques de Los Angeles, en 1990, a eu beaucoup de mal à s’adapter à son nouveau statut de personnalité publique, lorsqu’elle est descendue de l’avion, médaille d’or au cou. Josée Chouinard a eu l’impression de décevoir un pays en entier quand elle a chuté sur la glace, aux Jeux olympiques de Lillehammer, en 1994 – même si on comprend, à la lumière de son récit, qu’elle a simplement été victime d’une mauvaise suite d’événements -, puis aux championnats canadiens, en 1996. La deuxième fois, c’est là que sa personne a été la plus détruite, soutient-elle. «Je me suis perdue complètement, c’a détruit ma confiance». Maintenant professeure de patin, elle insiste sur le fait que les taquineries, comme cette parodie de Rock et Belles Oreilles la montrant perdant pied, ne l’ont jamais offensée. «Mon pire ennemi, c’était moi», reconnaît Josée Chouinard.

Mais la palme de la confession la plus troublante revient à Stéphane Richer, qui affirme n’avoir jamais savouré les instants de gloire qui ont couronné ses années avec le Canadien de Montréal et ses 50 buts en une saison, en 1987-1988. Un an après son entrée dans la Ligue nationale de hockey, le garçon de 21 ans était déjà une star, avait les femmes à ses pieds et toutes les voitures de luxe qu’il voulait, mais il était malheureux comme les pierres, anxieux, dépressif et subissait des crises de panique. Bien nulle part, il a même songé en finir avec la vie. «Il faut que tu performes, mais j’étais mort en dedans. J’avais peur d’aller au Forum», relate le hockeyeur. À l’époque, il devait composer chaque jour avec des rumeurs qui le disaient drogué, indiscipliné, batailleur, homosexuel. Aujourd’hui, Richer ne se souvient d’à peu près rien lorsqu’il revoit ses buts spectaculaires, la foule qui l’acclame et les images de la Coupe Stanley remportée en 1986. «Je ne l’ai pas vécu. Je n’ai pas de bons souvenirs de ça, alors je n’en parle pas.» Il n’éprouve désormais aucun plaisir à chausser ses patins et reconnaît même ne pas aimer du tout participer aux matchs des anciens qui se tiennent sporadiquement.

Parmi les autres témoignages à ne pas manquer, notons celui d’Annie Pelletier, qui reviendra, un peu amère, sur son passage comme animatrice à la télévision en 1997, et celui d’Étienne Boulay, qu’on suivra pas à pas pendant la conférence de presse de l’annonce de sa retraite du football, l’été dernier.

Ma vie après le sport, le mardi à 19h30, à Télé-Québec, à compter du 7 janvier 2014. Des athlètes seront en ligne sur le site web de la chaîne pendant et après la diffusion des épisodes, pour clavarder avec le public.

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