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Laurent Gaudreau dans les griffes de Denis Vincent

Laurent Gaudreau dans les griffes de Denis Vincent

Fasciné par les légendes nordiques, le promoteur Laurent Gaudreau élabore en 2003 un ambitieux projet de salle de spectacle en forme de tipi. À la recherche de financement, le hasard place sur son chemin Denis Vincent, qui lui ouvre les portes de la SOLIM, le bras immobilier du Fonds de solidarité... le cauchemar commence.

Un texte de Bernard Leduc

La levée de l'interdit de publication qui pesait depuis le 14 novembre sur le témoignage du promoteur de cette salle de spectacle multimédia qui n'a jamais vu le jour a permis d'en apprendre un peu plus sur les méthodes de Denis Vincent, un individu considéré par la police comme proche des Hells Angels, ainsi que sur les liens entre ce dernier et Jean Lavallée, ancien président du C.A. de la SOLIM.

Les déboires de Laurent Gaudreau avaient fait l'objet en 2009 d'un reportage de l'équipe d'Enquête qui avait permis d'apprendre l'essentiel des faits par la suite révélés, avec davantage de détails, devant la commission, par l'enquêteur Michel Comeau, par l'ex-directeur du compte de Productions TIPI chez Desjardins Richard Gagnon, par l'ancien directeur de l'investissement à la SOLIM Guy Thériault et enfin par M. Gaudreau lui-même.

Lors de son témoignage dévoilé lundi, M Gaudreau a confirmé, comme le rapportait Enquête, que Denis Vincent, avait tenté, en 2007, de lui extorquer 250 000 $ pour que le projet, financé par la SOLIM, aille de l'avant.

M. Gaudreau a par la suite confronté Jean (Johnny) Lavallée qui a nié toute l'histoire. « Je n'ai jamais eu d'argent de personne, puis je ne sais pas d'où ça sort ce 250 000 $. Je vais parler à Denis Vincent puis je vais te revenir », lui aurait dit M. Lavallée, qui ne lui est jamais revenu. M. Gaudreau ne versera jamais l'argent.

Une malheureuse rencontre...

C'est en fait par un pur hasard que les chemins de MM. Gaudreau et Vincent se sont croisés en 2004. Le promoteur de TIPI a expliqué avoir fait sa connaissance dans un restaurant au Lac-à-la-Tortue, un coin fréquenté par les pilotes de brousse, non loin de Shawinigan.

Lors d'une conversation informelle lors de laquelle M. Gaudreau s'enthousiasme sur son projet, M. Vincent, qu'il connaît au mieux comme « un gars qui brasse des affaires », lui lance : « Tu devrais, j'aimerais ça te présenter Jean Lavallée [...] pour que tu lui parles de ton projet. »

Les trois hommes se retrouvent donc quelque temps plus tard au chalet de M. Gaudreau, où ce dernier n'a aucun mal à convaincre M. Lavallée d'adhérer au projet TIPI. « Il me dit : ''Regarde, cherche pas plus loin [...] on va te financer ça, nous autres [...] C'est la SOLIM qui va financer'' ».

Or, Denis Vincent, qui n'est d'abord qu'entremetteur, prend de plus en plus de place dans le projet, dans lequel, incidemment, il n'investira jamais personnellement.

M. Gaudreau a raconté avoir eu de nombreuses rencontres avec MM. Gionet, Lavallée et Vincent pour faire le suivi dans le dossier TIPI, notamment à L'ONYX, le restaurant de Tony Accurso.

Surtout, les exigences de M. Vincent à l'endroit de Laurent Gaudreau sont de plus en plus pressantes. Et, lorsqu'il tente de faire cesser ses interférences dans le projet en appelant à l'aide le PDG de la SOLIM, Guy Gionet lui fait bien comprendre qu'il doit « satisfaire les demandes de monsieur Vincent ».

Laurent Gaudreau soutient avoir ainsi été contraint, en 2007, d'accorder 33 % des parts de TIPI à Denis Vincent, qui n'a pas fait mystère de son influence à la SOLIM : « Si tu ne fais pas ce que je dis, il n'y en aura pas, de projet. C'est moi qui "runne" chez SOLIM », lui aurait-il dit.

M. Vincent a aussi joué un rôle trouble, en décembre 2008, lorsqu'il a aidé la SOLIM à récupérer dans le compte de Productions TIPI, à l'insu de Laurent Gaudreau, les quelque 2,6 millions de dollars qu'elle lui avait octroyés.

M. Vincent était impliqué dans d'autres dossiers à la SOLIM, dont celui de la Place Telus à Québec. Tant Guy Thériault que l'enquêteur Comeau, sur la foi des écoutes, ont expliqué que M. Vincent agissait comme un courtier.

« Mais c'était jamais clair à 100 %, son rôle », concluait M. Thériault. M. Vincent sera brutalement écarté de la SOLIM au printemps 2009 par le PDG du Fonds de solidarité Yvon Bolduc et le président de la FTQ Michel Arsenault, en réaction à l'intérêt soudain des médias pour ce trouble personnage.

La peur au ventre

M. Gaudreau a expliqué qu'il a éventuellement entamé une poursuite contre la SOLIM mais avoue avoir longtemps hésité à le faire :

« Ma femme et moi on avait un peu peur, même pas mal peur .... J'avais entendu beaucoup de choses sur ce qui se passait avec des acteurs comme Jean Lavallée, Denis Vincent, les... le milieu du crime organisé » a-t-il confié à la commission, avant d'y aller de cette anecdote qui se déroule à L'ONYX de Tony Accurso :

M. Gaudreau a cependant ajouté avoir éventuellement obtenu un règlement avec la SOLIM et salué le professionnalisme de ceux avec qui il a conclu la chose.

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