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«On est trop dépendant des Américains. Il faut se diversifier», dit Jean Charest (ENTREVUE)

«On est trop dépendant des Américains. Il faut se diversifier», dit Jean Charest (ENTREVUE)
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L'ex-premier ministre Jean Charest ne tarit pas d'éloges au sujet de l'accord de libre-échange Canada-Union européenne signé vendredi à Bruxelles.

Cette nouvelle entente permettra d'abolir 98% des tarifs douaniers afin d'augmenter les échanges commerciaux entre le Canada et l'Europe.

C'est Jean Charest lui-même qui a été le premier à proposer un accord de libre-échange avec l'Europe. Sous l'impulsion du milieu des affaires canadien, il a approché le commissaire au commerce de l'Union européenne, Peter Mandelson, lors de la rencontre de Davos en 2007.

«Mandelson a accepté, mais à la condition que les provinces soient à la table, explique Jean Charest. C'est la première fois dans notre histoire que les provinces participent directement aux négociations.»

Jean Charest explique que les Européens souhaitaient voir les provinces à la table pour s'assurer d'avoir accès aux marchés provinciaux, notamment les appels d'offres gouvernementaux. «Le Canada est un pays très décentralisé et certains enjeux relevaient des compétences provinciales», explique-t-il.

Pour l'ex-premier ministre libéral, l'exportation est essentielle à l'économie canadienne. «Avec 35 millions d'habitants, on a besoin d'avoir accès à des marchés étrangers», soutient-il.

«On est trop dépendant des Américains. Il faut se diversifier», ajoute Jean Charest.

Pour l'important secteur manufacturier du Québec, qui compte pour environ 15% du PIB, cela signifie plus de débouchés. Les secteurs de l'aluminium et de l'aéronautique, notamment, pourront lorgner l'Europe.

«Ça nous place en plein milieu du marché économique le plus puissant au monde, souligne Jean Charest. On est dans la plus grande zone de libre-échange au monde avec cette entente. On fait partie de l'ALENA qui compte 450 millions de personnes et l'Europe c'est 500 millions de consommateurs. Évidemment, le cycle économique est mauvais pour eux, mais c'est un cycle.»

Consommateurs

Les familles canadiennes moyennes devraient également bénéficier de l'abolition des tarifs douaniers. «Ça va baisser le prix des biens de consommation, dit Jean Charest. Des études faites préalablement disent que le gain pourrait aller jusqu'à 1000$ de revenus disponibles supplémentaires dans quelques années.»

Devant la crainte des producteurs de fromages de voir les produits européens inonder le marché québécois, Jean Charest se fait rassurant. «Il y aura une mise en oeuvre graduelle avec un programme de compensations», rappelle-t-il.

Les Européens, dit Jean Charest, étaient particulièrement intéressés par les marchés publics du Canada. Il cite en exemple le remplacement des rames de métro de Montréal. Le gouvernement de Jean Charest avait d'abord accordé le contrat à Bombardier. À la suite d'une plainte d'Alstom devant les tribunaux, les deux entreprises ont créé un consortium. «Dans une entente comme celle-ci, les règles seront établies, elles seront claires», dit-il.

La nouvelle entente aura toutefois peu d'impact sur la mobilité de la main-d'oeuvre, bien qu'une section y soit consacrée. Seuls les États peuvent signer un accord bilatéral sur la mobilité des travailleurs, au sein de l'Union européenne. «Mais l'entente signée aujourd'hui viendra appuyer les accords qui seront signés par les États», explique Jean Charest.

Malgré l'opposition des producteurs fromagers à cet accord, Jean Charest s'attend à ce que le Québec ratifie l'entente. «Je m'attends à ce que Québec l'appuie, tellement l'entente est bonne, dit-il. Ça nous repositionne sur la planète.»

Jean Charest va même plus loin et affirme que l'intégration du Canada dans une zone de libre-échange avec l'Europe et les États-Unis a des répercussions géopolitiques. Face à la montée des pays émergents, l'Occident doit former un bloc. «Il faut déterminer qui va dicter les règles du commerce», affirme-t-il.

Pour la suite, Jean Charest espère que les pays travailleront à uniformiser les normes (environnementales, sécuritaires, sanitaires, etc.) afin que les produits puissent être vendus partout en Occident. «Je dirais que c'est le prochain grand chantier.»

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