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Ukraine : le président en Chine, le gouvernement survit à une motion de censure

Ukraine : le président en Chine, le gouvernement survit à une motion de censure

Le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, a quitté Kiev mardi pour une visite de quatre jours en Chine, laissant derrière lui un pays plongé dans la crise après sa décision, prise sous la pression de Moscou, de ne pas signer un accord de libre-échange avec l'Union européenne.

Au Parlement, protégé par des unités de la police antiémeute faisant face à plusieurs milliers de manifestants, la majorité a fait bloc derrière le gouvernement, rejetant l'inscription à l'ordre du jour d'une motion de censure que les députés de l'opposition voulaient faire voter.

Compte tenu de l'équilibre des forces au Parlement, où le Parti des régions de Viktor Ianoukovitch contrôle la majorité, l'initiative lancée contre le gouvernement du premier ministre Mikola Azarov n'avait guère de chance de se concrétiser.

Mais la virulence du débat parlementaire a reflété la colère croissante des manifestants qui occupent le centre de Kiev, où 350 000 personnes se sont rassemblées dimanche et où des milliers d'entre elles se tenaient lundi aux abords d'édifices publics, dans un face-à-face tendu avec les forces de l'ordre.

« J'appelle Ianoukovitch à la démission », a lancé le député et ex-champion du monde de boxe Vitali Klitschko, aujourd'hui président du parti d'opposition Udar. « Ne faites rien de stupide », a-t-il ajouté à l'adresse du chef de l'État. « Ne vous enfermez pas et n'enfermez pas notre pays dans une impasse ».

« Toutes les caractéristiques d'un coup d'État »

En refusant de signer un accord d'association avec l'Union européenne, Viktor Ianoukovitch a rouvert une nouvelle fois les plaies profondes d'un pays de 46 millions d'habitants déchirés entre l'Est, russophone, et l'Ouest, ukrainophone.

La tension, d'une intensité sans précédent depuis la « Révolution orange » de la fin 2004, qui avait modifié les structures politiques du pays, commence aussi à peser sur la confiance des marchés financiers, au risque d'accroître la crise économique. La devise nationale, la hryvnia, de même que les obligations et le marché des actions sont soumis à une forte pression.

Mikola Azarov, qui estime que le mouvement de contestation a « toutes les caractéristiques d'un coup d'État », veut éviter que l'Ukraine soit le théâtre d'une nouvelle « Révolution orange ».

« Nous vous tendons la main. Écartez les intrigants, les comploteurs, qui recherchent le pouvoir et tentent de reproduire le scénario de 2004 », a-t-il dit lors du débat parlementaire, s'attirant les sifflets de l'opposition.

Le premier ministre a cependant présenté les excuses du gouvernement pour la violente répression policière qui s'est abattue dans la nuit de vendredi à samedi sur les manifestants qui avaient veillé sur la place de l'Indépendance, choquant une partie de l'opinion ukrainienne.

Aux États-Unis, la Maison-Blanche a qualifié d'« inacceptable » cette répression et invité le gouvernement à respecter le droit de la population à la liberté d'expression et de rassemblement. La France a accusé le pouvoir d'avoir pris une direction « extrêmement choquante » et invité Vitali Klitschko à venir à Paris pour discuter de la situation.

De son côté, le président russe, Vladimir Poutine, a estimé au contraire que les manifestations en Ukraine constituaient une tentative de renversement de dirigeants légitimes et jugé qu'elles étaient encouragées par des éléments extérieurs au pays.

De multiples partenaires économiques sont possibles

Contrairement à 2004, où des fraudes manifestes à l'élection présidentielle gagnée par Viktor Ianoukovitch avaient temporairement serré les rangs de la contestation derrière Viktor Iouchtchenko, candidat de l'opposition victime de la manipulation des urnes, le mouvement actuel manque d'une direction unifiée.

Place de l'Indépendance, dans le centre de Kiev, les camps de tente dressés par les manifestants suggèrent cependant qu'un long mouvement de protestation est engagé.

Dans ce contexte, le départ comme prévu de Viktor Ianoukovitch pour la Chine a donné lieu à des interprétations divergentes. Si certains voient dans le maintien de son agenda la preuve que le président pense que la situation est maîtrisée, d'autres jugent son départ bien peu prudent.

« C'est un très mauvais moment pour partir à l'étranger. L'absence du président pourrait rendre encore plus compliquées d'éventuelles discussions avec l'opposition », souligne le politologue ukrainien Gleb Vichlinski.

Pour Volodimir Fesenko, du groupe d'études et de réflexions Penta, Viktor Ianoukovitch tente au contraire de « démontrer que l'Union européenne et la Russie ne sont pas les deux seuls partenaires possibles de l'Ukraine ».

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