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Irak: un député sunnite arrêté, son frère et 5 gardes tués

Irak: un député sunnite arrêté, son frère et 5 gardes tués

Les forces de sécurité irakiennes ont arrêté samedi à l'ouest de Bagdad un député sunnite connu pour son soutien aux manifestants anti-gouvernement, au prix d'un raid ayant coûté la vie à son frère et à cinq gardes.

Ce raid visait en premier lieu le frère du député, selon l'armée, qui a fait également état d'un mort parmi les forces de l'ordre, mais risque d'alimenter encore un peu plus le mécontentement de la minorité sunnite en Irak et la spirale des violences qui frappent le pays.

"Les forces de sécurité ont attaqué la résidence du député Ahmed al-Alwani dans le centre de Ramadi pour l'arrêter ce matin, provoquant une bataille avec ses gardes à l'arme automatique et au lance-grenade", a déclaré à l'AFP un officier de police.

"Cinq des gardes d'Alwani et son frère ont été tués, et huit autres personnes blessées, tandis que 10 membres des forces de sécurité ont également été blessés", a ajouté cet officier.

Un médecin à l'hôpital de Ramadi a confirmé le bilan.

Selon le ministère de la Défense, le raid a débuté à 04H00 (01H00 GMT) et visait Ali, le frère du député, soupçonné de terrorisme. Les deux frères et leurs gardes ont alors ouvert le feu, tuant un membre des forces de l'ordre et en blessant cinq autres.

Ali al-Alwani a été blessé puis est décédé à l'hôpital, deux gardes ont également été blessés et le député a été arrêté, a précisé le général Ali Ghaidan Majid, chef de l'armée de terre.

Les forces spéciales irakiennes ont ensuite publié une photo floue d'Ahmed al-Alwani, la tête basse, en assurant que le député quadragénaire avait été arrêté par les forces antiterroristes.

Le président du Parlement, le sunnite Ossama al-Noujaïfi, a dénoncé cette arrestation, estimant qu'elle violait la Constitution irakienne et l'immunité parlementaire de M. Alwani.

Le puissant chef chiite, Moqtada al-Sadr, a appelé lors d'une conférence de presse les forces de sécurité à ne pas adopter d'attitude sectaire. "Si vous êtes un soldat chiite, vous êtes le frère d'un sunnite, d'un chrétien ou d'un Kurde", a-t-il affirmé.

Des centaines de personnes portant des armes automatiques ont manifesté devant la maison du député à Ramadi, scandant à son intention "avec notre âme, avec notre sang, nous nous sacrifierons pour toi", a constaté un journaliste de l'AFP. A Falloujah, également à l'ouest de Bagdad, d'autres manifestants se sont rassemblés par centaines, selon la police.

Le député sunnite était connu pour avoir régulièrement apporté son soutien aux protestataires qui campent sur l'autoroute près de Ramadi pour dénoncer le gouvernement du chiite Nouri al-Maliki.

Ce mouvement de protestation avait éclaté l'année dernière, après l'arrestation pour des soupçons de terrorisme de gardes de Rafah al-Issawi, un politicien sunnite influent, alors ministre des Finances.

Ces arrestations avaient été considérées comme un exemple supplémentaire de l'abus par les autorités de l'arsenal juridique antiterroriste à l'encontre la minorité sunnite, qui s'estime marginalisée.

Le 22 décembre, le Premier ministre, M. Maliki, a affirmé à la télévision que le campement près de Ramadi était devenu un repaire d'Al-Qaïda.

Le Premier ministre a appelé "ceux qui sont sur place (...) à quitter cet endroit et à y laisser Al-Qaïda seul", ajoutant sans plus de précision que les protestataires avaient "un délai très court" pour partir.

La dernière opération majeure des forces de l'ordre contre un campement de protestation installé par des sunnites avait eu lieu le 23 avril près de Hawijah, dans le nord du pays. Elle avait provoqué des affrontements qui ont fait des dizaines de morts.

La tension est particulièrement vive en Irak, où les violences sont remontées au niveau de 2008, quand le pays sortait à peine d'un conflit confessionnel dévastateur.

Ces violences n'ont pas cessé samedi dans le pays, où des attentats suicide et des hommes armés ont tué au moins sept personnes, dont trois policiers et deux soldats, selon des responsables.

Depuis le début de l'année, plus de 6.700 personnes ont été tuées, selon un décompte de l'AFP établi à partir de sources de sécurité et médicales.

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