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Chine: nouilles et feux d'artifice pour fêter les 120 ans de la naissance de Mao

Chine: nouilles et feux d'artifice pour fêter les 120 ans de la naissance de Mao

Les admirateurs de Mao Tsé-toung célébraient jeudi le 120e anniversaire de sa naissance avec un bol de nouilles traditionnelles, tandis que le président chinois Xi Jinping s'en tenait à Pékin à un très discret hommage.

Des milliers de "pèlerins" admirateurs du fondateur de la Chine populaire ont veillé toute la nuit près de sa maison natale à Shaoshan, dans la province centrale du Hunan, tandis que des feux d'artifices illuminaient le ciel.

"Mao a été un dirigeant exceptionnel de la nation chinoise, il était parfait et c'est quelqu'un dont nous pouvons beaucoup apprendre, nous les jeunes", a assuré Jiang Qi, 33 ans, employé d'une entreprise de construction.

La foule, où l'on comptait au moins deux sosies du dirigeant, se bousculait pour s'incliner devant une gigantesque statue de l'idole révolutionnaire, certains lançant de vigoureux "Longue vie au président Mao!".

Une bonne partie du 1,94 milliard de yuans (230 millions d'euros) dépensé par la ville de Shaoshan pour la commémoration est partie en fumée dans ces feux d'artifice de plus de quatre heures, tandis les visiteurs se voyaient offrir des bols de nouilles gratuits --plat traditionnel des anniversaires en Chine, leur longueur symbolisant la longévité.

"En dégustant ces nouilles, nous sommes comblés et nous exprimons notre amour pour le glorieux président Mao", a déclaré une femme de 63 ans, Mme Ding, affirmant que le Grand Timonier "a défait l'impérialisme japonais".

D'autres "pèlerins" s'agenouillaient religieusement devant des statues, brûlant des bâtons d'encens et récitant des poèmes.

Mao, qui mena le Parti communiste chinois (PCC) à la victoire en 1949 après une sanglante guerre civile, a été l'artisan de désastreuses campagnes politiques qui ont fait des dizaines de millions de morts, du Grand bond en avant (1958-62) à la décennie de la Révolution culturelle, lancée en 1966.

Une stricte censure empêche les Chinois d'accéder à toute autre version que celle du PCC, soigneusement expurgée, qui a jugé après sa mort en 1976 que les actions de Mao étaient "justes à 70% et erronées à 30%".

Mais Mao est aussi devenu ces dernières années un point de ralliement pour tous ceux qui déplorent l'écart abyssal entre riches et pauvres et la corruption endémique --au grand dam des autorités qui s'appliquent à faire taire toute contestation.

Au moins une centaine de "néo-maoïstes" se qualifiant d'"amis-internautes rouges", militants à la gauche du PCC, étaient venus à Shaoshan, agitant des drapeaux rouges et réclamant "l'anéantissement de l'impérialisme américain".

Plusieurs d'entre eux ont confié que la police avait interpellé nombre d'activistes pro-Mao dans différentes provinces pour les empêcher de célébrer l'anniversaire --marque de l'embarras des autorités.

"La police a arrêté beaucoup, beaucoup d'entre nous", s'est désolé M. Wei, ne livrant que son nom de famille par peur de représailles. "Le gouvernement n'est pas aussi honnête que le président Mao, donc ils ont peur, car ils sont tous corrompus", a-t-il ajouté.

Le pouvoir central a fait preuve pour sa part d'une grande discrétion.

Xi Jinping, chef du Parti unique, s'est rendu au mausolée de Mao, place Tiananmen à Pékin, pour s'incliner trois fois devant la dépouille embaumée du dirigeant, a indiqué l'agence Chine nouvelle dans une dépêche remarquable de concision.

Alors qu'un cycle de douze décennies revêt une importance particulière dans la tradition chinoise, Xi avait exigé que l'hommage rendu reste "solennel, simple et pragmatique".

Un spectacle de gala censé marquer cette commémoration au Palais du peuple à Pékin a finalement retiré toute référence à Mao dans son intitulé, se transformant en simple célébration du 65e anniversaire de la fondation du régime, selon le journal Nanfang Dushi Bao.

A Shaoshan en revanche, les "pèlerins" en écharpes écarlates ne cachaient pas leur enthousiasme et entonnaient en choeur des chansons emblématiques de la période maoïste tel "L'Orient est rouge".

Soit le type de "chants rouges" que le dirigeant déchu Bo Xilai, récemment condamné à la prison à vie pour corruption, avait voulu remettre au goût du jour dans sa métropole de Chongqing avant sa disgrâce retentissante.

De quoi faire de lui une figure encore révérée par les fans du Grand Timonier: "Tous ceux qui aiment le président Mao adorent également le secrétaire Bo", commente l'un d'entre eux, Shan, un homme entre deux âges.

tjh-jug/ple/ml

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