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Jeunes philanthropes: nouvelle manne pour les institutions culturelles?

Jeunes philanthropes: nouvelle manne pour les institutions culturelles?
Sebastien Roy

Les comités de jeunes philanthropes foisonnent depuis quelques années à Montréal. Pas moins de dix institutions culturelles (dont les Grands Ballets canadiens et le Théâtre du Rideau Vert) se sont dotées de ces comités composés de jeunes professionnels. Leur objectif est double : recueillir des fonds et intéresser les jeunes à leur domaine artistique.

Le Musée d’art contemporain de Montréal (MAC) a été l’un des premiers à lancer l’initiative avec les Printemps du MAC en 2006. Fondé par l’ex-candidate à la mairie de Montréal Mélanie Joly, l'événement visait à sensibiliser les jeunes à l’art contemporain et les inciter à fréquenter davantage le musée.

Ces événements destinés aux jeunes professionnels allient souvent philanthropie et soirées glamour. Par exemple, lors du troisième D-Vernissage de l’année au MBAM, les convives ont pu admirer les œuvres de l’exposition « Pérou : royaumes du soleil et de la lune », avant de faire la fête sous la grande verrière de l'institution. Au menu: provoleta, ceviche de corvina, gaspacho, macarons et champagne.

« Par moments, on a besoin d’inspiration pour reprendre de l’énergie, je crois que l’art permet de voir les choses différemment. La contribution que l’art apporte dans une vie, c’est inquantifiable! », confiait alors le président du Cercle des jeunes philanthropes du MBAM, Marc-Antoine Saumier, en prenant une bouchée. Le jeune trentenaire est aussi directeur de comptes chez Domtar.

Question de survie

Le Cercle de jeunes philanthropes (CJP) a été créé en 2012 par le MBAM pour assurer une relève philanthropique chez les professionnels âgés de 25 à 45 ans. « C’est important de planifier l’avenir, d’avoir une clientèle de mécènes et philanthropes qui succéderont à notre clientèle actuelle », indique Danielle Champagne, directrice de la Fondation du MBAM. Pour devenir un jeune philanthrope, un membre verse une cotisation de 250 $ par an.

Institution privée, le MBAM doit financer son budget de fonctionnement à hauteur de 45 % et ses activités d’acquisitions d’œuvres à 96 %. Pour Danielle Champagne, la philanthropie est bien plus qu’une stratégie. « C’est avant tout une question de survie. Sinon on n’existerait pas. »

Le MBAM compte sur le mécénat depuis sa création en 1860. Les collections se sont même bâties grâce à la philanthropie. Par exemple, le don de la collection des maîtres anciens de Michal et Renata Horstein entraînera la création d'un cinquième pavillon en 2017.

Pour John R. Porter, ex-directeur du Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) et aujourd’hui directeur de la Fondation du MNBAQ, la philanthropie est affaire de conviction. Pour les jeunes comme les moins jeunes, c’est une question de plaisir d’être ensemble, de donner et de prendre part à un projet collectif qui dépasse les individus. Et ultimement, de jouer un rôle déterminant. « Parce le philanthrope ne voudra pas simplement jouer un rôle de suppléant par rapport à l’État. Il va vouloir faire quelque chose de singulier pour l’institution », indique John R. Porter.

Changement de valeurs

La chargée de projet arts-affaires du Conseil des arts de Montréal (CAM), Natalie Chapdelaine, observe, à travers les comités de jeunes philanthropes, l’émergence de leaders plus impliqués dans leur communauté. Un investissement en temps qui s’ajoute à leurs activités privées et professionnelles. « Ils ont une conscience sociale plus élevée que celle des baby-boomers et cela se répercute à différents niveaux selon les intérêts personnels de chacun, croit-elle. L’environnement ou la santé pour certains, la culture pour d’autres.»

Au MBAM, Marc-Antoine Saumier, président du Cercle des jeunes philanthropes, espère développer le mouvement. « Chaque personne a sa conception de la philanthropie, dit-il. Certains vont s’impliquer dans les comités, d’autres vont venir au musée, puis parler de ce qu’ils ont vu dans leur réseau. Toutes ces initiatives permettent au musée d’aller chercher une relève. Les activités du CJP en sont encore à leurs balbutiements. C’est le moment d’amener de nouvelles idées, confie-t-il. Si d’autres organisations veulent créer des liens avec le Cercle, on est preneur. »

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