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La GRC soulève de nouvelles allégations contre le sénateur Mike Duffy

La GRC soulève de nouvelles allégations contre le sénateur Mike Duffy
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OTTAWA - Mike Duffy se trouve à nouveau dans des eaux troubles: la Gendarmerie royale du Canada allègue que le sénateur aurait accordé des contrats d'une valeur totale de 65 000 $ à un ami, qui n'a pourtant pas réalisé grand-chose pour ce salaire.

La GRC a déposé mardi une requête devant une cour d'Ottawa pour avoir accès à des relevés bancaires en lien avec ces allégations. Aucune accusation n'a encore été portée contre M. Duffy en lien avec les nouvelles allégations de fraude et d'abus de confiance.

«L'enquête a permis de conclure que le sénateur Duffy avait embauché un ami à titre de consultant pour une période d'environ quatre ans, et qu'il lui a versé une rémunération d'environ 65 000 $ pour très peu de travail effectué — voire aucun», a indiqué le principal enquêteur de la GRC dans cette affaire, le caporal Greg Horton.

Dans un courriel, le sénateur Duffy a écrit qu'il serait «inapproprié» pour lui de commenter cette affaire puisque l'enquête de la GRC est toujours en cours.

Selon des documents du Sénat obtenus par la police, M. Duffy a retenu, entre 2009 et 2012, les services d'un ancien collègue du milieu de la télévision pour des contrats de rédaction incluant des discours, des conseils sur la conception et le développement d'une page web, et des services de consultation sur les médias.

La GRC scrutait déjà d'autres documents en lien avec les réclamations de frais d'hébergement et les déplacements de M. Duffy, et le don de 90 000 $ qui lui avait été versé par l'ancien chef de cabinet du premier ministre Stephen Harper, Nigel Wright, pour rembourser ces allocations indûment réclamées.

Un enquêteur qui examinait ces documents a alors signalé l'existence d'une série de paiements versés à un ami de M. Duffy, Gerald Donahue, un ancien technicien sur des plateaux de télévision. Le salaire ainsi versé représentait 57 pour cent des frais de bureau du sénateur Duffy.

Or, M. Donahue a déclaré à la police n'avoir jamais rédigé quoi que ce soit, pas plus qu'il n'a produit de documents de travail concrets ou de rapports écrits, ni travaillé sur le site web de son ami sénateur. Sa compagnie ne comptait par ailleurs aucun autre employé, bien que M. Duffy ait déjà affirmé devant le Sénat que M. Donahue s'était assuré l'aide de «personnel additionnel».

«Le travail qu'il a accompli pour M. Duffy s'est limité à de la recherche et des conseils transmis verbalement», indique-t-on dans le rapport de la police, où l'on ajoute que c'est M. Duffy qui a suggéré le tarif «gonflé» de 200 $ de l'heure.

La GRC souligne que M. Donahue a travaillé à titre de technicien pendant la majeure partie de sa vie, et n'avait aucune expérience de consultant.

M. Donahue a mentionné à la police qu'il n'avait pas empoché lui-même ce salaire. Selon ce qu'il a expliqué, il était alors en congé d'invalidité et ne pouvait toucher un tel revenu. Son entreprise, Maple Ridge Media — qui a par la suite été rebaptisée Ottawa ICF —, était enregistrée au nom de son épouse.

Par ailleurs, la GRC tente également de mettre la main sur des relevés bancaires du sénateur Patrick Brazeau, lui aussi un ancien membre du caucus conservateur. MM. Duffy et Brazeau ont tous deux été éclaboussés dans un scandale d'allocations d'hébergement indûment réclamées.

Le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, a profité de ces nouvelles allégations, mardi, pour dénoncer le mutisme du premier ministre Stephen Harper devant les nombreux scandales qui éclaboussent la Chambre haute.

«On ne saura jamais toute la réalité de l'affaire (...) tant que le premier ministre ne se présente pas devant les tribunaux pour témoigner sur son engagement et sa responsabilité dans cette affaire assez sordide», a-t-il lancé, dénonçant du même souffle ce qu'il qualifie de «manque de jugement» de M. Harper dans ses nominations au Sénat.

Quant au chef de l'Opposition officielle à Ottawa, Thomas Mulcair, il s'en est pris au sénateur Duffy, laissant sous-entendre qu'il n'avait aucun honneur puisqu'il n'avait toujours pas démissionné.

«Il a une sinécure, il est nommé à vie donc il va continuer à rester là tant et aussi longtemps que l'inévitable ne se produira pas», a déclaré le chef du Nouveau Parti démocratique.

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