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Un sommet crucial pour l'OMC à Bali

Un sommet crucial pour l'OMC à Bali

Le sommet de l'OMC qui se tient à Bali de mardi à vendredi peut déboucher sur deux résultats bien différents: soit un accord sur le commerce international, le premier depuis la création de l'Organisation mondiale du commerce 1995; soit un échec susceptible d'enterrer à la fois le cycle de Doha et l'OMC.

Les 159 membres de l'OMC ont poussé l'organisation dans ses retranchements lundi dernier à Genève en n'aboutissant à aucun compromis au terme de discussions marathon.

L'OMC a déjà dû revoir ses ambitions à la baisse à la suite de la rupture du cycle des négociations de Doha qui avait duré une bonne décennie et le sommet de Bali doit déjà compter une perte sèche: les discussions sur les biens technologiques ont été rompues en novembre, après que la Chine eut tenté d'imposer une longue liste d'exemptions.

Le directeur général de l'OMC, Roberto Azevedo, refuse de renoncer. « Les obstacles qui restent sont très peu nombres, bien identifiés et pas difficiles à surmonter si nous avons une volonté et un engagement politiques », a-t-il dit, dans les colonnes du Wall Street Journal. « C'est ce que nous attendons des ministres cette semaine à Bali; un succès reste possible ».

Les partisans d'un accord de libre échange international disent que ses répercussions seraient mondiales, les pays les plus pauvres étant les plus concernés dans la mesure où il établirait des normes pour le traitement des livraisons de biens transfrontalières, les autorités douanières devenant un partenaire du commerce international plutôt qu'une entrave.

Quant aux retombées financières concrètes d'un tel accord, les estimations varient largement. La Chambre de commerce internationale pense qu'il ajouterait 960 milliards de dollars au PIB mondial et créerait 21 millions d'emplois, dont 18 millions dans les pays en développement.

Un tel accord aurait bien plus d'effet qu'abolir seulement les droits à l'importation dans le monde entier, affirment des experts, car la bureaucratie et le flou législatif constituent des entraves bien plus résistantes aux échanges internationaux.

L'Inde est la clef

Bayu Krisnamurthi, le vice-ministre du Commerce indonésien, avait dit mercredi dernier qu'il restait quatre questions à régler. Les négociateurs disent que Cuba et l'Argentine figurent dans les points restant à résoudre, mais ajoutent que l'obstacle véritablement de taille c'est l'Inde. « Si les Indiens peuvent parvenir à un compromis, ceux qui resteront auront du mal à faire du blocage », a dit un diplomate.

Le ministre du Commerce indien, Anand Sharma, a dit qu'il ne pouvait y avoir de « compromis » concernant les subventions à l'alimentation des plus pauvres.

Mais il a laissé entendre que New Delhi ne bloquerait pas le chemin menant à un accord à Bali, quoiqu'il soit difficile d'accepter le texte en l'état.

Son homologue britannique Stephen Green a fait savoir que des progrès avaient été accomplis en vue d'apaiser les craintes de l'Inde. « On discute pas mal d'une éventuelle démarche qui prenne en compte les véritables souhaits de l'Inde et qui exige dans le même temps une résolution ayant un caractère plus permanent sur une période de quatre ans; il faut mener cette discussion à son terme », a-t-il dit.

Une centaine d'États, comprenant notamment les pays les moins développés ainsi que les groupes africain, arabe et d'Asie du Sud-est, ont dit qu'ils soutiendraient toute initiative visant à faire de Bali une réussite.

En cas d'échec, c'est la légitimité même de l'OMC qui pourrait en souffrir au vu des différents accords commerciaux régionaux actuellement négociés, tels que le Partenariat transpacifique ou le TTIP, une alliance de libre échange entre les États-Unis et l'Union européenne.

En tout état de cause, il n'y aurait pas grand-chose à gagner à prendre à partie tel ou tel pays qui aurait la cause d'un échec à Bali, estime Simon Evenett, professeur de commerce international de l'université suisse de Saint-Gall. « Pourquoi faire aux ennemis de l'OMC la grâce d'un coup médiatique? Des responsables intelligents laisseraient ce sommet s'éteindre sans laisser de traces et reprendraient leur bâton de pèlerin au sein de l'OMC », a-t-il expliqué.

Reuters

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