Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

L'ancien enquêteur Benoit Roberge reste derrière les barreaux pour le moment

Benoit Roberge reste derrière les barreaux pour le moment
Radio-Canada

L'ancien enquêteur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) Benoit Roberge retourne en prison sans avoir pu demander au juge une remise en liberté. L'avocat de M. Roberge, Giuseppe Battista, s'est retiré du dossier en invoquant un conflit d'intérêts.

« Je ne peux pas continuer à occuper dans ce dossier, j'en ai avisé mon collègue de la poursuite et un nouvel avocat, Me Gérald Soulière, entre au dossier », a déclaré M. Battista au juge.

La cause de M. Roberge reviendra devant le juge le 17 octobre prochain, mais en l'absence de l'accusé. Le nouvel avocat de M. Roberge doit prendre connaissance de la preuve et se présenter en cour jeudi prochain pour qu'une nouvelle date soit fixée pour l'enquête sur remise en liberté.

Visiblement abattu, le dos voûté, M. Roberge a murmuré son consentement au changement d'avocat au juge.

Arrêté samedi dernier et accusé d'avoir vendu des informations à des motards criminels, M. Roberge tentera d'obtenir une libération conditionnelle en attendant la suite des procédures judiciaires dont il fait l'objet.

La Couronne s'oppose à sa remise en liberté. L'enquêteur au dossier exposera les éléments de la preuve les plus incriminants afin de convaincre le juge de l'importance de garder M. Roberge sous les verrous. Le juge devra ensuite décider si M. Roberge doit demeurer incarcéré.

La situation est particulière puisque M. Roberge n'a aucun antécédent judiciaire. Il a mené une carrière de policier honorable jusqu'à maintenant et il dispose des ressources financières pour déposer un cautionnement garantissant sa présence en cour au moment requis. Par ailleurs, M. Roberge dispose de renseignements sensibles, et les accusations auxquelles il fait face sont très graves.

L'ancien sergent-détective spécialisé dans la lutte contre les motards criminels aurait vendu des informations à un membre des Hells Angels parmi les plus influents du groupe criminel, René Charlebois. Ce dernier s'était évadé de prison à la mi-septembre. Coincé par les policiers, il s'est enlevé la vie 12 jours plus tard.

Nouvellement retraité du SPVM, Benoit Roberge était d'ailleurs en compagnie d'un membre des Hells au moment de son arrestation, samedi soir sur la Rive-Sud de Montréal. L'ex-policier a comparu au palais de justice de Montréal, lundi, pour répondre à quatre chefs d'accusation, dont deux de gangstérisme, un d'entrave à la justice et un autre d'abus de confiance.

Les faits qui lui sont reprochés sont survenus entre le 1er janvier 2010 et le 6 octobre 2013.

Des dommages collatéraux

Les accusations dont fait l'objet M. Roberge affectent également sa conjointe. L'avocate Nancy Potvin a été relevée de ses fonctions de procureure de la Couronne au Bureau de lutte contre le crime organisé. Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a pris la décision de la « relever provisoirement de ses fonctions avec traitement et tous ses accès aux dossiers et aux locaux du DPCP lui ont été retirés », a-t-il indiqué dans un communiqué publié mercredi soir.

La procureure a offert sa collaboration aux enquêteurs de la Sûreté du Québec qui confirme que Mme Potvin ignorait les activités qui sont reprochées à son conjoint.

La décision de la suspendre a été prise samedi, dès l'arrestation de son conjoint. Le bureau du DPCP souligne qu'il devait agir ainsi puisque Mme Potvin se trouvait à l'extérieur du pays et qu'on ignorait si elle était impliquée dans les actions reprochées à son conjoint. « Cette mesure pourra, à la lumière des informations que nous avons eues hier en fin de journée, être éventuellement réévaluée », explique la porte-parole du DPCP, Martine Bérubé. Mais pour l'heure, nous allons permettre de reprendre le contrôle de sa vie personnelle.

De son côté, le chef du SPVM, Marc Parent, a déclaré mercredi que l'arrestation de l'ancien sergent-détective constituait un coup dur pour la communauté policière et l'administration de la justice. Il compte maintenant faire de ce dossier « une priorité nationale ».

« Tout le monde, on se sent trahis », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse au quartier général du SPVM. Cette affaire, a-t-il ajouté, est « inacceptable » et « extrêmement exigeante sur le plan émotif » pour tous les policiers qui luttent contre le crime organisé.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.