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Pourquoi les jeunes Japonais ne font-ils plus l'amour?

Pourquoi les jeunes Japonais ne font-ils plus l'amour?
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SEXUALITÉ - Alors que dans nos sociétés le sexe est partout, tout le temps, au Japon, les jeunes ne font plus l'amour. Du moins, ils ont tendance à éviter toute forme d'intimité et rejettent l'engagement et le mariage au premier chef. Un phénomène, qui pourrait bientôt toucher tous les pays développés, est l'objet d'une enquête réalisée auprès de jeunes Japonais par Abigail Haworth, journaliste au Guardian.

"Sekkusu shinai shokogun", le "syndrome du célibat", comme disent les médias japonais. Des millions de Japonais ne seraient plus intéressés par une quelconque relation, qu'elle soit de longue durée, d'un soir, ou purement sexuelle. Les Japonais ont appris à vivre sans sexe, ou plutôt, ne veulent plus s'en embarrasser. A partir des témoignages recueillis par Abigail Haworth, quelques facteurs permettent d'éclairer cette tendance.

Des événements traumatisants

Après 20 ans de stagnation économique, le pays serait aujourd'hui en pleine transition sociale. Par ailleurs, traumatisés par les événements de ces dernières années, les Japonais trouveraient les relations futiles. Fukushima, tremblements de terre, tsunami... "Ils ne voient plus l'intérêt de l'amour. Ils ne croient pas que cela puisse mener où que ce soit", indique Ai Aoyama, la conseillère en relations interrogée par le Guardian.

Le rejet d'un ancien modèle familial

L'homme salarié, la femme au foyer, ce "modèle familial anachronique" continue à peser en tant que norme. 70% des Japonaises quittent leur emploi après le premier enfant. Les chances de promotion sont inexistantes dès lors qu'un mariage est envisagé. Pour le World Economic Forum, le Japon est considéré comme l'un des pires pays en ce qui concerne l'égalité des genres au travail. Le gouvernement fait pourtant des efforts: le Premier ministre Shinzo Abe a proclamé récemment la mise en place de programmes pour accroître la participation économique des femmes..

Mais les Japonais, eux, désirent autre chose. Aujourd'hui, le mariage n'est plus attrayant. Pour les hommes, le temps de l'emploi à vie, de la solvabilité et de la sécurité est passé. Les femmes, elles, sont devenus "plus indépendantes et ambitieuses".

D'un côté, le couple devient financièrement contraignant. Les hommes ont peur de la responsabilité qui pourrait découler de leur engagement. Les enfants coûtent chers, le mariage aussi.

De l'autre côté, les femmes voient l'engagement comme "la tombe de leur carrière". L'une des Japonaises interrogées par la journaliste, Eri Tomita, 32 ans, avoue éviter tout attachement pour se concentrer sur son travail.

Mais ce n'est pas uniquement l'engagement que les Japonais mettent de côté, c'est aussi toute forme d'intimité. Certaines des personnes interrogées font preuve d'une réelle phobie des relations. C'est certainement pour cette raison que certains se tournent vers des relations sexuelles plus informelles ou d'un soir. Là encore, ce n'est pas si simple. Les filles qui se laissent aller à ce genre de pratiques sont toujours très mal perçues, et préfèrent donc tout simplement éviter ce problème.

Un environnement parfait pour le célibat

Le Japon est probablement le pays idéal pour le célibataire: portions individuelles de nourriture dans toutes les rues, bars à emporter, cafés réservés aux femmes... Tout est fait, semble-t-il, pour ne pas encourager la mise en couple.

Quand ce n'est pas l'environnement urbain, c'est l'environnement technologique qui joue. Pornographie, partenaires dans des jeux virtuels, dessins animés, réseaux sociaux... Les Japonais ont tendance à s'enfermer dans un monde virtuel, quitte à être physiquement déconnectés les uns des autres.

S'ajoutent à ceci quelques pathologies sociales: reclus, geeks qui mettent du temps à se connecter au monde extérieur, jeunes qui restent vivre chez leurs parents jusqu'à un âge avancé (sur les 13 millions de non mariés vivant encore chez les parents, 3 millions auraient plus de 35 ans).

Le futur des pays développés?

Selon un sondage de 2011, parmi les Japonais non mariés âgés de 18 à 34 ans, 61% des hommes et 49% des femmes n'étaient impliqués dans aucune relation amoureuse, ce qui représente 10% de plus que les cinq années précédentes. Selon une autre étude, un tiers des personnes âgées de moins de 30 ans n'ont jamais eu de rendez-vous. Et, d'après un sondage de la Japan Family Planning Association, 45% des femmes âgées de 16 à 24 ans ne sont pas intéressées, voire méprisent, le contact sexuel.

"La Japon nous donne-t-il un aperçu de notre futur? Les nombreux changement dont il témoigne se déroulent aussi dans d'autres nations avancées. A travers l'Asie urbaine, l'Europe et l'Amérique, les gens se marient plus tard ou pas du tout, les taux de naissance s'écroulent, les foyers à un seul habitant se font de plus en plus nombreux et, dans les pays où la récession économique est la pire, les jeunes restent à la maison.", interroge la journaliste.

Selon un sondage Ifop réalisé pour le laboratoire Mylan, 68% des Français se déclarent satisfaits de leur vie sexuelle. Mais chez nous aussi, l'engagement en termes de mariage se fait moindre: un peu plus de 300 000 en 2000 contre 241 000 en 2012 (mais plus de PACS) selon l'Insee.

On peut également noter qu'en France, l'asexualité fait de plus en plus parler d'elle. Il existe désormais une journée de l'asexualité. Le fait de ne pas avoir envie d'avoir de relations sexuelles avec autrui toucherait 1% de la population, selon une étude de 2004. Ce chiffre pourrait être plus élevé aujourd'hui. L'asexualité, contrairement à l'abstinence, n'est pas un choix. Elle est le fait de ne pas ressentir de désir. Les prémices du phénomène japonais?

Si le Japon fait également face à des traumatismes que nous ne pouvons qu'imaginer, nous pourrions, dans un contexte économiquement difficile, être les prochaines victimes du "sekkusu shina shokogun".

Lire l'article du Guardian ici

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