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Devenir conseiller d'arrondissement, pourquoi pas?

Devenir conseiller d'arrondissement, pourquoi pas?

Le 3 novembre, les Montréalais sont appelés à élire leur maire et à faire leur choix au niveau de leur arrondissement. Mais qu'est-ce qui pousse les jeunes - et les moins jeunes - à se présenter au poste de conseiller d'arrondissement?

Un texte de Ximena Sampson

Le monde municipal a été échaudé au cours de la dernière année par les témoignages à la commission Charbonneau. Les allégations de corruption et de collusion inciteront d'ailleurs 42 % des Montréalais à aller voter le 3 novembre.

Mais près d'un tiers d'entre eux affirment être découragés de la politique municipale et disent avoir « beaucoup moins l'intention d'y participer ».

À Montréal, 19 % des candidats aux élections municipales ont entre 18 et 35 ans, soit un peu moins que leur poids dans la population montréalaise, qui est de 24 %. Et c'est à l'échelon du conseil d'arrondissement que l'on trouve le plus grand nombre de jeunes et de femmes.

Radio-Canada a rencontré quatre jeunes candidats, qui nous expliquent ce qui a motivé leur décision :

  • David Nelson, 26 ans
  • Jean-Dominic Lévesque-René, 30 ans
  • Marie-Ève Brunet, 29 ans
  • Kristi de Bonville, 33 ans

David Nelson, 26 ans

  • Candidat au poste de conseiller d'arrondissement pour le district Marie-Clarac dans l'arrondissement de Montréal-Nord pour le parti Projet Montréal
  • Baccalauréat en science politique avec spécialisation en administration publique et politique publique. Il suit présentement des études de maîtrise en administration publique à l'École nationale en administration publique (ENAP).

David Nelson est le premier d'une famille de six enfants à obtenir un diplôme universitaire. Né en Haïti, élevé à Montréal-Nord par une mère chef de famille monoparentale, c'est pour lui une grande source de fierté d'avoir réussi dans ses études, alors que tant de ses anciens camarades d'école ont décroché en cours de route. Il veut être un exemple pour ses frères et surs, mais aussi pour d'autres jeunes de l'arrondissement qui peinent à trouver leur voie.

Il a siégé pendant deux ans au Conseil jeunesse de Montréal, un organisme consultatif responsable de s'assurer de la prise en compte des préoccupations des jeunes de 12 à 30 ans dans les décisions de l'administration municipale.

C'est avant tout son désir de servir les citoyens de son quartier qui l'a motivé à faire le saut en politique, ainsi que la crise de la gouvernance municipale.« J'ai une affinité pour Montréal-Nord, étant donné que c'est le quartier dans lequel j'ai grandi, alors j'ai décidé de servir les citoyens desquels je suis le plus proche », déclare-t-il.

Il dit vouloir redonner confiance aux citoyens qui se méfient des politiciens à la suite des scandales de la dernière année. C'est d'ailleurs ce qui l'a poussé à faire le choix de se présenter pour Projet Montréal.

« C'est un parti que je suis depuis plusieurs années. Il s'implique beaucoup auprès des jeunes, c'est un parti vert et ça représente mes valeurs [...] Ce n'est pas un parti qui a commencé à se dire intègre au cours de la dernière année avec la commission Charbonneau. Ils ont toujours été intègres. »

Le conseil d'arrondissement est, pour lui, une première étape pour entrer en politique.« J'ai choisi d'aller au niveau micro, au poste de conseiller d'arrondissement, afin d'acquérir plus d'expérience », soutient M. Nelson.

Jean-Dominic Lévesque-René, 30 ans

  • Candidat au poste de conseiller d'arrondissement pour le district Jacques-Bizard dans l'arrondissement LÎle-Bizard-Sainte-Geneviève pour le Parti du Vrai changement pour Montréal - Groupe Mélanie Joly
  • Baccalauréat en science politique avec spécialisation en administration publique et politique publique
  • Administrateur à la Banque Nationale

Pour Jean-Dominic Lévesque-René, la politique est une passion depuis l'enfance. À l'âge de 10 ans, il a souffert d'un cancer. En faisant des recherches sur les causes possibles, il a découvert un lien entre cette sorte de cancer (un lymphome malin non hodgkinien) et l'herbicide 2,4-D, utilisé à grande échelle à L'Île-Bizard, où il habitait. « C'est à ce moment-là que j'ai pris la décision de partir en lutte pour l'interdiction des pesticides », soutient-il.

Il a organisé des marches, pris d'assaut les conseils municipaux et les assemblées pour demander l'interdiction de l'herbicide, ce qu'il a finalement obtenu. Cette croisade lui a valu de nombreuses récompenses, dont le prix Terry-Fox, en 1996, et le prix Global 500 catégorie Jeunes des Nations unies pour l'environnement, en 2001.

C'est la troisième fois qu'il se présente en tant que conseiller d'arrondissement à L'Île-Bizard. Aux élections de 2009 et pour la partielle de 2010, il l'avait fait sous la bannière de Projet Montréal. Mais cette année, c'est avec le parti de Mélanie Joly qu'il espère remporter le poste. Le parti de Richard Bergeron, dit-il, était trop axé sur le centre-ville et ne se souciait pas assez des anciennes villes de l'ouest de l'île. « La vision n'était plus la même, on ne se rejoignait plus au niveau des idées », dit-il.

Sa candidature au poste de conseiller d'arrondissement est « la première étape » d'un long parcours, affirme M. Lévesque-René.

