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La foudroyante ascension d'Adonis

La foudroyante ascension d'Adonis

Ce devait être l'année du duel tant attendu entre les deux enfants chéris de la boxe québécoise, Jean Pascal et Lucian Bute. Ce fut celle d'Adonis Stevenson.

Un texte d'Olivier Paradis-Lemieux

Le 7 mai, les amateurs de boxe de la Belle Province perdaient le sourire. Le premier combat entre deux anciens champions du monde québécois, initialement prévu le 25 mai, tombait à l'eau.

Un mois plus tard, le 8 juin, un autre natif de Port-au-Prince fait sa marque sur le petit monde de la boxe en devenant champion du monde. Adonis Stevenson a envoyé au tapis l'Américain Chad Dawson, d'une gauche foudroyante, à peine 76 secondes après le début du duel.

Stevenson est reparti du Centre Bell avec la ceinture des mi-lourds du WBC (qui a appartenu de 2009 à 2011 à Pascal).

À 35 ans, Adonis Stevenson est devenu champion du monde pour la première fois.

Comme il n'a pas souffert contre Dawson, Stevenson a rapidement mis sa ceinture à l'enjeu. En septembre, un ancien champion du monde des mi-lourds de l'IBF, l'Américain Tavoris Cloud, s'est amené à Montréal pour le défier.

Après sept rounds, les hommes de coin de Cloud ont fait signe à l'arbitre que leur protégé ne pouvait plus subir les coups de masse du champion.

« Superman » a défendu son titre avec succès, dans un « vrai » combat, et non pas d'un seul coup de poing. Les sceptiques étaient confondus.

Cette victoire était aussi la troisième de l'année pour Stevenson. Il avait aussi vengé la seule défaite de sa carrière en mars contre Darnell Boone.

« Superman » dans la tourmente

Il allait en ajouter une quatrième à Québec, contre son aspirant obligatoire, l'Anglais Tony Bellew. Un combat relativement facile sur le ring pour le champion (arrêt de l'arbitre au 6e round), mais qui a été noyé dans une controverse qui n'avait rien à voir avec le résultat du duel.

Avant d'être boxeur, Stevenson a été un proxénète emprisonné pour ses actions. Si l'histoire était connue depuis le début de sa carrière professionnelle, son statut nouvellement acquis de champion du monde a attiré un regard plus attentif des médias, et du public, sur son passé. Interrogé à ce sujet dans les semaines qui ont précédé sa deuxième défense, il a tenté de minimiser son rôle dans le gang de rue. Mais les témoignages de ses anciennes victimes ont refait surface, contredisant l'image que Stevenson voulait projeter.

L'histoire d'Adonis Stevenson aurait pu être une histoire de rédemption, et il n'est peut-être pas trop tard pour qu'elle le devienne, mais son entêtement systématique à éviter les questions sur son passé a créé un fort ressac dans l'opinion publique.

Après la deuxième défense de son titre, Stevenson a soufflé qu'il songeait à quitter le Québec avec sa famille en raison de cette presse négative. Stevenson s'entraîne depuis quelques années au Kronk Gym de Détroit, peut-être que son prochain combat s'effectuera à l'extérieur du Québec...

Enfin, selon toute vraisemblance, le Polonais Andrzej Fonfara et le Russe Sergey Kovalev devraient être ses adversaires en 2014.

En attendant Lucian

Lucian Bute s'est retiré du combat contre Jean Pascal en raison d'une fracture à la main gauche. Personne dans son entourage ne sait avec précision quand il l'a subie, mais on soupçonne qu'elle remonte à son combat contre Denis Grachev en novembre 2012.

Opéré en Floride, en mai, Bute a amorcé une longue convalescence : six mois avant de pouvoir tester sa main à nouveau.

Particulièrement remonté contre le retrait de son adversaire, Pascal a pris d'assaut les médias sociaux pendant l'été, dans des sorties parfois peu édifiantes...

Il a finalement pu se dégourdir les jambes, et les poings, en sous-carte du gala du 28 septembre. Il a remporté une victoire sans appel contre l'Américain George Blades, un faire-valoir qui n'avait rien à faire dans le même ring que l'ancien champion du monde.

Finalement, en octobre, la date de reprise du combat entre Pascal-Bute est annoncée. Les deux hommes se feront finalement face de l'autre côté de 2013, le 18 janvier. Cette fois, c'est la bonne!

En attendant... Vitali

Un autre Québécois d'origine haïtienne aurait pu obtenir un combat de championnat du monde cette année... si son adversaire avait eu la boxe en tête.

Depuis juin 2011, Bermane Stiverne est l'aspirant obligatoire à un des plus grands champions de l'histoire de la boxe, le poids lourd Ukrainien Vitali Klitschko. Mais le WBC lui a autorisé à choisir d'autres adversaires.

Au printemps, Klitschko avait daigné offrir sa chance à Stiverne, mais une blessure à la main droite (réelle ou non) a mis le combat au rencart.

Invaincu depuis 2003, le géant ukrainien a abandonné sa ceinture en décembre, préférant se concentrer sur la lutte politique dans son pays, où il est une des figures de proue de l'opposition. À 42 ans, peut-être ne reverrons-nous jamais Klitschko dans un ring, mais le WBC lui a accordé le droit de défier le futur champion du monde.

Stiverne se battra, enfin, pour la ceinture en 2014.

Le WBC a annoncé après le retrait de Klitschko que le Québécois fera face à Cristobal Arreola.

C'est un visage connu pour Stiverne, puisqu'il était sorti vainqueur de son duel de 12 rounds contre l'Américain, par décision unanime des juges, le 27 avril.

Les étoiles montantes

Qui seront les prochains poulains des promoteurs québécois à se battre en championnat du monde?

Le nom du Colombien Eleider Alvarez, qui se mesurera en sous-carte du duel Pascal-Bute contre le Sud-Africain Thomas Oosthuizen, ressort du lot.

Le puissant cogneur de 29 ans, invaincu en 13 combats, a gagné ses 2 duels en 2013, le second contre Edison Miranda, ancien adversaire de Lucian Bute, Andre Ward et Tony Bellew notamment.

Un autre dont on surveille l'ascension est le Trifluvien de 24 ans Mikaël Zewski. Le mi-moyen s'est battu cinq fois en 2013 et il montre une fiche impressionnante de 22-0 (17 K.-O.). Il n'a toutefois pas encore fait face à l'élite de sa division, mais gageons que ce ne sera plus le cas à la fin de la prochaine année.

Le Roumain Jo-Jo Dan est sorti vainqueur, par décision partagée, du Québécois Kevin Bizier en sous-carte du gala Stevenson-Bellew. Ce combat chaudement disputé propulse Dan vers les sommets de la division des mi-moyens, alors que Bizier perd sa fiche parfaite et la promesse d'une ascension rapide. Malgré la défaite, Bizier a fait très bonne figure lors de ce combat. Un petit pas en arrière pour le boxeur de Québec.

Le Montréalais Antonin Décarie, lui, s'est incliné sous la pluie de Buenos Aires en combat éliminatoire des mi-moyens du WBC devant l'Argentin Luis Carlos Abregu. Une victoire en aurait fait l'aspirant l'obligatoire. Maintenant, la question se pose s'il se battra un jour en championnat du monde. En novembre, Décarie s'est séparé de son promoteur, le Groupe Yvon Michel.

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