Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Russie: le militant canadien de Greenpeace Paul Ruzycki est sorti de prison

Russie: le militant canadien de Greenpeace Paul Ruzycki est sorti de prison
PC

SAINT-PÉTERSBOURG, Russie - Le militant québécois de Greenpeace, Alexandre Paul, a été libéré de prison vendredi matin, après deux mois de détention en Russie.

Plus tôt dans la journée, son compagnon d'infortune, le Canadien Paul Ruzycki, avait pu quitter l'établissement de détention.

Un tribunal de Saint-Pétersbourg avait ordonné la libération sous caution des deux hommes, plus tôt cette semaine.

Jusqu'ici, 15 des 30 personnes arrêtées le 18 septembre à bord du navire «Arctic Sunrise» de Greenpeace ont pu reprendre leur liberté. Parmi elles figure le capitaine du navire.

Seul l'Australien Colin Russell a vu sa détention prolongée, jusqu'au 24 février. Les avocats de Greenpeace ont porté cette décision en appel.

Nicole Paul, la mère d'Alexandre, a dit vouloir serrer son fils dans ses bras dès que possible.

«Je savais qu'hier (jeudi), on avait dit qu'il était libéré, mais je m'attendais à ce qui ne sorte de prison que la semaine prochaine... On m'avait même dit jusqu'à 25 jours», a-t-elle confié en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

«J'ai eu un téléphone ce matin (vendredi) à 8h20 où on m'a dit qu'il venait de sortir. J'étais tellement contente, tellement soulagée! Je sais que nous ne sommes pas encore rendus au bout du chemin, mais c'est une victoire malgré tout. Il m'a appelé en après-midi; il semblait particulièrement fatigué, épuisé. Il a discuté avec son avocat, avec qui il semble bien s'entendre. Il semblait nerveux et il était au courant des gestes posés à Montréal, et de l'absence d'implication du gouvernement fédéral.»

Selon Mme Paul, les militants de Greenpeace ayant été libérés sous caution résident dans un seul et même hôtel. Elle ignore toutefois si ces militants sont confinés à l'hôtel ou s'ils pourront récupérer leurs passeports.

«Est-ce qu'ils pourront rentrer au pays et retourner là-bas pour le procès? Y aura-t-il même un procès?», s'est-elle interrogée, en mentionnant que les deux accusations de piraterie et de hooliganisme étaient toujours en vigueur.

Malgré tout, a indiqué Mme Paul, son fils semblait être en bonne santé lors de son appel, «même s'il avait la voix rauque».

«Greenpeace lui a dit qu'il aurait droit à un examen médical et qu'ils auront accès aux services d'un psychologue.»

«Selon ce qu'il m'a dit, si nous ne sommes pas suffisamment en santé pour aller le voir en Russie, il pourrait disposer d'une semaine ou deux pour venir au Canada. Est-ce que c'est la réalité, ou est-ce quelque chose que lui a dit son avocat?», s'est-elle interrogée.

Pour le père du militant québécois, Raymond, l'annonce de la libération de son fils a été un grand soulagement.

«C'est sûr que mon épouse était plus affectée que moi... Je suis un homme», a-t-il lancé à la blague en entrevue téléphonique. «Mais quand ils ont été arrêtés, c'était dur de voir les images.»

«Je ne lui ai pas parlé au téléphone; c'est plutôt ma femme qui a discuté avec lui. Il était 21h, là-bas, et il disait qu'il s'en allait manger un steak à l'hôtel. Peut-être qu'après tout ce temps à mal manger, il sera malade demain matin», a-t-il poursuivi.

«Il semblait mécontent du premier ministre Harper. Celui-ci n'a rien fait pour l'aider», a affirmé Raymond Paul.

«Je ne pense pas qu'il puisse quitter le pays, ni même la ville, puisqu'il est sous caution.»

Plus tôt vendredi, la soeur de Paul Ruzycki, Patti Sterling, a déclaré que l'annonce de sa libération était une nouvelle fantastique qui signifie qu'une partie du cauchemar est terminée.

Les militants ont été arrêtés alors qu'ils planifiaient une action qui visait une plateforme de forage de la société d'État russe Gazprom. Ils risquent des peines de sept ans de prison pour hooliganisme. On ne sait pas encore s'ils pourront quitter le pays, mais le président russe Vladimir Poutine a indiqué vendredi que cela pourrait être possible.

«Nous n'avons aucune intention d'exacerber la situation ou de détenir quelqu'un», a-t-il dit lors d'une conférence de presse avec le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.

Pour sa part, l'avocat russe de Greenpeace, Mikhail Kreindlin, a déclaré que rien dans le code criminel russe n'empêcherait les étrangers de quitter le pays, mais que la plupart d'entre eux proviennent de pays dont les citoyens ont besoin d'un visa pour entrer ou sortir de Russie. Me Kreindlin a ajouté que les autorités russes de l'immigration avaient accepté d'émettre des visas de transit, si les enquêteurs l'autorisent.

Un autre avocat bien renseigné, Genri Renzik, a estimé qu'il était peu probable que les étrangers soient autorisés à sortir du pays, mais que les accusations contre eux pourraient être abandonnées dans la cadre d'une amnistie marquant le 20e anniversaire de la Constitution russe, le 12 décembre.

Les proches des deux militants canadiens ont d'ailleurs réclamé l'abandon des accusations.

«Paul est finalement sorti de prison et une partie du cauchemar est terminée, a dit Mme Sterling. Mais ce film d'horreur insensé ne prendra véritablement fin qu'avec l'abandon des accusations de hooliganisme et de piraterie.»

Le photographe russe Denis Sinyakov, qui a été libéré jeudi, pense que la libération des militants a été décidée dans les hautes instances gouvernementales. Selon lui, l'Australien Colin Russell, qui a été le premier à comparaître devant le juge, a été renvoyé en prison simplement parce que le magistrat n'avait pas encore reçu ses ordres.

Par ailleurs, le Tribunal international du droit de la mer, une agence onusienne, a ordonné vendredi à la Russie de libérer immédiatement le navire de Greenpeace et ses membres d'équipage en échange d'une caution de 5 millions $ US.

Le tribunal d'Hambourg, en Allemagne, a statué que la Russie devait immédiatement libérer le navire «Arctic Sunrise» et tous ses membres d'équipage dès le versement de la caution par les Pays-Bas.

Le tribunal a aussi ordonné à la Russie de permettre au navire et aux membres d'équipage de quitter le pays.

Le ministère russe des Affaires étrangères a promis d'étudier la décision.

INOLTRE SU HUFFPOST

Un militant de Greenpeace se suspend au 2e étage de la Tour Eiffel

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.