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Chine: bond de l'endettement des gouvernements locaux à 2.100 milliards EUR

Chine: bond de l'endettement des gouvernements locaux à 2.100 milliards EUR

L'endettement des gouvernements locaux chinois s'établissait fin juin à 17.900 milliards de yuans (2.100 milliards d'euros), un bond de 67% en deux ans et demi, selon un audit national, un emballement que Pékin cherche désormais à endiguer.

Ce chiffre comprend l'ensemble des dettes, garanties pour des crédits et autres engagements financiers contractés par les provinces, districts et municipalités, a précisé la Cour des comptes chinoise dans un rapport publié lundi.

L'endettement des gouvernements locaux ne représentait que 10.700 milliards de yuans fin 2010, selon le dernier audit réalisé dans le pays.

L'ensemble de la dette publique chinoise, des gouvernements locaux et central (mais sans inclure les garanties de crédit et autres), atteignait fin juin 20.700 milliards de yuans (2.460 milliards d'euros), une hausse d'environ 8% par rapport à fin 2010, a également indiqué la Cour des comptes.

Pékin affirme régulièrement que le niveau d'endettement dans le pays reste "sous contrôle", mais l'emballement des dettes locales, parallèlement à une envolée du crédit dans le secteur privé, avait provoqué des vives inquiétudes des experts.

Témoin de leurs préoccupations, les autorités avaient elles mêmes lancé fin juillet un audit "urgent" de l'ensemble des structures gouvernementales.

Les résultats sont en ligne avec les estimations publiées précédemment par plusieurs banques et analystes, qui mettaient en garde contre l'impact de cet endettement sur la croissance de la deuxième économie mondiale.

Soucieux de gonfler à tout prix l'activité face à une conjoncture morose, les autorités locales ont emprunté de vastes sommes, les investissant dans de grands projets d'infrastructures -- parfois déconnectés de l'économie réelle.

Pour ce faire, l'endettement était un choix par défaut: la majorité des impôts collectés vont au gouvernement central et la vente de terrains immobiliers est la seule grande source de revenus, mais de facto limitée, à la disposition des gouvernements locaux.

En conséquence, l'accroissement des dettes publiques "a été bien plus rapide que la croissance économique du pays ces deux dernières années", a observé Lu Ting, analyste de Bank of America Merrill Lynch.

En incluant l'ensemble des garanties apportées pour des crédits et autres engagements, l'endettement public total en Chine "avoisine les 50 ou 55% du Produit intérieur brut (PIB)" --un ratio encore modéré parmi les grandes économies mondiales mais qui représente une forte hausse depuis 2010--, relèvent les experts de la banque australo-néozélandaise ANZ.

Cependant, "la Chine n'est pas au bord d'une crise de la dette", a tempéré Lu Ting: la croissance économique s'y poursuit à un niveau élevé, les gouvernements locaux possèdent des actifs matériels (entreprises, biens immobiliers) considérables, et le pays dispose de réserves de devises d'environ 3.600 milliards de dollars, a-t-il rappelé.

"La dette des gouvernements locaux est largement associée au financement d'infrastructures. Au fur et à mesure que des privatisations ou l'arrivée de capitaux privés dans des entreprises d'Etat seront autorisées, le niveau d'endettement à l'échelon local sera diminué de façon substantielle", renchérit-on chez ANZ.

Dans un train d'ambitieuses réformes dévoilées mi-novembre, Pékin avait assuré que les investisseurs privés pourraient désormais entrer au capital des groupes publics, afin de renforcer "le rôle du marché" dans l'économie--selon les principes chers au premier ministre Li Keqiang.

Les autorités avaient également promis que les gouvernements locaux seraient autorisés à réaliser leurs propres émissions obligataires, afin de diversifier leurs sources de revenus.

"Une solution est de permettre aux gouvernement locaux de se financer directement sur le marché obligataire, plutôt que par l'intermédiaire d'entités" spécifiquement crées par les administrations pour se financer auprès de banques et d'établissements de crédit non conventionnels ("finance de l'ombre") --de façon souvent fort onéreuse--, ont insisté les analystes d'ANZ.

"Non seulement, l'accès direct au marché obligataire réduira leurs coûts de financement, mais cela contribuera à rendre les finances publiques locales plus transparentes" et à en faciliter le contrôle, ont-ils souligné.

Mais au côté de la dette publique, le gigantesque volume des créances du secteur privé, dont une partie alimentent des investissements spéculatifs, notamment dans l'immobilier, continue d'inquiéter les experts.

Le total cumulé des prêts bancaires classiques et "créances non traditionnelles" (finance de l'ombre) équivaut à près de 200% du PIB, contre 130% en 2008, selon une estimation de mi-juillet du Fonds monétaire international.

jug/jh

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