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Émeute à Victoriaville: la SQ a sous-évalué le risque de débordements, selon une source

La SQ aurait sous-évalué le risque de débordements
PC

QUÉBEC - La Sûreté du Québec avait sous-évalué le risque de débordements qui ont ultimement mené à l'émeute la plus violente durant la crise étudiante du printemps 2012, a appris La Presse Canadienne.

La direction du renseignement de sécurité, à Québec, avait établi la menace à un niveau moyen, deux jours avant une manifestation à Victoriaville où le Parti libéral du Québec tenait un conseil général, a indiqué une source proche des dossiers policiers.

«Le renseignement n'a pas fonctionné», a dit cette personne.

Le jour même de l'événement, le vendredi 4 mai, alors que les manifestants convergeaient vers Victoriaville, la SQ a revu le niveau de menace à élevé, ce qui a nui à la coordination du déploiement policier sur le terrain.

Selon cette source qui a requis l'anonymat, la direction du renseignement de sécurité, sous la responsabilité de José Bernard, n'avait pas sollicité les informations de la direction du renseignement criminel, qui auraient permis d'établir le niveau de risque approprié.

Les équipes du renseignement criminel, à Montréal, disposaient de l'expertise pour reconnaître les mouvements des groupes extrémistes actifs dans la métropole qui se préparaient à aller faire du grabuge à Victoriaville, a dit cette source.

«José Bernard a décidé par souci d'économie d'envoyer l'équipe de Québec, qui ne les connaissait pas, a dit cette personne. Les manifestations à Québec, ce n'était pas la même 'ballgame' qu'à Montréal.»

La manifestation, organisée devant un hôtel de Victoriaville où se trouvaient des militants du PLQ, des membres du gouvernement et le premier ministre Jean Charest, en pleine crise étudiante, a rapidement dégénéré et les policiers ont été débordés.

«Ç'a avait l'air cool au début, il y avait des policiers en bicyclette, a indiqué la source. En deux minutes tout a basculé, des roches ont commencé à être lancées. (…) Ç'a tiré quand les policiers n'avaient pas d'affaire à tirer. C'était la panique.»

L'émeute a fait une dizaine de blessés chez les manifestants et les policiers. José Bernard est maintenant en prêt de service de la Sûreté du Québec auprès de l'agence du Revenu du Québec depuis le 15 avril 2013. Il agit comme directeur principal adjoint de la direction du renseignement.

L'évaluation de menace avait été revue à la hausse le vendredi après le retour des cadres responsables des services d'urgences, le jeudi, qui étaient absents du quartier général de la SQ à Montréal, en raison d'un programme de formation dans un hôtel de la Haute-Mauricie où les communications étaient difficiles, a indiqué la source.

«Ils ont réalisé que la menace était évidente sur les réseaux sociaux, a dit cette personne. L'évaluation est passée au niveau élevé le vendredi matin, juste avant l'arrivée des députés.»

Le responsable des communications à la SQ, le lieutenant Guy Lapointe, a déclaré lundi qu'aucun commentaire ne sera fait avant le témoignage, mardi, du directeur général adjoint de la SQ, Marcel Savard, devant la commission spéciale d'examen des événements du printemps 2012.

«Il serait inapproprié pour nous qu'on commente ça ou qu'on aborde quelque aspect que ce soit du témoignage de M. Savard dans les médias avant de le faire devant les commissaires», a-t-il dit.

Au moment des événements de mai 2012, M. Savard était directeur général adjoint à la surveillance du territoire, et à ce titre responsable de la gestion des mesures d'urgence.

En septembre dernier, le directeur général de la SQ, Mario Laprise, avait affirmé, devant la commission spéciale sur le printemps 2012, que les policiers avaient été surpris par la violence de certains manifestants, une minorité de casseurs dans la foule de plus de 2000 personnes.

Au président de la commission Serge Ménard, qui a repris ses audiences cette semaine, M. Laprise avait confirmé que le niveau de menace avait été établi à élevé.

Mais le directeur général, qui a mis ses cadres à la disposition de la commission, a aussi ajouté que ces événements ont incité la SQ à revoir ses pratiques en matière de renseignement.

Un groupe intégré de renseignement criminel a été mis en place pour faciliter la circulation d'informations à l'interne mais aussi avec le Service de police de la ville de Montréal et la Gendarmerie royale du Canada, avait déclaré M. Laprise.

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