Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

La saga de l'Antarctique se poursuit: un second navire piégé par les glaces

La saga de l'Antarctique se poursuit: un second navire piégé par les glaces

Les glaces de l'Antarctique ont piégé samedi un second navire, le brise-glace chinois qui s'était porté au secours des passagers d'un navire russe, un nouvel épisode dans cette saga de l'enfer blanc qui suscite la colère des scientifiques.

Le Xue Long (Dragon des neiges), pourtant équipé pour se frayer un passsage dans les glaces les plus épaisses, s'est à son tour retrouvé prisonnier de la banquise, victime de l'environnement extrême du continent blanc.

"Le Xue Long a confirmé qu'il était encerclé par les glaces", ont déclaré samedi les autorités australiennes de secours en mer (Amsa) dans un communiqué.

Le brise-glace chinois avait fourni son hélicoptère pour participer au sauvetage des passagers du MV Akademik Chokalskiï, un navire russe bloqué depuis le 24 décembre par la banquise.

Mais, samedi, toutes ses tentatives pour manoeuvrer et échapper au piège de la glace ont échoué. Le navire chinois a toutefois fait savoir qu'il ne souffrait d'aucune avarie, qu'il était en sécurité et qu'il ne demandait pas d'assistance.

"Il n'y a aucun danger immédiat pour l'équipage à bord du Xue Long", a assuré l'AMA, précisant que le navire disposait de vivres pour plusieurs semaines.

Des journalistes de l'agence de presse officielle chinoise Chine Nouvelle, présents à bord du Xue Long, ont rapporté que le navire était bloqué depuis vendredi par un iceberg à la dérive, long d'un kilomètre.

Le capitaine Wang Jianzhong a indiqué que les glaces flottantes et la position constamment changeante de l'iceberg, qui s'approche parfois jusqu'à 1,2 mille nautique (2,2 km) du navire, rendaient toute opération de dégagement très complexe, selon Chine Nouvelle.

Le Xue Long ne tentera de libérer le passage que lorsque l'iceberg se sera éloigné, alors que le Premier ministre chinois Li Keqiang a appelé l'équipage à la prudence.

L'hélicoptère du Xue Long a servi à évacuer 52 scientifiques, touristes et journalistes australiens, britanniques et néo-zélandais coincés à bord de l'Akademik Chokalskiï à environ 100 milles marins (180 kilomètres) à l'est de la base française Dumont d'Urville.

Ils ont été transportés à bord d'un navire australien, l'Aurora Australis, dans des conditions périlleuses, les glaces se déplaçant rapidement au gré du vent et des courants.

Auparavant, les secours australiens avaient dérouté d'autres brise-glaces, dont l'Astrolabe français, sans succès, l'épaisse banquise se révélant infranchissable.

L'Aurora Australis va maintenant rejoindre la base australienne de Casey pour faire le plein de carburant avant de mettre le cap sur l'Australie, a indiqué samedi l'Autorité maritime australienne.

La mésaventure du Xue Long illustre les dangers de la navigation en Antarctique et la complexité des interventions de secours.

L'opération menée autour du navire russe "était assez difficile", a confirmé vendredi John Young, directeur général de l'Autorité australienne de secours en mer (Amsa).

"Il ne faudrait pas que ce soit trop souvent aussi loin. Toutes les opérations (de sauvetage) en Antarctique sont délicates à cause de la nature du milieu et dans ce cas particulier en raison du mouvement de la glace et des conditions météo changeantes", avait-il ajouté.

La question se pose désormais de savoir qui va supporter le coût des opérations de secours.

"Les leçons tirées de ces expériences peuvent être transmises à l'Organisation maritime internationale pour édicter des règles encadrant les opérations polaires", a fait valoir John Young.

Avant d'être pris dans la banquise, le bâtiment se trouvait dans une zone où les bateaux peuvent normalement circuler à cette époque de l'année, mais un brusque changement des conditions météo l'a poussé vers les glaces.

L'opération de secours a eu des conséquences pour les programmes de recherche dans l'Antarctique, a affirmé Yves Frenot, directeur de l'Institut polaire français (Ipev).

L'Astrolabe a ainsi dû supprimer une campagne océanographique de deux semaines.

"Mais nous avons été relativement chanceux. Les Chinois ont été contraints d'annuler toutes leurs expériences, et mon homologue australien est vert de rage parce que toute sa saison d'été est foutue", a-t-il dit.

L'Aurora a été forcé de suspendre sa mission d'approvisionnement de la base australienne pour venir en aide au navire russe mais les autorités ont affirmé ne pas encore savoir quel sera l'impact sur les programmes scientifiques.

"Ces opérations vont inévitablement réduire une saison déjà courte", a déclaré vendredi Jason Mundy, directeur du Département australien de l'Antarctique.

Les passagers du navire russe reproduisaient l'expédition menée dans l'Antarctique il y a un siècle (1911-1914) par l'explorateur australien Sir Douglas Mawson. "Ce genre d'expédition commémorative n'a aucun intérêt d'un point de vue scientifique", a estimé Yves Frenot.

mfc/bp/sls/gab/ob/ml/pt

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.