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International Emmy Awards: soirée mémorable pour l'équipe de «30 vies»

International Emmy Awards: soirée mémorable pour l'équipe de «30 vies»
Agence QMI

Fabienne Larouche l’avait prédit : c’est une série du Brésil, Side by Side, qui a raflé les honneurs dans la catégorie Telenovela lors de la 41e édition des International Emmy Awards, qui se tenait au New York Hilton Midtown, lundi soir. L’auteure et productrice n’a donc pas eu l’occasion de remercier son équipe et d’exercer son anglais, mais la fierté qui se lisait sur son visage faisait déjà d’elle une gagnante.

Pourtant, tous les espoirs étaient permis pour les comédiens et artisans de 30 vies et les membres de la direction d’Ici Radio-Canada, qui étaient assis tout près de la scène pendant la cérémonie. Or, cet indice relevant de l’évidence aux yeux de plusieurs a toutefois mis la puce à l’oreille de l’infatigable Fabienne, que l’instinct déjoue rarement.

«Justement, on était trop près de la scène, a précisé cette dernière en riant, quelques minutes après la fin du gala. Mais ç’a été une super belle soirée. On a fait de belles rencontres. Les Brésiliens gagnent toujours, et ce n’est pas pour rien. Mais c’est le fun quand même. On existe; on n’était que quatre en nomination. Les quatre meilleurs au monde! C’est une reconnaissance pour notre boîte, Aetios, pour Ici Radio-Canada, pour le Québec, pour le Canada.»

L’épisode soumis au jury des Emmy était tiré de la première semaine de la troisième saison de 30 vies, présentée à l’hiver 2012. Vincent Picard (Guillaume Lemay-Thivierge) y composait avec Kevin (Alexandre Vallerand), un étudiant rebelle atteint de paralysie cérébrale. L’extrait diffusé pendant la remise de prix, où Vincent confronte durement son élève, était particulièrement poignant, et son ton sombre contrastait avec les images des autres fictions en nomination dans la même catégorie, dont deux provenaient du Brésil et une de l’Angola.

«On a brusqué le jury avec une proposition différente, qui n’est pas le Telenovela auquel il est habitué, note Fabienne Larouche. Je pense qu’on les a un peu bousculés, et ça, c’est formidable. Les autres pays se sont demandé ce que c’était. Alors, on se dit qu’il y aura peut-être une prochaine fois!»

30 vies à l’international?

D’ailleurs, Fabienne Larouche et son conjoint et associé, Michel Trudeau, ont profité du week-end des International Emmy Awards pour serrer des mains et nouer quelques contacts, notamment dans la journée de samedi, où ils ont reçu leurs certificats de nominés et ont procédé aux répétitions officielles en vue de la célébration. «On devait faire nos remerciements, mais j’ai choké, je savais que je n’aurais pas à parler», badine la créatrice. Le prolifique tandem espère évidemment vendre son œuvre à l’étranger, mais pour Fabienne, pas question de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

«Il faut être patient dans ces affaires-là, avance-t-elle sagement. Mais j’ai rencontré des Brésiliens, des Chinois, des Néo-Zélandais, des Africains, des Scandinaves, des Français, des Britanniques, des Américains… On fait tous le même métier, et on a partagé. On a tous une façon de travailler, qui n’est pas la même, mais qui nous drive. C’est la passion.»

«Une mention aux Emmy, ce n’est pas plate, ajoute-t-elle. C’est une belle carte de visite. En 41 ans de Emmy, c’est la première fois que le Canada est nominé pour une fiction.» Seul un reportage de l’émission d’affaires publiques Enquête avait réussi, dans le passé, à se faufiler dans la prestigieuse liste des finalistes.

Collaborateurs heureux

Plusieurs proches collaborateurs de Fabienne Larouche, ainsi que Guillaume Lemay-Thivierge et sa conjointe, Mariloup Wolfe, et le jeune Alexandre Vallerand avaient fait le voyage jusqu’à New York, lundi, pour vivre pleinement la magie des International Emmy Awards. Tous se réjouissaient de répertorier 30 vies parmi les meilleures productions de l’élite mondiale et chacun a joué le jeu du faste d’un tel événement avec bonheur.

«Je trouve que ça redonne ses lettres de noblesse au téléroman, remarque Mariloup Wolfe. Au Québec, il y a une espèce de hiérarchie. Un téléroman est toujours considéré moins hot qu’une télésérie. Et pourtant, les gens suivent religieusement les téléromans. Il y a 700 000 personnes qui regardent 30 vies

«On a reconnu le talent dans la simplicité, poursuit celle qui dit avoir allaité son deuxième garçon en regardant son homme évoluer dans la quotidienne, et qui termine elle-même l’aventure 30 vies après un automne dans la peau d’Élisabeth Bergeron. On a vu la qualité des textes, du jeu, de la réalisation, de l’histoire… Tout ça, dans très peu de lieux, et avec très peu de personnages!»