Plus tard, il aimerait se présenter en tant que maire et éventuellement se tourner vers la politique fédérale ou provinciale, « dépendamment de qui me donne ma chance. »

Marie-Ève Brunet, 29 ans

  • Candidate au poste de conseillère d'arrondissement pour le district Champlain-Île-des-Soeurs dans l'arrondissement Verdun pour l'Équipe Denis Coderre.
  • Elle réalise actuellement un certificat en gestion appliquée à la police et à la sécurité
  • Directrice générale d'Action prévention Verdun

C'est le travail avec la communauté qui est au cur de l'engagement politique de Marie-Ève Brunet. En tant que directrice de Tandem Montréal, un programme de soutien à l'action citoyenne en sécurité urbaine, elle a côtoyé des organismes municipaux et les problèmes qu'elle y a rencontrés lui ont donné envie d'agir. « Depuis plusieurs années, je voyais des choses qui ne fonctionnaient pas bien et qui pourraient être plus efficaces si on les abordait avec une nouvelle vision », affirme-t-elle.

Les révélations de la commission Charbonneau au cours de la dernière année ont été un élément supplémentaire. « Le cynisme que ça a apporté, auprès de moi-même et de mon entourage, a été vraiment un moteur d'action », soutient Mme Brunet. « Dans le communautaire, quand il y a des problématiques, on se met en mode solution, on se met en mode "on va changer les choses". »

L'élément déclencheur a été le fait qu'elle a été approchée par trois partis qui lui proposaient de se présenter sous leur bannière. « Non seulement j'avais un intérêt de vouloir changer les choses, je voyais aussi qu'il y avait une possibilité », déclare la candidate.

« Mais je ne me serais pas lancée si ce n'avait pas été avec une équipe forte. » Après avoir rencontré les membres de l'équipe de Denis Coderre dans Verdun, elle a choisi son camp. « J'ai dit : "oui, ça me ressemble assez pour pouvoir défendre [le programme du parti] et faire avancer des dossiers". »

Puisqu'elle travaille dans un organisme dépendant de la ville, par souci de transparence, Marie-Ève Brunet a l'intention de démissionner si elle est élue et de se consacrer à son arrondissement, à ses études et à sa famille.

Kristi de Bonville, 33 ans

  • Candidate au poste de conseillère d'arrondissement pour le district Saint-Henri-Petite-Bourgogne-Pointe-Saint-Charles dans l'arrondissement du Sud-Ouest pour la Coalition Montréal - Marcel Côté.
  • Baccalauréat en éducation spécialisée de l'Université Concordia.
  • Copropriétaire du restaurant Le Kitchen, dans la Petite-Bourgogne.

Kristi de Bonville a des étoiles dans les yeux quand elle parle de son arrondissement, le Sud-Ouest. C'est vraiment l'amour pour sa communauté qui a poussé cette jeune restauratrice à se lancer en politique municipale.

« Ce qui m'intéresse, c'est vraiment mon quartier, mon arrondissement, les gens qui sont ici. Quand je fais du porte à porte, que je vais dans des événements, je rencontre mes voisins, je peux leur parler, les écouter. De le faire encore pendant quatre ans, ce sera une super belle expérience. »

Après avoir voyagé un peu partout dans le monde, Kristi de Bonville est revenue se fixer à Saint-Henri. Elle a ouvert un restaurant végétalien sur la rue Notre-Dame en janvier dernier et c'est ainsi qu'elle s'est peu à peu impliquée dans son quartier.

Le projet d'aménager le petit parc attenant au restaurant l'a poussée à rencontrer les élus municipaux. Le résultat a été concluant : le parc a été nettoyé, on y a installé de nouvelles chaises et un piano public. Pour Kristi de Bonville, c'était un moment marquant.

« Dimanche dernier, pour le concert dans le parc avec Oliver Jones il y avait une centaine de personnes », explique-t-elle. « J'avais des frissons parce que j'étais tellement heureuse. Voilà un an, il n'y a rien qui se serait passé dans ce parc-là. [...] Comme beaucoup de Montréalais, j'étais blasée. Mais j'ai vu ce qu'on peut faire [...] Ça m'a donné un nouveau regard sur la politique municipale. »

À la suite de ce projet, ce sont les élus de Coalition Montréal qui lui ont proposé de faire partie de l'équipe pour les prochaines élections. Kristi de Bonville dit avoir posé beaucoup de questions avant de se décider.

Elle a de l'énergie à revendre et pense bien pouvoir mener de front les deux projets, comme elle l'a fait pendant la campagne. Mme de Bonville n'a pas peur des semaines bien remplies

« Je sais qu'il y a des dossiers qui prendront plus de temps », dit-elle. « Il va y avoir des semaines où je vais avoir plus à donner, mais j'ai une super belle communauté autour de moi. [...] Le restaurant me garde près des citoyens, les gens qui viennent me voir sont des gens du quartier. [...] Si je suis élue, ce sera comme un bureau de service à la clientèle. »

SAVIEZ-VOUS QUE...

  • Au Québec, les conseillers d'arrondissement ont une rémunération de base qui varie entre 29 309 $ et 40 583 $, selon les arrondissements, en plus d'une allocation de dépenses.
  • Les conseils d'arrondissement comptent un minimum de trois membres; le nombre de membres dépend du nombre de personnes résidant dans l'arrondissement.
  • Le conseil d'arrondissement est responsable des services directs à la population : propreté des lieux publics, entretien et réfection de la voirie municipale, distribution d'eau potable, activités sportives et culturelles, parcs locaux, développement social et aménagement urbain.
  • Les assemblées du conseil d'arrondissement ont lieu une fois par mois.