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«All These Lines»: le folk rock de Ian Kelly

«All These Lines»: le folk rock de Ian Kelly

MONTRÉAL - Le chanteur bilingue montréalais Ian Kelly propose un quatrième disque intitulé All These Lines, dont les dix compositions sont une fois de plus livrées dans la langue de Shakespeare. Réalisation ambitieuse, cette nouvelle mouture était proposée aux Montréalais dans l’antre du Théâtre Corona, jeudi soir. Tout juste après sa performance d’une heure, nous avons rencontré le beau trentenaire.

Il a marqué un joli coup avec ses deuxième et troisième albums de folk pop Speak Your Mind (environ 47 000 exemplaires écoulés) et Diamonds & Plastic (un peu moins de 25 000 disques vendus) : des critiques dans l’ensemble positives au fil des ans, des tournées considérables (pour des concerts de qualité, il faut souligner) au Québec, dont la scène extérieure principale du Festival international de Jazz en 2012, des visites en Allemagne, Suisse, Belgique… La belle histoire.

Nous avions d’ailleurs jasé à l’auteur-compositeur l’été dernier, à la veille de sa participation au plus important festival de musique du Québec. Quelques saisons ont passé, mais rien n’a vraiment changé chez cet artiste de 34 ans, qui continue de chanter en anglais dans un marché québécois essentiellement francophone. Chose encore plus étonnante, c’est chez Audiogram qu’il a construit sa niche. Et puis après ? Ça fonctionne et tant mieux.

À Morin Heights, son patelin, il a composé [automne et hiver 2012] en solitaire une cinquantaine de morceaux dans lesquels Éloi Painchaud (Élisapie, Jorane, Paul Daraiche, Daniel Lavoie), coréalisateur, s’est investi pour trier les plus prometteurs : « Je voulais quelqu’un capable de faire les bons choix dans cette quantité de chansons. Je désirais aussi apporter une touche un peu plus rock que les albums précédents. Éloi est un gars qui n’est pas gêné d’en mettre du bruit. Il est spontané, inspiré, organique et même animal ! Il aime pousser les limites. Il adore que les aiguilles soient dans le rouge. Je pense qu’ensemble nous avons trouvé un bel équilibre. »

Maturité

C’est avec assurance que Ian Kelly explique son travail. Il a cette confiance bien méritée qu’il a construite à force de bucher. Rien ne semble compliqué chez lui, pas plus que sur son album : mélodies assez efficaces mais sans fla fla, arrangements soignés et énergiques [il faut relativiser un brin le mot énergique] mais sans fioritures, des paroles réfléchies mais sans lourdeur, puis une jolie sensibilité (The Astronaut ou encore The Best Years, sur laquelle chante Coral Egan) qui ne tombe pas dans la mièvrerie. En somme, son travail est le fruit d’une maturité certaine.

Seul bémol, ce disque est peut-être un peu trop mature, justement. Certains diraient poli (dans les deux sens du terme), propre, sans hargne ou audace véritable. Soit. Manque de chien, de fougue, de folie ? Possible. Pourtant l’album est « un peu moins folk et légèrement plus rock. » Pensons aux pièces Do You Love The Rain et Gold.

Qu’à cela ne tienne, le gars a du talent et, de ce fait, il a trouvé un public qui semble prêt à le suivre, malgré les légers changements.

« En ce moment, j’ai envie de faire de la musique qui bouge », lance Ian Kelly avec aplomb. En effet, bien que la mélancolie de Diamonds & Plastic soit encore palpable sur le nouvel album, il est vrai que l’ensemble demeure plus « up lifting », plus rythmique.

Optimiste pessimiste

Quant aux thèmes abordés, ils rejoignent en quelque sorte ceux des disques précédents, à savoir ceux d’un homme qui vit les deux pieds sur terre, pour le meilleur et pour le pire. Il parle de son enfance, de l’avidité (système économique qui délire) et de la cupidité des hommes, de notre planète qui s’essouffle (sans nous essouffler nous aussi), de l’amour. Or, exit la déprime et le moralisme.

« Politique, environnement, pétrole, économie sauvage, ours polaire (en péril), parfois je capote, raconte Kelly. Mais bon, je veux malgré tout croire que des solutions sont encore envisageables. Disons que je surfe sur le paradoxe qui nous habite tous avec une approche pas trop défaitiste au final. »

Du côté de la scène, il a toujours cette voix soignée et forte. Toujours cette belle énergie et toujours cette attitude sympathique, décontracte, mais assurée. C’est d’ailleurs sur les planches, encore une fois, que se révèle le point fort du chanteur, qui arrive de belle façon à magnifier cet album plus qu’honnête.

À souligner que les quatre musiciens qui l’accompagnaient pour les concerts des deux dernières années - Maurice Williams à la basse, Mark Nelson à la batterie, Sandy Belfort aux claviers et Didace Grondin-Brouillette à la guitare – ont laissé leur place à Jonathan Cayer aux claviers, Josh Toal à la basse ainsi que Kevin Warren à la batterie. « Cette fois-ci, je voulais des musiciens très polyvalents pour pouvoir utiliser un maximum d’instruments sur scène », conclut le chanteur et guitariste.

L’album All These Lines est en vente depuis mardi. Une série de concerts est prévue à compter de mars 2014.

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