Guillaume Lemay-Thivierge, lui, est débarqué dans la Grosse Pomme avec l’intention de s’éclater.

«Il n’y a pas grand glamour qui m’impressionne, laisse-t-il tomber avec un sourire franc. Pour moi, c’est un jeu, comme la vie en général. Mais je suis content, parce que les scènes que j’avais à faire avec Alexandre étaient très intenses. Il y avait une agressivité particulière. De me retrouver ici, ce soir, après avoir joué dans la série et en avoir réalisé des épisodes, c’est une belle boucle qui se termine.»

Quant à Alexandre Vallerand, depuis un mois, il comptait les jours le séparant de ce fameux 25 novembre où il vivrait la frénésie régnant dans le New York Hilton Midtown. À 20 ans, le jeune adulte, né à Montréal d’un papa québécois et d’une maman indonésienne, dit conserver un souvenir impérissable du tournage de 30 vies, surtout en raison de la complicité développée avec Guillaume Lemay-Thivierge.

«J’ai eu un prof de jeu, un super coach, s’emballe-t-il. Il m’a montré des techniques. Puisque je suis handicapé, certains comédiens m’ont mis à l’écart, mais lui, il me ramenait. Je me souviens d’une belle scène avec lui : on était en pause. Il est venu vers moi, m’a pris dans ses bras, et m’a dit : “On est une équipe!”. Guillaume ne m’a jamais laissé tout seul.»

Tapis rouge débridé

Avant d’accéder au cocktail pré-gala, puis au souper et à la soirée elle-même, qui devait se conclure par une grande fête donnée à l’Aspen Social Club, les troupes de 30 vies ont dû traverser le fameux tapis rouge déroulé à l’extérieur, pour le bénéfice des caméramans, des photographes et des curieux.

«Ça, ça m’a partie haut, rigole Fabienne Larouche. Il y avait des photographes qui criaient mon nom dans les estrades : “Fabienne! Fabienne!” (prononcé avec un accent anglophone). C’était spécial. J’ai même appelé ma mère après!» Fait amusant, la maman de Fabienne lui téléphone à chaque soir, après 30 vies, pour lui donner son opinion sur l’épisode qui vient de se terminer. Et le fait que sa fille se trouve dans un tourbillon de mondanités à New York n’allait pas faire déroger la dame de ses habitudes; pendant le cocktail, Fabienne gardait un œil sur sa montre, cellulaire en main, pour ne pas rater le précieux appel.

Mariloup Wolfe, elle, s’est plutôt amusée de la tradition du tapis rouge, qui prend un tout autre sens lorsqu’on est à l’extérieur de chez soi.

«C’est drôle, faire un tapis rouge quand personne ne te connaît, a-t-elle lancé en pouffant de rire. Il faisait moins cinq à l’extérieur. On n’est pas entrés par le bon bout du tapis; on a commencé par la fin. Il a fallu faire le tour. Fabienne a ouvert les barrières. On a marché, on est revenus par en avant. Et les photographes ne savaient pas du tout qui on était! (rires) Disons que ça fait changement du Gala Artis ou de KARV l’anti-gala!»

Mariloup était particulièrement en beauté lundi, habillée d’une robe Anomal Couture choisie par sa styliste, Sarah Laroche. «Elle a magasiné pour moi, raconte la jeune femme, qui terminait justement les tournages de la présente saison de 30 vies la semaine dernière, et qui n’avait pas le temps d’arpenter elle-même les boutiques. J’avais deux coups de cœur à New York, une robe blanche et une robe noire, dans deux styles complètement différents. Et mon chum a voté pour la noire…»

D’autres gagnants

Un total de 11 statuettes ont été décernées pendant les 41e International Emmy Awards, qui récompensent des titres de la télévision de partout sur le globe, sauf des États-Unis. La présentation, menée rondement par l’acteur John Oliver, n’était pas télédiffusée, ce qui en a accéléré considérablement le rythme; en une heure trente, tous les trophées avaient été distribués et les remerciements, prononcés.

Parmi les autres lauréats, notons la série française de l’heure, Les revenants, de Canal +, qui a été sacrée Meilleure série dramatique. J. J Abrams, créateur de Lost, a reçu un hommage senti vers la fin du rendez-vous; Fabienne Larouche a avoué à plusieurs reprises être impressionnée par le parcours de l’homme, et elle avait très hâte de converser avec lui. Enfin, les Québécois Anthony Kavanagh et Cathleen Rouleau ont remis le prix de la Meilleure série humoristique et ont déclenché quelques rires en blaguant sur le très médiatisé maire de Toronto, Rob Ford. Le duo planche présentement sur la comédie muette True Love, dont le tournage s’enclenchera en janvier prochain, et sur laquelle on fonde de grands espoirs internationaux.

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