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Falstaff à l'Opéra de Montréal : Marie-Nicole Lemieux revient chez elle après avoir séduit le monde (ENTREVUE)

Marie-Nicole Lemieux revient chez elle
Denis Rouvre

Afin de souligner le 200e anniversaire de Giuseppe Verdi, l’Opéra de Montréal présentera du 9 au 16 novembre prochain Falstaff, le dernier opéra créé par le célèbre compositeur. Parmi les interprètes de cette comédie burlesque tourbillonnante, Marie-Nicole Lemieux tiendra le rôle de Mrs Quickly, après l’avoir jouée à Francfort, Paris, Vienne, Munich, Milan et Glyndebourne au cours des 10 dernières années.

Quand il est question de Verdi, Marie-Nicole Lemieux s’enflamme et décrit l’homme comme un génie. «Tous ses opéras sont incroyables ! Avec son talent de mélodiste, il a la faculté d’être accessible et d’aller chercher les gens. Et j’admire le fait qu’il a toujours continué d’évoluer. En écrivant Falstaff, il a terminé sa carrière avec une blague, alors qu’il n’avait jamais fait de comédie auparavant.»

Bien qu’elle ait interprété Mrs Quickly à plusieurs reprises depuis 2003, la chanteuse est loin d’être lasse de son personnage. «On peut se tanner de refaire certains rôles, mais pas celui-là. La première fois que j’ai écouté l’opéra, j’ai ressenti une impression de fraîcheur et j’ai découvert des couleurs orchestrales magnifiques. Contrairement à d’autres opéras de Verdi, qui sont composés d’airs qui font pleurer, Falstaff n’a pratiquement pas d’airs. C’est plutôt un théâtre musical comique qui nécessite des chanteurs capables de jouer. On est souvent 10 à chanter en même temps et mon personnage est presque toujours dans l’action. C’est quelque chose à voir !»

Rieuse et chaleureuse dans la vie de tous les jours, Lemieux n’a d’ailleurs pas le moindre mal à jouer les farces musicales. «Pour moi, le chant classique est une exultation et un exercice de joie. À vrai dire, on travaille la voix pour être libre de toute contrition. L’idéal, c’est d’être dans le bonheur, la détente et le relâchement. Techniquement parlant, le rire n’est pas un obstacle à la précision vocale. Si mon rire est placé, ma voix est placée. C’est naturel pour moi d’être rigolote, alors que c’est pas mal plus difficile d’interpréter quelqu’un de fade.»

Un défi de grandeur

Tout au long du spectacle, Sir John Falstaff se fera humilier par les femmes mariées à qui il envoie des lettres d’amour, persuadé que son capital de séduction est encore efficace, malgré les années qui ont passé. Cette histoire sera racontée sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier, où Marie-Nicole Lemieux n’a pas chanté depuis 2009.

Malgré son expérience, elle reste pleinement consciente du défi de grandeur imposé par la salle principale de la Place des arts. «Vue la taille de la salle, c’est beaucoup plus difficile de connecter avec le public. Ouvrir son jeu pour 2000-3000 personnes, c’est bien différent que pour 200 personnes. En répétitions, il faut être rusé et ne pas jouer trop gros. Une fois sur scène, on s’ajuste pour que nos gestes soient bien compris jusqu’au fond de la salle.»

N’empêche, Marie-Nicole Lemieux en a vu d’autres. Au mois de janvier dernier, la Saguenéenne d’origine a foulé les planches de la prestigieuse Scala de Milan pour la toute première fois. «Lors de la première, il a fallu que je me batte. Le public est rough et il veut toujours entendre de très grandes voix. Je me rappelle avoir chanté jusque dans mes orteils en me disant "mangez toute de la chnoute". J’ai essayé de me laisser aller le plus possible.»

Trois ans après avoir reçu le prix du « Meilleur enregistrement solo international » de l’Académie Charles Cros pour son album Ne me refuse pas, la Québécoise a lancé deux disques en septembre dernier : Passion Lemieux, une compilation des plus beaux airs d’opéra qu’elle a chantés depuis le début de sa carrière (Vivaldi, Massenet, Mozart, Handel, etc.), ainsi que Lettres de Madame Roy à sa fille, un projet mené par André Gagnon et Michel Tremblay.

«C’est un cadeau de la vie ! Gabrielle Roy est mon auteure favorite, j’adore Michel Tremblay et j’ai beaucoup de respect pour André Gagnon. En plus, il est question d’une mère qui s’ennuie de sa fille parce qu’elle est partie à l’étranger. C’est un peu mon propre vécu. Je me suis approprié le projet et j’en profité comme une bouteille de vin qu’on boit jusqu’à la dernière goutte. C’est une œuvre très touchante et j’espère pouvoir la refaire sur scène.»

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