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Les Frères musulmans égyptiens, du pouvoir à la liste noire des terroristes

Les Frères musulmans égyptiens, du pouvoir à la liste noire des terroristes

Les Frères musulmans égyptiens traversent l'épreuve la plus dure depuis leur création il y a 85 ans: évincés du pouvoir puis emprisonnés par centaines, ils viennent d'être désignés "organisation terroriste".

Le mouvement islamiste, banni durant des décennies, était sorti de la clandestinité à la faveur de la révolte populaire qui a mis fin début 2011 à trois décennies de présidence de Hosni Moubarak. Il a remporté toutes les élections organisées depuis et un an et demi plus tard, l'un de ses membres, Mohamed Morsi, accédait à la présidence du plus peuplé des pays arabes.

Mais sa victoire fut de courte durée. Le premier président élu démocratiquement du pays --et le premier non issu des rangs de l'armée-- a été destitué et arrêté le 3 juillet par l'armée après des manifestations monstres réclamant son départ.

Depuis, les forces de l'ordre --qui ont toujours considéré les islamistes comme une menace-- mènent une répression extrêmement sanglante de ses partisans qui a fait plus d'un millier de morts et des milliers d'arrestations dans les rangs des islamistes.

Dans le même temps, les attaques contre policiers et militaires se sont multipliées, notamment dans le Nord-Sinaï.

C'est au lendemain d'un de ces attentats --l'explosion d'une voiture piégée devant un bâtiment de la police qui a fait 15 morts dans le nord du pays-- que le gouvernement installé par l'armée a déclaré les Frères musulmans "organisation terroriste". L'attaque a été revendiquée par Ansar Beit Al-Maqdess, un groupe jihadiste disant s'inspirer d'Al-Qaïda et basé dans le Sinaï.

Cette décision pourrait accélérer la répression des islamistes, qui vise tout autant les groupes menant des attentats contre les forces de l'ordre que la confrérie, tenante d'un islam politique plus modéré, sans pour autant que les autorités aient fourni la preuve d'un lien entre ces mouvements.

La décision gouvernementale devrait toutefois recevoir le soutien de nombreux Egyptiens qui avaient manifesté par millions fin juin pour réclamer le départ de M. Morsi.

Cette mesure compromet sérieusement toute réconciliation avec les Frères musulmans, déjà fortement fragilisés par la répression à cause de laquelle leur direction a été arrêtée ou est en fuite. Réprimés sous trois présidents avant la destitution de M. Morsi, la plupart ont déjà connu les geôles égyptiennes.

Créée en 1928 par Hassan al-Banna, la confrérie a été officiellement interdite en 1954 mais est restée particulièrement active dans les mosquées où elle mène des actions d'aide aux défavorisés, dans les universités et au sein des syndicats, qui lui ont valu des partisans au-delà des cercles islamistes.

Dans les années 1940, elle a perpétré des actes sanglants, dont l'assassinat du Premier ministre Mahmoud Fahmi al-Noqrachi en 1948. Ses membres deviennent alors l'objet d'une répression brutale.

Le président Gamal Abdel Nasser leur porte des coups très durs entre 1954 et 1970, après une tentative d'assassinat contre sa personne, imputée au mouvement. Ses membres sont arrêtés par milliers, favorisant l'émergence de groupes radicaux précurseurs d'Al-Qaïda.

La confrérie a, elle, renoncé à la violence il y a plusieurs décennies, lui préférant l'activisme social et politique, jusqu'à participer aux élections, largement entachées de fraude sous la présidence Moubarak, sous l'étiquette d'"indépendants".

En rejoignant le jeu démocratique, elle s'est distancée des groupes radicaux à l'image d'Al-Qaïda qui considèrent les élections comme contraires à l'islam, mais les Frères musulmans pourraient revoir leurs positions après avoir été dépossédés d'une présidence acquise via les urnes.

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