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Attentat au Caire après une mesure répressive drastique contre les islamistes

Attentat au Caire après une mesure répressive drastique contre les islamistes

Une explosion a blessé jeudi cinq personnes dans un bus au Caire et une autre bombe a été désamorcée, au lendemain de l'annonce par les autorités que les Frères musulmans du président destitué Mohamed Morsi étaient désormais une "organisation terroriste".

Cette attaque, qui a fait cinq blessés légers selon des responsables, est le premier attentat à ne toucher que des civils depuis le coup de force des militaires contre le chef d'Etat islamiste il y a six mois, même si la bombe a peut être explosé prématurément.

Le général Sissi, chef de l'armée et homme fort de l'Egypte, a réagi en promettant de "faire face au terrorisme". "Pas d'inquiétude ni de peur, nous nous sacrifierons pour vous, l'armée se sacrifiera pour l'Egypte et les Egyptiens et celui qui vous touchera, nous l'éliminerons", a-t-il déclaré.

Depuis la destitution et l'arrestation le 3 juillet de M. Morsi, l'Egypte est entrée dans un engrenage de violence. Les autorités répriment dans un bain de sang les islamistes, et les plus radicaux d'entre eux mènent des attaques qui ont tué plus d'une centaine de policiers et de soldats.

Plus d'un millier de personnes ont été tuées et des milliers d'autres arrêtées dans les rangs des islamistes.

Dans le quartier de Nasr City, dans le nord du Caire, l'explosion de la bombe posée en bord de route a fait voler en éclats les vitres du bus.

Un général de la police, Mohamed Gamal, a montré la seconde bombe artisanale, désamorcée, expliquant qu'elle avait été placée dans un panneau publicitaire et devait détoner au moment où les forces de l'ordre arriveraient sur les lieux après la première explosion.

Selon un porte-parole du ministère de l'Intérieur, "elle devait être actionnée à distance" et "visait à terroriser les gens avant le référendum" constitutionnel prévu les 14 et 15 janvier.

Mardi, un kamikaze avait lancé sa voiture bourrée d'explosifs contre le quartier général de la police de Mansoura, à une centaine de kilomètres du Caire, tuant 15 personnes, dont 14 policiers. Ansar Beit al-Maqdess, un mouvement jihadiste disant s'inspirer d'Al-Qaïda a revendiqué cette attaque, "fermement" condamnée par les Frères musulmans.

Après ces derniers attentats, les Egyptiens ne cachent plus leur peur.

"Ce n'est plus la ville que je connaissais", explique Ihab Abdelmoneim, un chauffeur de taxi du Caire. "Aujourd'hui, j'ai peur du passager qui s'assoit dans mon taxi, et lui, il a peur de moi".

Au lendemain de l'attentat de Mansoura, le gouvernement a accusé la confrérie et l'a déclarée "organisation terroriste", plaçant de fait ses centaines de milliers de membres sous le régime d'une loi antiterroriste promulguée en 1992 sur fond de violences de groupes islamistes radicaux. Ainsi, jeudi, 18 membres de la confrérie ont été placés en détention provisoire.

Les membres des Frères musulmans sont aussi désormais interdits de manifestation, et le journal du mouvement, "Liberté et Justice", a été définitivement interdit, de même que le parti politique du même nom, qui avait remporté toutes les élections organisées depuis la révolte de 2011. Quiconque sera trouvé en possession de publications ou d'enregistrements diffusés par la confrérie sera passible de peines allant jusqu'à cinq ans de prison.

Les autorités accusent régulièrement la confrérie d'aider et de financer les attentats contre les forces de l'ordre, sans toutefois apporter la preuve des liens entre les combattants jihadistes et les Frères musulmans, tenants d'un islam politique plus modéré.

Début septembre, dans le même quartier de Nasr City, un kamikaze d'Ansar Beit al-Maqdess avait fait exploser sa voiture au passage du convoi du ministre de l'Intérieur, sorti indemne. Ce groupe, principalement composé de Bédouins du Sinaï égyptien, critique ostensiblement l'entrée des Frères musulmans dans le jeu politique et prône l'action armée.

Bannis mais tolérés sous le régime de Hosni Moubarak et véritablement sortis de la clandestinité à son départ en 2011, les Frères musulmans pourraient se radicaliser après avoir été dépossédés d'une présidence acquise via les urnes.

En destituant M. Morsi, les militaires avaient affirmé répondre au souhait de millions de manifestants qui l'accusaient d'avoir échoué à redresser une économie en ruine et de chercher à accaparer le pouvoir au profit de sa confrérie. Ils ont promis une "transition démocratique", qui doit se clore par des élections législatives et présidentielle mi-2014.

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