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Pourquoi a-t-on peur d'aller chez le dentiste? Sans doute à cause du bruit de la fraise

Une équipe de chercheur a demandé à 21 femmes et 13 hommes de 19 à 49 ans de répondre à un questionnaire pour mesurer à quel point ils avaient peur d'aller chez le dentiste.
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Il s'appelle Hiroyuki Karibe et travaille à l'université Nippon Dental, à Tokyo. Vous l'aurez compris, Hiroyuki Karibe est dentiste. Et comme tout dentiste, il fait peur à ses patients. Pourquoi? C'est bien ce qu'il a voulu comprendre. Avec une équipe de psychiatres, il a donc mené l'enquête dont les résultats ont été présentés dimanche à San Diego et relayées par nos confrères du quotidien britannique The Guardian.

Et si à l'origine de l'anxiété du patient, il y avait surtout un son, en l'occurrence, un petit de bruit de roulette: le "zzzzzz" de la fraise du dentiste? Cette hypothèse en tête, Karibe et son équipe ont donc étudié les effets, sur le cerveau des patients, de ce petit bruit annonciateur du carnage buccal à venir. Désormais, c'est une certitude: ce son fait encore plus peur que l'idée même d'une dent arrachée. Explication.

Cobayes

Pour parvenir à ces conclusions, l'équipe de chercheur a demandé à 21 femmes et 13 hommes de 19 à 49 ans de répondre à un questionnaire pour mesurer à quel point ils avaient peur d'aller chez le dentiste. Des questions telles que "Êtes-vous tendu pendant un traitement dentaire?" ou "Vous sentez-vous anxieux quand vous entendez le son de la fraise?"

À la suite de leurs réponses, allant de 1 à 5 (pas du tout à vraiment beaucoup), les patients ont été divisés en deux groupes: l'un ayant très peur du dentiste, l'autre assez peu.

C'est ensuite que ça devient intéressant. Pourquoi? Parce que les cobayes ont été isolés un par un dans une salle, de sorte à ce que leur cerveau soit étudié par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). Bien sûr, pendant le temps du scanner, on leur a joué de doux sons de fraises ou d'instruments grinçants de succion.

"Tous les participants étaient isolés dans la salle de l'IRMf quand ils écoutaient les sons dentaires, donc on ne pouvait pas constater autrement qu'avec le scanner leur façon de réagir aux sons qu'ils entendaient, en revanche on pouvait observer leur réaction à partir de l'activité de leur cerveau", indique au Guardian Hiroyuki Karibe, de l'université Nippon Dental à Tokyo.

Différentes zones du cerveau stimulées

Après avoir effectué ces tests sur tous les participants, les chercheurs ont remarqué qu'en fonction du degré d'effroi des participants, très anxieux ou peu anxieux, les zones du cerveau les plus stimulées à l'écoute de ces sons étaient différentes.

  • Groupe des patients peu anxieux: une zone du cerveau, le gyrus temporal supérieur (gauche et droit) réagit plus aux sons du dentiste qu'à des sons neutres. Ceci montre que les sons dentaires déclenchent plus d'activité dans les aires auditives primaires du cerveau.
  • Groupe des patients très anxieux: une région différente du cerveau, appelée noyau caudé gauche, est activée. Elle joue un rôle dans l'apprentissage et la mémorisation des sons.

Les réponses du cerveau comparé diffèrent donc selon l'inquiétude préalable des personnes. Chez les personnes anxieuses, ces sons semblent leur rappeler de mauvais souvenirs. Et chez ceux qui n'ont pas peur du dentiste, ces sons causent quand même une plus grande activité dans le cerveau que d'autres bruits.

Plus de peur que de mal

Selon Hiroyuki Karibe, si l'on apprend comment réagit le cerveau aux sons, on pourrait permettre aux patients de se sentir plus à l'aise.

"Nous pensons que cette découverte peut être appliquée pour évaluer l'efficacité d'interventions telles que des thérapies comportementales cognitives pour les patients qui ont une forte peur des traitements dentaires", explique-t-il au Guardian.

10% de la population souffrirait d'anxiété sévère en ce qui concerne les rendez-vous chez le dentiste. Ces angoissés repoussent leurs rendez-vous jusqu'à avoir un problème plus urgent. Résultat, c'est un cercle vicieux, car les traitements d'urgence sont plus traumatisants.

Martin Tickle, professeur de santé publique dentaire à l'université de Manchester, précise au Guardian que l'anxiété dentaire est plus courante chez les enfants dont les parents ont eux-mêmes peur du dentiste. Il ajoute que "le plus fort prédicateur de douleur pendant les procédures dentaires étaient l'anxiété. Les patients anxieux avaient 4 fois plus de chance d'expérimenter de la douleur que les parents non anxieux."

Selon un récent sondage qu'il aurait mené sur 451 adultes, 75% disent ne pas ressentir de douleur, même lors d'interventions difficiles. Plus de peur que de mal, une vraie phobie qui a d'ailleurs un nom: la stomatophobie.

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