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Fin de la saga des Ouïgours de Guantanamo, avec trois derniers transfèrements

Fin de la saga des Ouïgours de Guantanamo, avec trois derniers transfèrements

Innocentés depuis longtemps mais condamnés à croupir en prison faute de pays d'accueil et risquant des persécutions dans leur pays, la Chine, les trois derniers Ouïgours détenus à Guantanamo ont finalement été transférés en Slovaquie.

Ce transfèrement met fin à une saga de plus de douze ans pour ces ressortissants chinois, membres d'une minorité turcophone et de confession musulmane originaire du Xinjiang (nord-ouest de la Chine), incarcérés dans l'enclave militaire américaine de Cuba.

Longtemps considérés par les Américains comme membres du Mouvement islamique du Turkestan oriental (ETLM), un mouvement séparatiste ouïgour accusé de terrorisme par Pékin, ils ont été blanchis de tout lien terroriste depuis 2008.

Les trois ex-détenus sont Yusef Abbas, 38 ans, Saidullah Khalik, 26 ans, et Hajiakbar Abdul Ghuper, 39 ans, selon le Pentagone qui a annoncé leur transfèrement mardi, en précisant que celui-ci s'était effectué sur une base "volontaire".

"Ils sont déjà en Slovaquie. Ils se trouvent actuellement dans un camp pour immigrés, ils apprennent le slovaque et se préparent pour une nouvelle vie", a de son côté déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère slovaque de l'Intérieur, Ivan Netik, selon qui les autorités leur cherchent du travail.

Brastilava avait déjà accueilli en 2010 trois prisonniers de Guantanamo, originaires d'Egypte, d'Azerbaïdjan et de Tunisie.

"Les Etats-Unis remercient le gouvernement slovaque pour ce geste humanitaire et sa volonté de soutenir les efforts américains en vue de fermer la prison de Guantanamo", a affirmé le porte-parole du Pentagone John Kirby dans un communiqué.

"Ce transfèrement et cette relocalisation constituent une étape importante dans nos efforts pour fermer la prison de Guantanamo", a-t-il ajouté.

Selon l'envoyé spécial du département d'Etat pour la fermeture de Guantanamo, Clifford Sloan, Washington et Bratislava ont commencé à coopérer sur l'accueil en Slovaquie de détenus ouïgours en 2009.

"Les 22 Ouïgours de Guantanamo sont maintenant établis dans six pays différents", rappelle-t-il.

Cela n'a pas été une mince affaire. Un renvoi en Chine était hors de question malgré les demandes de Pékin, en raison des risques de persécutions, et les pays tiers ne se bousculaient pas pour les accueillir de peur de froisser la Chine.

L'Albanie en a finalement recueilli cinq en 2006 --un d'entre eux est devenu pizzaiolo à Tirana--, l'archipel de Palau six et les Bermudes quatre en 2009, tandis que deux autres se sont retrouvés en Suisse en 2010, puis deux au Salvador en 2012.

Un porte-parole du bureau de M. Sloan s'exprimant sous couvert d'anonymat a précisé que différents pays avaient été approchés pour accueillir les trois Ouïgours. "C'est une tâche ardue de trouver un lieu d'accueil pour toute personne de Guantanamo mais les Ouïgours ont représenté un cas particulièrement complexe", a-t-il confié à l'AFP, en allusion aux pressions chinoises.

Les trois détenus transférés en Slovaquie, ainsi que ceux transférés au Salvador, avaient d'abord tenté sans succès d'être transférés aux Etats-Unis et de s'y installer. Mais la Cour suprême américaine y avait opposé une fin de non-recevoir en avril 2012 et le Congrès interdit tout transfèrement de détenus de Guantanamo sur le sol américain.

L'annonce de leur transfèrement intervient au lendemain d'une nouvelle explosion de violence au Xinjiang, au cours de laquelle neuf personnes ont lancé une "attaque terroriste" contre un commissariat, selon les autorités chinoises. Une vague de violences sans précédent avait secoué la capitale régionale Urumqi en 2009, faisant près de 200 morts et 1.600 blessés. Mais les incidents se sont également multipliés cette année, faisant des dizaines de morts.

A Guantanamo, les transfèrements se sont accélérés depuis un mois, avec le retour dans leur pays de deux Algériens --contre leur gré--, de deux Saoudiens et de deux Soudanais.

Aujourd'hui, 155 détenus sur les 779 envoyés à l'origine à Guantanamo restent incarcérés dans l'enclave américaine à Cuba. Quelque 76 d'entre eux, dont 55 Yéménites, sont considérés comme libérables. Après avoir durci les conditions des transfèrements à des pays tiers, le Congrès a assoupli en décembre sa position, donnant plus de latitude au président pour en ordonner.

mra-jkb/are

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