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«Les vies de mon père : Yvan Ducharme», à Canal D : Yvan Ducharme, la force tranquille

Yvan Ducharme, la force tranquille
Courtoisie

Au début des années 1960, la station de radio montréalaise CJMS traînait de la patte devant l’une de ses principales concurrentes, la radio de Radio-Canada. Le diffuseur public cartonnait dans les cotes d’écoute, entre autres grâce à son émission matinale, Chez Miville. Mais, en 1963, l’arrivée d’un «petit nouveau», qui avait fait ses classes en Abitibi, puis à Timmins, en Ontario, allait changer la donne. Avec ses Insolences d’un téléphone, Yvan Ducharme allait non seulement redorer le blason de CJMS, mais deviendrait aussi l’une des figures les plus marquantes de la radio et de l’humour d’ici, en plus de jouer à la télévision et au cinéma, de faire de la publicité, d’écrire et de peindre.

Les plus jeunes se souviennent sans doute très peu du comédien des Berger, qui fut une énorme vedette au Québec au tournant des années 1970. Et même ceux qui l’ont connu dans ses plus glorieuses années ignorent peut-être la quantité d’épreuves que ce battant a dû traverser à partir de 1976, lorsqu’on lui a diagnostiqué un cancer du poumon, jusqu’à la fin de sa vie, le 21 mars 2013. Sa propre fille, Nathalie, n’avait que quatre ans quand la maladie a forcé Yvan Ducharme à s’éloigner des feux de la rampe et lorsqu’a commencé la «deuxième vie» de l’homme, de sa propre expression.

Pour découvrir tous les aspects d’une carrière bien remplie, et pour mettre en relief l’inspirante force de caractère de l’auteur de ses jours, Nathalie Ducharme l’a interviewé et l’a entraîné à Rouyn-Noranda, sa ville natale, question de raviver en lui quelques souvenirs. Elle a aussi interrogé des collègues et des amis qui l’ont côtoyé tout au long de son parcours professionnel. Assemblés, ces témoignages, reliés à des extraits d’archives et des photos, forment le portrait Les vies de mon père : Yvan Ducharme, que Canal D présentera ce dimanche, à 19h. L’émission d’un peu plus d’une heure permet non seulement de constater qu’Yvan Ducharme a eu plusieurs vies, mais surtout qu’il a affronté chacune d’elles dignement et courageusement, sans jamais baisser les bras.

S’amuser comme un gamin

L’une des premières personnalités à prendre la parole dans le documentaire est le cinéaste André Melançon. Celui-ci a grandi à quelques pâtés de maisons d’Yvan Ducharme, à Rouyn-Noranda. Enfant, Melançon vouait une admiration sans bornes à Ducharme, qu’il trouvait «décidé, volontaire, vindicatif». À l’époque, Yvan Ducharme organisait des spectacles «comme le Cirque du Soleil, 40 ans avant le temps». Les tout-petits pouvaient assister aux prestations, moyennant le prix d’entrée : une bouteille vide.

En 1954, Yvan Ducharme se préparait à fréquenter l’École des beaux-arts. Le destin en a décidé autrement et lui a fait entendre, à la radio, l’animateur Gaby Tremblay, qui l’a référé à une audition. Dès lors, le jeune communicateur s’est assis derrière les micros de Rouyn-Noranda, Val-d’Or, Amos et La Sarre. Après un détour de cinq ans en Ontario, à Sudbury et à Timmins, Montréal lui a ouvert ses portes. Ducharme trainait dans ses valises le concept des Chinoiseries, qu’il a muté en Insolences d’un téléphone. Le succès a été instantané. Les Québécois se faisaient piéger au bout du fil par la vingtaine de personnages du morning man, échappaient quelques jurons, puis riaient de bon cœur de la plaisanterie. Yvan Ducharme avait carte blanche et tournait la musique qu’il voulait. Humble, il s’est toujours amusé follement à jouer ces tours sans malice à ses auditeurs.

«Je suis quasiment gêné de gagner une partie de ma vie avec ça», avouait-il jadis en entrevue.

Claude Poirier parle de lui comme d’un pince sans rire. André Ducharme, qui n’a aucun lien de parenté avec l’homme, s’en souvient comme de la première voix radiophonique qui lui a laissé une forte impression. Danielle Ouimet vante son «instinct du tonnerre», elle qui a partagé plusieurs scènes avec lui au grand écran. Dans la filmographie d’Yvan Ducharme, on note les films Pas de vacances pour les idoles, Valérie, Y’a toujours moyen de moyenner, J’ai mon voyage et Bulldozer. Dans Les Berger, il a côtoyé pratiquement tout le bottin de l’Union des artistes et a attiré plus de deux millions de téléspectateurs. Le téléroman était présenté 52 semaines par année, sans pause annuelle, un fait très rare.

Affronter la maladie

Mais, parce qu’après le beau temps vient parfois la pluie, Yvan Ducharme a dû composer avec plusieurs revers et ce, dès l’âge de 38 ans. À l’automne 1976, on lui annonce qu’il est atteint d’une tumeur au poumon – on craignait à l’époque le mot «cancer». Le médecin estimait qu’il n’en avait plus que pour six mois à vivre et sous-entendait qu’une opération était impossible. Ducharme a insisté et a utilisé son optimisme sans failles pour surmonter l’écueil et défier les pronostics. Il affirmait que de connaître le mal dont il souffrait lui fournissait les armes nécessaires pour se battre. Or, s’il a prouvé sa résilience et sa combativité, ce sombre épisode a provoqué de douloureuses répercussions : à cause des titres alarmistes dans les journaux, les producteurs et les réalisateurs craignaient désormais de l’engager. Heureusement, l’acteur a encore pu décrocher des rôles ici et là et a continué de s’exprimer, d’abord par l’écriture de poèmes, puis par la peinture, une autre de ses passions.

Jusqu’à son départ, Yvan Ducharme ne l’a pas eue facile. Au fil des ans, il a tour à tour vaincu un infarctus, deux ACV, un cancer du côlon, une pancréatite aigüe et un cancer de la prostate. En août 2012, il était lié 24 heures sur 24 à une source d’oxygène et s’est éteint en mars dernier. Mais jamais ses troubles de santé n’ont eu raison de sa bonne humeur et de son appétit de vivre. Car, comme il le soulignait, dans une phrase qui clôt le document qui lui est consacré : «Si je n’avais pas eu la chance d’être malade gravement, je n’aurais pas eu ce bonheur de savoir que j’étais autant aimé.»

Les vies de mon père : Yvan Ducharme, ce dimanche, 29 décembre, à 19h, à Canal D, et en rediffusion le mardi 31 décembre à minuit et le samedi 4 janvier, à 10h30.

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