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Jagwar Ma: l'euphorie psychédélique entre Manchester et Sydney

Jagwar Ma: l'euphorie psychédélique entre Manchester et Sydney

Entre Kanye West et Arcade Fire, le duo australien Jagwar Ma s'est régulièrement hissé en tête des classements des meilleurs disques de 2013, avec "Howlin'", un premier album ressuscitant le psychédélisme joyeux des années 90.

"Sur un premier album où se croisent la dance et les guitares, l'électro et le surf, les Happy Mondays et les Beach Boys, le duo australien découvre la recette du bonheur : il suffit de mélanger le tout et de secouer fort", s'est enthousiasmé le magazine Les Inrockuptibles.

"Délicieux alliage épicurien", "un psychédélisme qui fait festoyer tous les genres", s'est réjoui Le Monde.

Pour nombre de critiques, le duo a retrouvé sur son premier album, paru à l'automne, l'esprit euphorique de "Madchester".

Cette scène musicale née à la fin des années 80 à Manchester a été l'une des premières à marier la pop et la musique électronique, la culture des clubs et celle des concerts rock, avec des groupes comme les Stone Roses, Happy Mondays ou Primal Scream.

"Ca revient souvent au cours des interviews, mais pour nous ça n'a rien d'étonnant. La plupart des musiciens de notre génération ont des goûts très variés. C'est normal pour un musicien électro de faire partie d'un groupe et il y a beaucoup de croisements entre sous-cultures", explique à l'AFP Jono Ma, un des membres du duo.

Comme une illustration de ces propos, les deux Australiens déballent les vinyles qu'ils viennent de dénicher chez un disquaire parisien : "Paul's Boutique" des Beastie Boys, Prodigy, Stockhausen et une compilation de musique électronique française des années 70.

Tous deux membres de la petite scène musicale de Sydney, Jono Ma et Gabriel Winterfield se sont liés d'amitié à partir d'une passion commune pour le "Castle made of sand" de Jimi Hendrix et les films de Bruce Lee.

"Je travaillais sur des morceaux électro, qui avaient un élément R'n'B, soul mais qui étaient comme en deux dimensions. Il leur manquait une touche humaine", raconte Jono, dont le frère Dave s'est fait remarquer en réalisant les vidéos du groupe anglais Foals.

"Gabe, lui, avait des démos très inspirées par la pop des 60's, avec un son garage, des références aux Kinks et aux Beach Boys", poursuit-il.

"Dès que j'ai commencé à lui faire écouter ce qui allait devenir +Come Save me+ (leur premier tube, ndlr), il s'est mis à chanter dessus et c'était exactement ce qui manquait à la chanson. Instinctivement, je l'ai remixé pour lui donner un côté plus électronique", se souvient-il.

"Come Save Me" débute "comme une chanson pop classique puis descend progressivement dans un environnement plus +club+. On aimait ce voyage et c'est devenu notre marque de fabrique", explique le musicien.

Cette dimension psychédélique, le fait de transporter l'auditeur "ailleurs", déjà très présent chez leurs compatriotes de Tame Impala, "est une bonne ambition à avoir quand on fait de la musique", estime-t-il.

"Quiconque a écouté un super DJ ou vu un grand concert connaît cette sensation de se perdre dans la musique. C'est étrange: plus vous vous perdez mentalement, plus votre corps prend le contrôle et vous commencez à danser ou, dans notre cas, jouer comme jamais vous ne vous en seriez cru capable", dit-il.

"C'est exactement ce que décrit Haruki Murakami quand il parle de marathon et de la façon dont la musique l'aide, ajoute Gabriel Winterfield. Quand vos pieds, votre souffle et votre coeur sont sur le même rythme, que vous ne pensez plus, c'est que vous êtes sur le bon tempo".

ber/dab/alc/abk

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