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Violences et démissions en Irak après la destruction d'un camp de protestataires

Violences et démissions en Irak après la destruction d'un camp de protestataires

Les forces irakiennes de sécurité ont détruit lundi le plus important campement de protestataires anti-gouvernementaux du pays à Ramadi (ouest), provoquant des affrontements meurtriers et la démission de 44 députés.

Cette opération risque d'attiser la colère de la communauté sunnite, minoritaire dans le pays mais majoritaire dans cette région, qui estime que les autorités, dominées par les chiites, abusent à son encontre de l'arsenal légal anti-terroriste.

Signe de la tension, 44 députés ont annoncé leur démission lundi soir lors d'une conférence de presse télévisée, pour dénoncer l'opération des forces de l'ordre et l'arrestation d'un député sunnite au cours d'un raid meurtrier samedi à Ramadi.

En avril, une opération similaire contre un autre campement de protestataires sunnites à Hawijah (nord) avait provoqué des affrontements qui avaient fait des dizaines de morts et relancé une vague d'attaques de représailles.

A Ramadi, située à une centaine de kilomètres à l'ouest de Bagdad, des mosquées ont appelé les fidèles à "aller faire la guerre sainte", et des hommes armés ont pris dans certaines rues la place des forces de sécurité, plutôt visibles aux abords de la ville. En fin d'après-midi, des affrontements sporadiques résonnaient encore.

Sur le site du campement de protestataires sunnites qui bloquait l'autoroute depuis un an et que le gouvernement qualifiait désormais de repaire d'Al-Qaïda, la police a détruit les tentes et rouvert la route, a assuré dans l'après-midi Ali Moussawi, le porte-parole du Premier ministre Nouri al-Maliki.

L'opération a été menée "sans aucune perte, après qu'Al-Qaïda et ses membres se sont échappés du camp", a-t-il ajouté.

A l'hôpital de Ramadi, le docteur Ahmed al-Ani a évoqué un bilan de 10 morts et 30 blessés parmi les activistes.

Les violences ont aussi gagné la ville de Falloujah, à mi-chemin entre Ramadi et Bagdad, où des affrontements ont éclaté entre les forces de l'ordre et des activistes qui ont incendié plusieurs véhicules militaires, selon un officier de police.

Un médecin a fait état de 10 blessés parmi les insurgés de cette ville qui fut l'un des hauts lieux de l'insurrection après l'invasion américaine de 2003.

La télévision publique Iraqiya a assuré que le démantèlement du campement près de Ramadi faisait suite à un accord entre les forces de sécurité, des chefs religieux et des responsables tribaux.

La chaîne a également cité le chef de la police de la province d'Anbar --dont Ramadi est le chef-lieu-- affirmant que deux voitures piégées et d'autres explosifs avaient été retrouvés sur le site.

Le 22 décembre, M. Maliki avait qualifié le camp de "quartier général d'Al-Qaïda" et avait appelé les protestataires -- qui étaient toujours de plusieurs centaines à quelques milliers -- à partir dans "un délai très court".

Samedi, Ahmed al-Alwani, un député sunnite qui était venu plusieurs fois soutenir les manifestants, a été arrêté à son domicile à Ramadi, au prix d'un raid ayant coûté la vie à son frère et à cinq gardes.

Selon l'armée, ce raid visait en premier lieu le frère du député, soupçonné de terrorisme. Mais l'opération a provoqué la colère de centaines de sunnites, qui ont défilé armés à Ramadi et à Falloujah.

Fin décembre 2012, le mouvement de protestation sunnite avait débuté à la suite d'une opération similaire, l'arrestation pour des soupçons de terrorisme des gardes d'un influent homme politique sunnite, Rafeh al-Issawi, alors ministre des Finances.

La communauté sunnite s'estime discriminée et dénonce une campagne de "répression" de la part du gouvernement dominé par les chiites. Et cette colère a été un facteur clé dans la récente escalade des violences en Irak.

Si le gouvernement a fait certaines concessions, avec la libération de détenus et une hausse des salaires des miliciens sunnites anti-Al-Qaïda, il n'a pas répondu au coeur du problème, selon de nombreux experts.

Le pays a renoué avec les niveaux de violences de 2008, lorsqu'il sortait tout juste d'une guerre confessionnelle sanglante. Depuis le début de l'année, plus de 6.750 personnes sont mortes en Irak, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources médicales et sécuritaires.

Lundi, ces violences ont encore fait 17 morts dans le reste du pays, dont huit membres des forces de sécurité tués dans des attaques.

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