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Journaliste agressée en Ukraine: "ma vie a été mise à prix"

Journaliste agressée en Ukraine: "ma vie a été mise à prix"

La journaliste ukrainienne Tetiana Tchornovol, sauvagement battue mercredi, a estimé vendredi que sa vie avait été "mise à prix" après ses enquêtes sur les résidences du président Viktor Ianoukovitch et d'autres hauts fonctionnaires.

Le ministère de l'Intérieur a pour sa part laissé entendre vendredi que l'opposition était derrière cette agression en soulignant que les cinq suspects arrêtés avaient des "contacts étroits" avec les partis du boxeur et leader de l'opposition Vitali Klitschko et de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko.

Dans un entretien accordé depuis son lit d'hôpital à la télévision d'opposition Kanal 5, la jeune femme, qui a le nez cassé et ne peut toujours pas ouvrir un oeil, a souligné que l'agression n'avait "absolument pas pu être commise au hasard".

Elle a raconté avoir été suivie la nuit de l'agression "par une Jeep de luxe noire" après avoir passé la journée à prendre en photos des propriétés du ministre de l'Intérieur Vitali Zakhartchenko et du procureur général Viktor Pchonka.

"Je rentrais dans mon village (dans la banlieue de Kiev). Quand j'ai vu ce véhicule, j'ai décidé de me rendre à Kiev sur Maïdan", la place de l'Indépendance, haut lieu de la contestation contre le régime depuis plus d'un mois, a-t-elle raconté.

A ce moment, le véhicule qui l'avait prise en chasse s'est mis à la percuter de tous les côtés pour la forcer à s'arrêter, a-t-elle expliqué.

"Quand tu est percutée ainsi par une voiture de luxe, tu comprends que ta vie a été mise à prix", a-t-elle souligné.

Les occupants de la Jeep "ont brisé une vitre de ma voiture. J'ai essayé de m'enfuir, mais ils m'ont rattrapée et m'ont frappée à la tête".

"Ils m'ont frappée à plusieurs reprises à la tête et au visage. J'étais sûre qu'ils voulaient me tuer", a-t-elle poursuivi.

Selon Tetiana Tchornovol, cette agression pourrait être "une vengeance" pour une voiture des services spéciaux qu'elle avait endommagée pour y retirer des "enregistrements illégaux".

La journaliste, qui a publié plusieurs enquêtes sur la résidence de Mejiguiria du président Viktor Ianoukovitch "illégalement privatisée", a également raconté dans cette interview avoir récemment découvert une nouvelle résidence du président.

Mykola Tchintchine, chef du département des enquêtes du ministère de l'Intérieur, a pour sa part déclaré que les suspects "avaient des contacts étroits" avec les députés du parti Oudar du boxeur et leader de l'opposition Vitali Klitschko ainsi qu'avec un député du parti Batkivchtchina de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko.

"L'un des suspects, Olexandre Kotenko, est membre de la bande Savlokhov qui faisait partie de la communauté criminelle de Rybalko tué en 2004 avec qui étaient en contact étroit les frères Klitschko" Vitali et Wladimir, tous deux champions du monde du boxe, a ajouté M. Tchintchine dans une vidéo disponible sur le site du ministère ukrainien.

Vitali Klitschko a aussitôt promis de poursuivre le responsable du ministère en justice pour "diffamation".

L'agression de Tetiana Tchornovol, qui est également en première ligne de la contestation pro-européenne, a provoqué un tollé en Ukraine et à l'étranger.

L'opposition appelle à une nouvelle manifestation dimanche et organise une marche vers Mejiguiria, résidence très protégée du chef de l'Etat à une quinzaine kilomètres de Kiev.

neo/gmo/ia

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