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L'Amérique latine se place sur orbite avec l'aide de la Chine et de la Russie

L'Amérique latine se place sur orbite avec l'aide de la Chine et de la Russie

L'Amérique latine entre de plain-pied dans l'ère spatiale en multipliant les lancements de satellites, un pari stratégique mené grâce à la collaboration de la Chine et de la Russie.

Le dernier projet en date est un satellite bolivien de télécommunications, Tupac Katari, lancé il y a une semaine depuis une base chinoise.

En ces temps de mondialisation de l'information et du renseignement, posséder un satellite peut se révéler crucial en terme de souveraineté, affirment des experts.

Cela touche "à la souveraineté et à l'autonomie car aujourd'hui, pour bien prendre ses décisions, il faut disposer d'une information correcte, suffisante et actualisée, et souvent, seuls les satellites sont en mesure de fournir cette information sur l'environnement ou la météorologie ou le changement climatique ou quoi que ce soit", explique à l'AFP Juan de Dalmau, ingénieur à l'Agence spatiale européenne (ESA).

Le Brésil, par exemple, a décidé de mettre en place un programme pour lancer son premier satellite public de communication, le SGDC, suite aux révélations ces derniers mois sur les activités de renseignements menées à grande échelle par les États-Unis sur des dirigeants, des entreprises et des particuliers à travers tout le globe.

D'ici 2017, l'Amérique latine devrait disposer de 98 satellites, seulement dans le domaine des télécommunications, selon des chiffres diffusés lors du Congrès latino-américain des satellites, organisé à Rio de Janeiro.

Les satellites sont primordiaux dans une région où dans certains pays l'accès à internet est parfois quasiment anecdotique, de l'ordre par exemple de 10% de la population en Haïti, en Equateur, au Suriname, au Honduras ou au Paraguay, d'après la Commission économique pour l'Amérique latine des Nations unies (Cepal).

Deux géants mondiaux s'affrontent pour pénétrer ce marché traditionnellement détenu par l'Europe et les Etats-Unis.

La Chine, nouvelle puissance spatiale, vient de se distinguer en devenant le troisième pays à déposer une sonde sur la Lune, après la Russie et les États-Unis.

Le succès du lancement du satellite bolivien Tupac Katari depuis la base de Xichang confirme les prétentions de Pékin, qui prétend s'emparer de 15% du marché mondial des mises en orbite d'ici 2020, selon un porte-parole des programmes spatiaux chinois.

La Chine constitue déjà l'une des principales plateformes de développement satellitaire pour l'Amérique latine et collabore notamment avec l'Argentine, le Brésil, le Venezuela, l'Équateur ou le Nicaragua.

De son côté, la Russie, acteur historique du secteur, a scellé des accords ces dernières années avec le Pérou, la Colombie, l'Équateur, le Mexique et Cuba.

C'est le Brésil qui a joué un rôle pionnier dans l'usage des satellites de télécommunications sur le continent, avec l'achat en 1985 au Canada de Brasilsat A1.

"Au moins 30 satellites (de tous genres) opèrent au Brésil ou couvrent une partie du territoire" du pays, explique à l'AFP Nelson During, responsable du site internet spécialisé Defesanet.

Star One, filiale d'Embratel (ancienne entreprise publique aujourd'hui aux mains d'América Movil, détenue par le magnat mexicain Carlos Slim) possède la plus importante flotte de satellites de communication de la région, avec sept appareils.

Et Brasilia vient d'annoncer un appel d'offres pour l'exploitation de quatre autres satellites géostationnaires afin de développer ses services de téléphonie, d'internet et de télévision à l'approche du Mondial-2014 de football et des Jeux Olympiques de 2016, à Rio.

Le Brésil, septième économie mondiale, mène également la course dans le domaine des satellites dédiés à l'observation de la Terre, utilisés par exemple dans l'agriculture ou pour surveiller la déforestation en Amazonie, objets d'un accord avec la Chine.

Les militaires brésiliens "développent un plan stratégique dans le secteur spatial (...) Il s'agit d'un thème nationaliste. Avec la perte d'Embratel, que nous avons vendue à Carlos Slim, celui-ci a acquis tous les satellites opérés par le Brésil, y compris les fréquences de communications militaires. Et aujourd'hui, le gouvernement, avec sa tendance nationaliste, tente de mettre en place son propre réseau de satellites", poursuit Nelson During.

Mais il souligne également les avancées observées en Argentine, dont l'armée a lancé la semaine dernière une sonde scientifique: "Ils ont déjà des satellites de télécommunication gouvernementaux. L'Argentine, étonnamment, malgré son manque de moyens, est beaucoup plus avancée".

Si les accords avec la Chine et la Russie ont permis le lancement de satellites construits dans la région, aucun pays ne dispose toutefois de base de tir, pas même le Brésil, où un projet de ce type a pris du retard après un accident en 2003 sur la base de Alcantara (nord-est), qui a provoqué la mort de 21 scientifiques.

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