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La prise de Fallouja illustre la résurgence d'Al-Qaïda en Irak

La prise de Fallouja illustre la résurgence d'Al-Qaïda en Irak

La prise d'une grande ville irakienne par des combattants liés à Al-Qaïda illustre la résurgence du réseau extrémiste dans un pays de plus en plus instable, qui craint de revivre les heures sombres de l'insurrection anti-américaine.

Au faîte de leur influence dans les années qui ont suivi l'invasion américaine de 2003, les fidèles d'Al-Qaïda en Irak ont subi de sérieux revers, en particulier après que les Etats-Unis ont réussi à rallier les tribus sunnites à partir de la fin 2006.

Mais la dernière incarnation du réseau dans le pays, l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), a réussi un retour fracassant. Le groupe est devenu une force majeure dans le conflit syrien, tout en menant en Irak des attentats sanglants ou des assauts audacieux contre des prisons.

"L'EIIL a réussi à tirer profit de ses réseaux et de ses capacités en Irak pour avoir une présence forte en Syrie, et il a utilisé sa présence en Syrie pour renforcer ses positions en Irak", explique Daniel Byman, un expert au Brookings Institution's Saban Center for Middle East Policy.

L'EIIL a franchi cette semaine un nouveau pallier en s'emparant de Fallouja et de plusieurs quartiers de Ramadi, des villes situées respectivement à 60 et 100 km à l'ouest de Bagdad.

Les autorités ont reconnu samedi que Fallouja était entièrement contrôlée par l'EIIL, dont les combattants patrouillaient les rues après avoir proclamé vendredi que la ville était désormais "un Etat islamique".

Les combats ont commencé lundi à Ramadi, quand les forces de sécurité ont démantelé le principal campement de protestation sunnite du pays, qualifié par les autorités de repaire d'Al-Qaïda, et se sont rapidement étendus à Fallouja.

Les forces de sécurité se sont retirées des deux villes, anciens bastions de l'insurrection anti-américaine, laissant le champ libre aux insurgés.

Selon des bilans fournis par les autorités, les combats entre EIIL d'une part et forces de sécurité et tribus d'autre part ont fait plus de 160 morts, essentiellement des combattants de l'EIIL, pour les seules journées de vendredi et samedi.

"Cela fait quelque temps que (l'EIIL) gagne en puissance, en contrôle du territoire et en influence à Anbar", rappelle Charles Lister, un expert au Brookings Doha Center.

"Ses objectifs dépassent largement l'Irak, mais son projet transnational d'établir un Etat islamique dans tout le Levant ne peut se faire qu'en assurant d'abord son contrôle sur une série de mini-Etats", ajoute-t-il.

"Dans le contexte irakien, les provinces d'Anbar et aussi de Ninive sont d'une importance cruciale en raison de leurs liens directs avec l'est de la Syrie", précise-t-il.

Le porte-parole du ministère irakien de la Défense, Mohamed al-Askari, a lui aussi insisté sur l'importance du lien avec la Syrie.

Des photos aériennes et d'autres informations laissent penser que "des armes et des équipements modernes sont arrivés de Syrie" à Anbar et Ninive, encourageant les insurgés à reconstruire d'anciens camps, a-t-il expliqué.

Les forces irakiennes ont récemment mené des opérations contre des camps d'Al-Qaïda dans l'ouest du pays.

Pour John Drake, un expert en questions de sécurité pour AKE Group, la situation à Anbar "est comparable aux heures noires du plus fort de l'insurrection" post-2003.

Mais si l'EIIL peut gagner en crédibilité en prenant le contrôle de territoires, cette stratégie comporte des risques à long terme.

"Il va devoir avancer très prudemment s'il veut éviter de provoquer à nouveau la colère de la population locale", explique M. Drake, en rappelant que c'est d'abord la brutalité des insurgés qui a poussé les combattants des tribus à se retourner contre eux fin 2006.

"L'EIIL a montré qu'il pouvait frapper vite et fort", estime Michael Knights, expert au Washington Institute for Near East Policy. "Mais la force croissante de l'EIIL pourrait aussi nuire à l'organisation, parce que les batailles ouvertes dans des zones urbaines sont un point fort du gouvernement".

Pour lui, tout dépendra de la stratégie de Bagdad: "Si le gouvernement irakien en profite pour relancer l'alliance avec les tribus, Al-Qaïda pourrait subir un sérieux revers. Si le gouvernement met les tribus sunnites sur la touche et poursuit son approche brutale, Al-Qaïda pourrait se renforcer considérablement".

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