Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Des journalistes d'Al-Jazeera arrêtés en Egypte

Des journalistes d'Al-Jazeera arrêtés en Egypte

La police secrète égyptienne a arrêté deux journalistes de la chaîne Al-Jazeera, un Australien et un Egypto-canadien, soupçonnés d'avoir diffusé illégalement des informations portant atteinte à la "sécurité nationale", a annoncé lundi le ministère de l'Intérieur.

La chaîne satellitaire basée au Qatar a confirmé ces arrestations et ajouté que la police retenait également deux autres de ses employés.

Des officiers de la Sécurité nationale ont perquisitionné dimanche leur bureau improvisé installé dans un hôtel du Caire, arrêté les deux reporters et confisqué leur matériel, a expliqué le ministère dans un communiqué.

Le texte ne donne pas l'identité des deux journalistes, indiquant seulement que l'un est "membre des Frères musulmans", la confrérie du président Mohamed Morsi destitué par l'armée, et l'autre de nationalité australienne.

Selon l'antenne anglophone d'Al-Jazeera, il s'agit du chef du bureau du Caire, l'Egypto-canadien Mohamed Adel Fahmy et de l'Australien Peter Greste. La chaîne ajoute qu'avec eux sont retenus le producteur Baher Mohamed et le caméraman Mohamed Fawzi.

Les journalistes "ont diffusé en direct des informations portant atteinte à la sécurité nationale", a affirmé le ministère de l'Intérieur, ajoutant qu'ils avaient été trouvés en possession de "publications" des Frères musulmans.

Ces arrestations surviennent quelques jours après que les autorités ont déclaré la confrérie "organisation terroriste". Quiconque est trouvé en possession de publications ou d'enregistrements diffusés par les Frères musulmans est désormais passible de peines allant jusqu'à cinq ans de prison.

Peter Greste, un ancien journaliste de la BBC, a remporté le prix Peabody en 2011 pour un documentaire sur la Somalie. M. Fahmy, qui a travaillé pour CNN, est un journaliste renommé au Caire, sans lien connu avec les Frères musulmans.

Les autorités installées début juillet par l'armée après l'éviction du premier président élu démocratiquement d'Egypte, accusent Al-Jazeera de soutenir les Frères musulmans, et ses filiales en Egypte ont fait les frais de l'implacable répression menée contre la confrérie, qui a remporté toutes les élections depuis la chute du président Hosni Moubarak début 2011.

La chaîne a condamné lundi ces "arrestations arbitraires", demandant la libération "immédiate et sans condition" des journalistes. Elle a en outre dénoncé des "intimidations" et "un harcèlement des forces de sécurité égyptiennes (...) qui ont saisi nos équipements et perquisitionné nos bureaux alors qu'il ne nous est pas officiellement interdit de travailler" dans le pays.

Plusieurs journalistes d'Al-Jazeera sont actuellement détenus, dont Abdallah Elshami, arrêté le 14 août alors qu'il couvrait la dispersion dans un bain de sang de rassemblements pro-Morsi au Caire.

Le gouvernement a déclaré les Frères musulmans "organisation terroriste" la semaine passée après un attentat suicide à la voiture piégée contre la police ayant fait 15 morts, pourtant condamné par la confrérie et revendiqué par des jihadistes sans lien connu avec les Frères musulmans.

Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), l'Egypte est le troisième pays le plus meurtrier pour la presse en 2013, derrière la Syrie et l'Irak.

"En pleine situation de polarisation politique aigüe qui a donné lieu à des violences dans les rues, les choses se sont détériorées considérablement pour les journalistes en Egypte", estime le CPJ dans un rapport qui dénombre six journalistes tués dans le pays, dont trois durant la seule journée du 14 août.

Depuis 1992, le CPJ dit avoir recensé 10 journalistes tués en Egypte, "dont neuf depuis que les manifestations anti-gouvernementales ont commencé" lors de la révolte du début 2011.

se/cco/sbh/cnp/faa

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.