Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Irak: heurts meurtriers pendant le démantèlement d'un camp de protestataires

Irak: heurts meurtriers pendant le démantèlement d'un camp de protestataires

Les forces de sécurité irakiennes ont commencé lundi à démanteler le plus important campement de protestataires anti-gouvernementaux en Irak, donnant lieu à des heurts meurtriers à Ramadi où des mosquées ont appelé à la guerre sainte.

Ces violences risquent de renforcer la colère de la communauté sunnite, minoritaire en Irak, qui proteste depuis un an contre les discriminations dont elle se dit victime de la part du gouvernement central.

Près du site du campement, à Ramadi, une localité située à 380 km à l'ouest de Bagdad, un journaliste de l'AFP a vu le corps d'une personne morte et de dix blessés dans les heurts.

Le reporter ne pouvait accéder au campement, mais voyait des forces de sécurité déployées en nombre à proximité, tandis que des hélicoptères tiraient sur la zone.

Un peu plus tôt, la télévision d'Etat Iraqiya avait annoncé que "des policiers locaux étaient en train de démonter les tentes du sit-in", affirmant que cette opération intervenait après un accord conclu entre les forces de sécurité, des chefs religieux et des cheikhs tribaux.

Alors que les heurts faisaient rage, des mosquées de Ramadi appelaient "à participer au jihad", la guerre sainte. Deux véhicules de sécurité ont été incendiés et des hommes armés se sont emparés d'un troisième, selon le journaliste de l'AFP.

Des membres de la communauté sunnite tiennent depuis un an ce sit-in qualifié par le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki de "Quartier général d'Al-Qaïda".

Il a été installé au début d'un mouvement de protestation de la communauté sunnite qui perdure aujourd'hui. La colère de cette communauté avait été déclenchée par l'arrestation des gardes du ministre des Finances d'alors, Rafeh al-Issawi --un influent homme politique sunnite--, accusés de "terrorisme".

La communauté sunnite estime faire l'objet de discriminations et d'une campagne de "répression" de la part du gouvernement dominé par les chiites.

M. Maliki avait appelé le 22 décembre les protestataires à lever leur sit-in.

"Je dis clairement (...) que le site du sit-in dans (la province d'al-) Anbar s'est transformé en un QG pour les chefs d'Al-Qaïda", avait-il affirmé, appelant "ceux qui sont sur place (...) à quitter cet endroit et à y laisser Al-Qaïda seul".

Il avait ajouté que les protestataires avaient "un délai très court" pour partir, sans donner de détails.

Samedi, un député sunnite connu pour son soutien aux manifestants anti-gouvernement, Ahmed al-Alwani, avait été arrêté à son domicile dans le centre de Ramadi, au prix d'un raid ayant coûté la vie à son frère et à cinq gardes.

Ce raid visait en premier lieu le frère du député, soupçonné de terrorisme, selon l'armée. A Ramadi et Falloujah, une autre ville à l'ouest de Bagdad, des centaines de personnes avaient défilé le jour même, certains portant des armes automatiques, pour dénoncer cette arrestation.

La dernière plus importante opération contre des protestataires remontait au 23 avril. Les forces de sécurité avaient alors lancé un assaut contre un camp de manifestants sunnites près de Houweijah (nord), donnant lieu à des heurts qui avaient fait des dizaines de morts.

La colère de la communauté sunnite a été un facteur clé dans l'escalade des violences cette année en Irak, stimulant le recrutement chez les groupes insurgés.

Si le gouvernement a fait certaines concessions, comme la libération de détenus et l'augmentation de salaires de combattants anti-Al-Qaïda, il n'a pas répondu au coeur du problème, selon les analystes.

Depuis le début de l'année, plus de 6.750 personnes sont mortes en Irak, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources médicales et sécuritaires.

Le pays a renoué avec les niveaux de violences de 2008, lorsqu'il sortait tout juste d'une guerre confessionnelle sanglante.

str-sf/wd/faa/cco

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.