Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

La laïcité au coeur de la visite de Pauline Marois à Paris (VIDÉO)

La laïcité se retrouve au coeur de la visite de Pauline Marois à Paris (VIDÉO)

PARIS - Tout en veillant bien à ne pas juger ce que l'autre fait chez lui, les premiers ministres québécois et français, Pauline Marois et Jean-Marc Ayrault, ont affiché leur communauté de vue en matière de laïcité, vendredi à Paris.

«Je crois qu'il y a une inspiration commune sur des valeurs qu'une société partage et un respect de la religion de tous et de chacun s'exprimant à travers la neutralité de l'État. En ce sens-là, nous nous rejoignons», a déclaré Mme Marois à l'issue d'une rencontre de 90 minutes avec le chef du gouvernement français.

Debout à ses côtés, à quelques pas du pavillon de musique de l'Hôtel Matignon où ils venaient de «déjeuner», M. Ayrault a confirmé que la question de la laïcité avait été abordée.

«Nous avons parlé de ces questions, de la charte des valeurs et en particulier de la laïcité. C'est vrai qu'entre le Québec et la France, il y a tellement de choses en commun que nous apprenons les uns des autres, sur des questions comme celles-ci, essentielles et fondamentales», a dit le premier ministre français.

Jean-Marc Ayrault, par les hasards du calendrier, avait rendu public le matin même sur son site Internet un rapport qu'il avait lui-même commandé il y a quelques mois dans l'intention de «refonder la politique d'intégration» française, un modèle que Pauline Marois cite souvent en exemple.

Ce rapport «choc» de moins d'une centaine de pages, signé par deux chercheurs, recommande notamment d'abandonner l'usage du mot «intégration» et, surtout, d'autoriser le port du voile à l'école. Celui-ci est prohibé depuis 2004, une interdiction qui traduit «de manière implicite une logique discriminatoire», selon les auteurs.

Cette idée a fait hurler l'opposition de droite, tout en donnant à Pauline Marois l'occasion d'assister à un coup de gueule de son homologue contre le chef de l'UMP, Jean-François Copé. Régulièrement soupçonné de jouer le jeu du Front national, ce dernier avait accusé le gouvernement de vouloir «déconstruire» la République et d'ériger le communautarisme en nouveau modèle.

«M. Copé est un irresponsable et un menteur. (…) C'est une injure», a réagi un Jean-Marc Ayrault très remonté, avant d'ajouter que le gouvernement ne voulait «évidemment pas» réintroduire le voile à l'école.

Dans les faits, le premier ministre français a enterré le fameux rapport, en assurant que la France entendait bien «garder le cap», pour «remettre en marche» un modèle d'intégration «en panne».

«Ce qui est important, c'est le vivre-ensemble et de développer des valeurs. La laïcité est au coeur de cette démarche», a-t-il dit.

«Les propos de Jean-Marc Ayrault sont de la musique à mes oreilles, s'est réjouie Mme Marois. Ce sont les mêmes mots que j'ai utilisés à l'Assemblée nationale.»

Pendant leur entretien, les deux premiers ministres ont aussi parlé de fiscalité (M. Ayrault a même salué au passage la simplicité de la fiscalité québécoise), de l'accord de libre-échange Canada-Europe et d'électrification des transports.

À ce sujet, Mme Marois annonçait d'ailleurs quelques heures plus tard, aux côtés du ministre de l'Économie Pierre Moscovici, la création d'un groupe franco-québécois chargé «de favoriser la collaboration entre les milieux industriels et de la recherche dans ce secteur d'innovation».

Ce groupe sera présidé par l'homme d'affaires Pierre Karl Péladeau, actionnaire de contrôle du groupe Québecor et président du conseil d'Hydro-Québec.

Pour l'instant pas d'investissements ni d'emplois à la clé, mais la volonté, à travers des échanges d'informations principalement, de donner une «nouvelle impulsion» à la coopération dans ce domaine, en «décuplant la capacité à mobiliser nos ressources», a expliqué Mme Marois.

La première ministre poursuit sa mission à Monaco en fin de semaine, avant de se rendre en Belgique lundi. Elle reviendra à Paris mardi pour une rencontre avec le président François Hollande.

INOLTRE SU HUFFPOST

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.