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En pleine canicule, Buenos Aires souffre des coupures de courant

En pleine canicule, Buenos Aires souffre des coupures de courant

Buenos Aires est confrontée à la pire canicule depuis 1970 : la température oscille entre 30 et 40 degrés depuis deux semaines, les climatiseurs tournent à plein régime et le pic de consommation génère des coupures de courant, un cauchemar dans certains quartiers.

Excédés par les pénuries d'électricité, des centaines d'habitants ont manifesté lundi sous un soleil ardent puis à la tombée de la nuit, provoquant un cacerolazo (concert de casseroles revendicatif, ndlr).

Dans différents quartiers de la capitale, et dans sa périphérie sud, les manifestants ont dressé des barrages et brûlé des pneux de voitures pour empêcher le passage de voitures. Les piquets de grève ont paralysé lundi le trafic routier de l'agglomération-capitale.

La pénurie d'électricité génère également une querelle politique. L'opposition incrimine le contrôle des tarifs de l'électricité imposé par le gouvernement, qui, lui, pointe la responsabilité des fournisseurs.

Lundi, des immeubles étaient privés d'électricité depuis plus d'une semaine. Les occupants devaient se passer des ascenseurs, réfrigérateurs, ventilateurs ou appareils de climatisation, la chaleur devenant suffocante.

D'après le gouvernement, entre 1 et 3% des foyers de la capitale sont touchés par cette pénurie de courant, une estimation contestée par l'opposition.

Les techniciens des distributeurs Edenor et Edesur tentent de réparer lignes, compteurs et transformateurs d'un réseau obsolète, mais les pannes ont un temps d'avance.

"C'est intenable, il fait plus de 30 degrés dans mon appartement et sans électricité, plus d'ascenseur, ni d'eau. Et comme j'habite au 7e étage, c'est l'enfer. Il ne nous reste plus qu'à prier pour que la lumière revienne", lance Agustina Lopez, résidente de la banlieue sud de Banfield, qui doit monter les escaliers à pied avec une poussette et son fils de 3 ans dans les bras.

Martin Farao, 43 ans, a quitté son appartement de Caballito pendant 48 heures, de jeudi à samedi, pour se réfugier chez ses parents. "Je me suis réveillé et il n'y avait plus de courant, pas d'eau pour se laver, on a même dû jeter les restes de Noël faute de réfrigérateur. J'ai dit à ma femme +on prend nos affaires et on s'en va d'ici+, il faisait entre 30 et 35 degrés à l'intérieur. Tu ne peux pas vivre sans ventilateur ou climatisation", confie cet employé d'une assurance santé.

Face au mécontentement croissant, le gouvernement et la mairie de la capitale se rejettent mutuellement la faute.

Samedi, le maire conservateur de Buenos Aires Mauricio Macri avait décrété l'état d'urgence énergétique.

Le chef du gouvernement de centre-gauche Jorge Capitanich a, lui, pointé lundi un doigt accusateur sur Edenor (ex-EDF) et Edesur (Endesa), les deux distributeurs privés d'électricité qui alimentent les 13 millions d'habitants de l'agglomération-capitale.

La production est "excellente" mais "la responsabilité première et principale des problèmes d'alimentation sont les entreprises", a-t-il déclaré alors que les critiques s'abattent sur le gouvernement.

De son côté, Mauricio Macri a proposé de "modifier le fuseau horaire afin d'économiser de l'énergie". Cette proposition a été accueillie fraîchement par le ministre de la Planification fédérale Julio De Vido pour qui "le changement apporterait plus de bouleversements que de bénéfices".

Les opposants critiquent une politique tarifaire de l'Etat qui étrangle les entreprises distributrices qui n'ont plus de marge de manoeuvre économique pour se lancer dans des améliorations coûteuses du réseau.

Pour Emilio Apud, ancien ministre argentin de l'Energie (2001), le problème est à imputer "pour 20% à la production et 80% au réseau de distribution" en piteux état.

"L'Etat a décidé de geler les prix de l'électricité en 2002. Mais en 10 ans, le tarif de l'électricité a augmenté de 140%, alors que le coût de production et distribution a bondi de 1.000%, car la demande a augmenté de 65% dans l'intervalle", rappelle-t-il.

Une famille de classe moyenne vivant dans un appartement de plus de 100 m2 d'un quartier excentré de la capitale doit payer 440 pesos (50 euros) pour deux mois de consommation, mais la facture bimestrielle d'électricité stipule une subvention de l'Etat de 303 pesos (34 euros), indiquant que l'opérateur reçoit 746 pesos (84 euros).

"Nous avons les tarifs les plus bas du monde. Il faudrait multiplier le tarif par 9 ou 10. Le faible coût de l'électricité promeut une consommation irresponsable et cela aboutit à cette catastrophe", soutient l'ancien ministre.

En 2005, la française EDF a cédé 65% de ses parts dans Edenor, premier distributeur d'électricité en Argentine, faute de pouvoir augmenter ses tarifs.

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