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Déficit de 2,5 milliards $: l'opposition brandit la menace électorale

Déficit de 2,5 milliards $: l'opposition brandit la menace électorale
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Le Parti libéral du Québec et la Coalition avenir Québec sont prêts à voter contre le prochain budget du gouvernement de Pauline Marois, si les péquistes ne changent pas de cap devant les données présentées jeudi dans la mise à jour économique du ministre Nicolas Marceau, faisant notamment état d'un déficit de 2,5 milliards de dollars en 2013-2014.

Cette position pourrait précipiter le Québec en élections, le gouvernement Marois, minoritaire, devant s'assurer de l'appui de l'un des principaux groupes d'opposition pour se maintenir au pouvoir.

La CAQ s'est montrée très critique envers le gouvernement. « Le gouvernement a perdu le contrôle des dépenses », a affirmé le chef François Legault. « Pauline Marois a choisi la même voie que Jean Charest avait prise pour diriger le Québec : celle des dépenses incontrôlées et de l'utilisation de la carte de crédit de nos enfants. Pour la première fois dans l'histoire du Québec, la dette brute dépassera le cap des 200 milliards de dollars. C'est une journée sombre pour les finances publiques du Québec », a-t-il dit, réitérant que si le prochain budget n'est pas équilibré, il votera contre.

Son collègue et porte-parole en matière de finances publiques, le député Christian Dubé, estime que les prévisions de croissance du ministre des Finances ne sont pas crédibles. « Nicolas Marceau avait prévu dans son dernier budget que les dépenses totales croîtraient de 2,3 %. Or, cette croissance a été de 3,3 %. Cette différence d'un point de pourcentage correspond au minimum à 800 millions de dollars. Comment peut-il, dans un même communiqué, affirmer qu'il a le contrôle des dépenses alors qu'il s'est trompé autant ? Le ministre est incapable de gérer les dépenses, il a perdu le contrôle », a ajouté le député.

De son côté, le chef du PLQ, Philippe Couillard, n'a pas ménagé le ministre des Finances, qualifiant d'« échec » la mise à jour et ajoutant « que l'on ne peut plus faire confiance à ce gouvernement ».

« Il doit revoir sa gouvernance économique, revoir sa cascade de dépenses électoralistes et imposer un cran d'arrêt aux dépenses publiques et compenser chaque dépense par une coupe équivalente. Il faut agir maintenant », a asséné le chef libéral.

« Les Québécois méritent mieux », a dit Philippe Couillard en ajoutant que « sur la base des chiffres d'aujourd'hui » le PLQ pourrait, comme la CAQ, voter contre le prochain budget.

Pour sa part, la députée de Gouin et porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, n'est pas étonnée de la mise à jour économique du ministre Marceau. Elle a fait valoir en point de presse que Québec solidaire avait déjà prévenu l'année dernière que l'équilibre budgétaire tel que planifié était « irréaliste ».

« Nous sommes inquiets de ce qui va arriver dans les prochaines années », a-t-elle dit, pour les coupes dans les services publics notamment. Québec solidaire redoute des budgets d'austérité qui vont desservir la population et propose que le gouvernement cherche des revenus du côté des institutions financières, entre autres.

Le Québec vit au-dessus de ses moyens, dit le Conseil du patronat

Le Conseil du patronat du Québec est très déçu par la mise à jour du ministre Marceau. « La mise à jour économique et financière dévoilée aujourd'hui constitue donc une démonstration que le Québec vit plus que jamais au-dessus de ses moyens et doit mettre en place une nouvelle façon de faire à cet effet », a déclaré le président du Conseil du patronat, Yves-Thomas Dorval.

« Nous devons cesser, comme société, de vivre continuellement à crédit et de pelleter nos responsabilités sur le dos des générations futures. Il faut plutôt faire preuve de leadership et procéder à des choix stratégiques et nécessaires afin de vivre selon nos moyens tout en assurant une prospérité durable qui contribuera à la qualité de vie de l'ensemble des citoyens », de conclure M. Dorval.

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain s'inquiète aussi des impacts de la mise à jour économique. « Nous sommes conscients du fait que la conjoncture économique défavorable a eu des répercussions directes sur les recettes fiscales. Nous convenons également que le gouvernement du Québec contrôle avec rigueur ses dépenses. Toutefois, nous ne sommes pas en période de récession et nous sommes déjà la province la plus endettée du Canada. Il est dangereux dans un tel contexte d'alourdir davantage nos finances publiques », a déclaré le président et chef de la direction de la Chambre, Michel Leblanc.

De son côté, le milieu syndical est plutôt satisfait, mais aussi inquiet.

La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) applaudit la décision du gouvernement de reporter l'échéance du déficit zéro. « Cela fait des années que nous recommandons de reporter le retour à l'équilibre budgétaire. Il y a sans doute plusieurs raisons qui motivent la décision du ministre des Finances, mais, pour notre part, le maintien de la qualité de services publics en dépendait, de même que la marge de manuvre nécessaire à une intervention conséquente du gouvernement dans l'économie », a décrété le président sortant de la Fédération, Michel Arsenault.

De son côté, la CSN est mitigée, affirmant que cette mise à jour économique « rassure » et « inquiète ». « Nous trouvons que le ministre des Finances, Nicolas Marceau, agit enfin avec sagesse en reportant l'atteinte de son objectif de déficit zéro. Le choix de cette stratégie budgétaire a déjà imposé d'importantes compressions dans les services publics et, comme le démontrent les statistiques, elle n'aide en rien à la croissance économique québécoise, au contraire. Le changement de stratégie s'imposait et a de quoi nous rassurer », d'expliquer le président de la CSN, Jacques Létourneau.

Déficit zéro reporté

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