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Pire pays pour les femmes: une étude pointant l'Égypte fait polémique

Pire pays pour les femmes: une étude pointant l'Égypte fait polémique
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L'Egypte est le pire pays au monde pour une femme, d'après un rapport diffusé à grande échelle, récemment publié par Thomson Reuters. Mais des Egyptiennes dénoncent ces résultats comme étant trompeurs et truffés d'erreurs. En effet, il y a une épidémie de violence envers les femmes et de mutilations génitales féminines (MGF), reconnaissent-elles. Mais est-ce justifié d'affirmer que les femmes ont la vie plus dure en Egypte qu'en Arabie saoudite, où elles n'ont souvent pas le droit de quitter leur maison sans la permission d'un homme? Ou en Syrie, où le viol est une arme de guerre?

Pour Mariam Kirollos, co-fondatrice d'Operation Anti-Sexual Harassment/Assault (OpAntiSH), le classement simplifié des pays ne replace pas la situation dans son contexte. "On ne peut pas comparer un viol dans un jardin publique avec l'interdiction pour les femmes de conduire une voiture", explique-t-elle dans une interview au HuffPost.

L'organisation de la célèbre activiste féministe égyptienne a souvent fait des rondes sur la place Tahrir pendant les manifestations de masse, afin de se renseigner sur le nombre d'agressions et travaillant main dans la main avec des volontaires s'employant à faire baisser les hauts taux de violence sexuelle. Mariam Kirollos n'est pas d'accord avec les méthodes de l'enquête, comme d'autres critiques de la région. "Où se trouvaient ces experts?", demande-t-elle, en ajoutant que l'exactitude de certains chiffres et résultats du rapport doivent être remis en question. "Lorsque nous posons la question des méthodes employées pour mener cette enquête, nous ne défendons pas le statut lamentable des droits des femmes dans le région", insiste-t-elle.

Sur 22 pays, l'Egypte arrive en dernier, suivi par l'Irak, l'Arabie Saoudite, la Syrie, le Yémen et le Soudan. Quel est le meilleur endroit pour être une femme? Les Comores (une petite île perdue dans l'Océan Indien) arrivent en première place. D'après l'étude, la situation des femmes est meilleure en Somalie et au Yémen qu'au Liban.

Soraya Bahgat, une fondatrice du groupe Tahrir Bodyguard, a également dénoncé l'approche adoptée par l'étude pour classer les pays. "Le problème, c'est que nous avons atteint un niveau tellement bas en ce qui concerne le droit des femmes et l'éducation en général, que ce classement ne choque plus personne", a-t-elle twitté.

Contactée par le HuffPost, la Thomson Reuters Foundation a fait savoir qu'elle commenterait plus tard.

Depuis son compte @suzeeinthecity, une Egyptienne, a exprimé son point de vue mardi sur Twitter. "J'adorerais entendre ce rapport #Reuter expliquer en quoi les #égyptiennes ont la vie plus dure que les #Saoudiennes."

Plus tard, elle s'est confiée au HuffPost: "Quand tu lis des témoignages de femmes enceintes en Syrie qui sont visées par des snipers et touchées plusieurs fois au ventre ou d'un pasteur en Arabie Saoudite qui a violé sa fille de cinq ans jusqu'à ce que mort s'en suive et qui est sorti de prison, tu te dis que les choses sont bien pires dans d'autres pays."

Mais elle n'ignore pas les horreurs auxquelles de nombreuses femmes doivent faire face chaque jour en Egypte. En juin 2011, elle a écrit un billet satirique sur son blog Diary of a Desk Girl, qui commence ainsi: "Je me réveille chaque matin dans l'attente de me faire agresser sexuellement au Caire. Car un jour sans être sifflée comme du bétail ou tripotée comme un melon sur un étal de fruits et légumes n'existe pas dans cette ville. N'est-ce pas?" Le billet, illustré par une photo sensuelle d'une Marilyn Monroe souriante au-dessus d'une bouche d'aération, sa robe blanche dévoilant ses cuisses, exprime toute l'ironie du harcèlement. "Même le voile ne peut me protéger de mes frères musulmans."

La bloggeuse affirme que son post est toujours vrai aujourd'hui. Plus de deux ans après, elle essuie toujours ce genre de commentaires de la part d'hommes qui cherchent à avoir des rapports sexuels avec elle, des hommes qui n'arrivent pas à saisir le sarcasme dans ses mots. "Ces commentaires rappellent de manière régulière la misogynie ambiante de notre société patriarcale où les femmes sont traitées comme des objets."

Bien que l'étude de Thomson Reuters ait fait controverse, l'activiste Mariam Kirollos espère qu'au moins elle poussera les gens, surtout les hommes, à réfléchir un peu. "Etre une femme en Egypte est un véritable problème", dit-elle simplement. "C'est la merde."

No. 10: Djibouti

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