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L'album «The Ballad of Boogie Christ, Act 2»: du très bon Joseph Arthur

L'album «The Ballad of Boogie Christ, Act 2»: du très bon Joseph Arthur
Jean-Francois Cyr

À 42 ans, Joseph Arthur a produit plus de dix albums studio et pratiquement autant d’EP. Il a fait des tonnes de concerts et collaboré avec de nombreux artistes dont le chanteur-guitariste Ben Harper et le bassiste de Pearl Jam, Jeff Ament. Sans jamais connaitre le succès escompté chez le label de Peter Gabriel, Real World Records, le travail de Joseph Arthur a toujours suscité l’intérêt. Avec la parution de la trilogie nommée The Ballad of Boogie Christ, l’artiste a peut-être enfin trouvé la clé de la réussite. Le volet Act 2, qui paraîtra le 29 novembre au pays, propose un folk rock convaincant, dont les influences multiples font voyager de Bon Dylan à David Bowie ou encore Beck. Rencontre avec le gars de passage à Montréal.

Auteur, chanteur, musicien, peintre et poète, l’Américain Joseph Arthur est tout aussi excentrique que prolifique. Grand gaillard à la démarche d’un cow-boy moderne, il en impose aux premiers coups d’œil. Pourtant, il est simple d’approche, même s’il ne se laisse guère intimider. Après tout, certains créateurs auraient la tête beaucoup plus grosse au cumul de ses expériences.

La route

Dans les années 1990, un démo musical intéresse Lou Reed et Peter Gabriel. À tel point que ce dernier, par l’entremise de son label Real World Records, lui offrira son soutien en publiant quelques albums [Big city secrets en 1997, Come To Where I'm From en 2000 et Redemption's Son en 2002] qui malheureusement n’atteindront pas le succès commercial escompté. Cela dit, le jeune fait ses classes d’une façon enviable pour bien des chanteurs. Après une remise en question plus ou moins profonde au début du nouveau millénaire, il changera d’étiquette et continuera à produire des albums à un rythme soutenu. À vrai dire, c’est peut-être l’une des sources de son relatif insuccès: manque de cohésion, d’encadrement, de bonne promotion?

Joseph Arthur est notamment venu de nombreuses fois à Montréal afin d’y donner des concerts. Il songe même à y déménager… Pourtant, il a peiné récemment à remplir des salles comme la Salla Rossa. Pourtant, il était l’un des artistes anglophones invités à l’émission Belle et Bum en novembre. Problème d’image ou de constance dans sa musique ? Certainement un peu de tout ça.

Quoi qu’il en soit, le musicien originaire d’Akron, en Ohio, vivant à Brooklyn, New York, a cumulé les rencontres au fil du temps. De toute évidence, sa musique plait depuis un bon moment : en 2012, il participaità l’émission télévisée américaine de Jimmy Fallon et l’année suivante à celle de Jay Leno.

(Crédit photo: Jean-François Cyr)

Le concept

Avec l’arrivée de ce projet conceptuel de trilogie contenant 35 morceaux (The Ballad of Boogie Christ 1, 2 et 3), il est toutefois probable que Arthur marque un grand coup. Boogie Christ n’a rien de religieux. C’est plutôt une sorte d’alter ego, une construction de l’esprit qui a permis au chanteur d’écrire d’abord des poèmes et des histoires. Durant cinq ans, Arthur a porté cet univers en lui. Autoportrait romancé et rocké, The Ballad of Boogie Christ également le titre d’une pièce du premier volet, évoque autant le respect que l’insanité selon l’auteur: «Je ne suis aucunement croyant ou encore moins pratiquant. Boogie Christ provient d’un poème que j’ai d’abord écrit. Ce personnage avait du sens aussi pour une incarnation dans le milieu de la musique. J’aime cette dose de sarcasme dans le concept. Je crois que trop de gens prennent l’idée du Christ au sérieux. S’il était ici en 2013, il serait peut-être un chanteur ou un médecin… »

Il faut expliquer que le premier volet de cette trilogie est encore une fois tombé dans l’oreille attentive de Peter Gabriel, qui a beaucoup aimé: « Il voulait s’occuper d’Act 1, mais il était déjà trop tard pour faire marche arrière dans la distribution de l’album. Il a ensuite insisté pour que son label s’occupe au moins du deuxième Act. Comment aurais-je pu dire non ? Il a vraiment apprécié ma nouvelle musique. Nous avons eu nos différends dans le passé, mais j’ai toujours continué d’apprécier l’homme. En plus, c’est un créateur génial. Je suis très heureux de l’avoir dans ma vie. C’est en quelque sorte un ami. »

C’est donc une seconde collaboration qui voit le jour avec la parution de ce disque, déjà sorti en Europe (sous Real World Records). Il sortira aux États-Unis le 29 novembre 2013, mais cette fois sous le label Lonely Astronaut. Quant au Canada, The Ballad of Boogie Christ: Act 2 sera publié le même jour en format numérique sous l’étiquette montréalaise Bonsound Reccords.

(Crédit photo: Jean-François Cyr)

Changement de ton, mais pas d’esprit

Le premier album, The Ballad of Boogie Christ: Act 1, paru un peu partout en juin 2013, est un doux rock teinté de soul pop. Quant à Act 2, il est davantage axé sur le folk rock, parfois énergique (mentionnons le morceau funky acoustique I Am The Witness qui rappelle énormément le travail de Beck et la très entrainante MaybeYes à la sauce David Bowie des débuts), parfois plus posé comme la chanson Holding The Void. La première chanson du disque, la belle Blue Lights In The Rear View Mirror à ce quelque chose de rock contemporain persillé de vintage que l’on retrouve dans le son de Wilco. Bref, du bon stock.

Enregistrés dans les États de New York, Californie et Minnesota, les 12 titres prolongent les thèmes (amour, liberté, sexualité, paradoxes humains, sciences, Satan…) déjà abordés dans l’Act 1 du Boogie Christ. Parmi les collaborateurs se retrouvent le légendaire pianiste Garth Hudson du groupe The Band, la bassiste Catherine Popper et le multi-instrumentaliste Jarret Johnson. Si l’on ajoute à ceux-ci le batteur des Black Crows, Bill Dobrow, et le bassiste de R.E.M Mike Mills - qui l’accompagnent dans sa tournée nord-américaine actuelle -, il est surprenant de constater à quel point Joseph Arthur sait s’entourer de talent. Un fait qui ne dément pas normalement.

À l’écoute de ce deuxième Act en majorité très réussi, on ne peut que penser au vieux rock britannique et américain des années 1960 et 1970. On ne peut que sentir le souffle bluesy rock des jeunes Rolling Stones tout comme la touche poético-nocturne que maitrisait si bien Lou Reed. La musique de Joseph Arthur sur Boogie Christ n’est peut-être pas un miracle, mais elle est définitivement révélatrice d’un nouvel élan dans sa carrière. The Ballad of Boogie Christ: Act 2, à l’instar du premier, est un album qui prouve son grand talent. On doit seulement l’apprivoiser. Et ici c’est un compliment. Lorsqu’on a compris et adhéré au monde romantique et tordu de l’artiste multicouche, le disque s’écoute bien au salon, dans un party ou dans un char. Ce projet épique est à découvrir ou à suivre avec attention.

The Ballad of Boogie Christ: Act 2 disponible en version numérique au Canada dès vendredi le 29 novembre sous étiquette Bonsound Records.

Act 3 devrait sortir en avril 2014.

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