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Espionnage : le Brésil demande des explications au Canada

Espionnage : le Brésil demande des explications au Canada

Le Brésil demande des clarifications au gouvernement canadien sur l'espionnage qui aurait ciblé les communications du ministère brésilien des Mines et de l'Énergie. Un haut responsable à Ottawa a confirmé que l'ambassadeur canadien à Brasilia, Jamal Khokhar, a été convoqué par le gouvernement brésilien.

Aux yeux de la présidente brésilienne, Dilma Roussef, cela apparaît comme de l'espionnage industriel. S'exprimant sur son compte Twitter, Mme Roussef a demandé aux États-Unis et à leurs alliés de cesser ces activités d'espionnage.

La chaîne de télévision Globo, le plus gros réseau du pays, a révélé que le Centre de la sécurité des télécommunications du Canada (CSTC) aurait ciblé des appels et des courriels en provenance ou destinés au ministère des Mines et de l'Énergie à l'aide d'un logiciel nommé Olympia.

Globo cite des documents secrets qui émaneraient CSTC et qui auraient été rendus publics par l'ex-consultant de l'Agence américaine de sécurité nationale (NSA), Edward Snowden.

Les documents montrent, entre autres, le schéma des communications du ministère brésilien. Ce schéma inclut des appels téléphoniques, des courriers électroniques et des navigations sur Internet. Globo publie d'ailleurs certaines pages des documents sur son site web.

Selon le reportage, grâce à un logiciel nommé Olympia, le CSTC aurait surveillé les métadonnées des appels et des courriels émanant et à destination du ministère. Globo affirme que les activités permettaient de surveiller les contacts avec « d'autres groupes que Petrobras, au Brésil ou à l'étranger ». L'un des documents fait état d'appels faits, par exemple, en Amérique latine, au Moyen-Orient et en Afrique du Sud.

Les documents contiennent aussi des pistes de solution pour améliorer l'efficacité de l'espionnage canadien au Brésil. On y suggère notamment que l'agence canadienne travaille avec le groupe TAO, nom de code d'une unité d'espionnage d'élite américaine.

Globo ne précise toutefois pas si des agents canadiens ont écouté des conversations téléphoniques ou lu des courriers électroniques.

Le Canada avare de commentaires

« Nous ne commentons pas les activités de collecte de renseignements à l'étranger », a déclaré la porte-parole du ministère canadien de la Défense, dont relève le CSTC, Julie Dimambro.

Le site Internet du CSTC précise que sa mission consiste notamment à « acquérir et utiliser l'information provenant de l'infrastructure mondiale d'information dans le but de fournir du renseignement étranger, en conformité avec les priorités du gouvernement du Canada ».

Le journaliste Glenn Greenwald, qui est établi à Rio, a collaboré à l'enquête de Globo. M. Greenwald est parmi les premiers à avoir révélé des informations sur les programmes de surveillance de la NSA, qui ciblent le trafic en ligne et les appels téléphoniques.

M. Greenwald a affirmé à CBC qu'il y aurait d'autres révélations au sujet du Canada. Il prévient que ces révélations « n'ont rien à voir avec la sécurité nationale ou le terrorisme ». Il souligne que l'espionnage canadien est destiné à retirer des avantages économiques et industriels pour les sociétés canadiennes.

« Il s'agit des mêmes pratiques régulièrement reprochées à la Chine par les États-Unis et ses alliés, dont le Canada », explique M. Greenwald. « C'est ce qui rend cet espionnage si dérangeant », poursuit-il. « Ces leaders mondiaux qui trompent leurs propres citoyens. »

Réactions de Brasilia

Le ministre brésilien des Mines et de l'Énergie, Edilson Lobao, a affirmé, sur les ondes de Globo, que cette affaire est « grave ». Il a fait état des « intérêts importants » du Canada dans son pays, notamment dans le domaine minier.

« Il y a de nombreuses firmes canadiennes qui veulent faire des affaires dans notre pays. Mais je ne peux pas dire si l'intérêt d'espionner chez nous vient de là, pour favoriser les intérêts de certaines firmes en affaires », a déclaré le ministre Lobao.

Après les États-Unis

La presse brésilienne a déjà révélé des documents secrets qui mettent en lumière des activités d'espionnage des communications de la présidente, Dilma Rousseff, par les États-Unis. Les Américains auraient aussi surveillé des proches de la présidente, des millions de Brésiliens et des entreprises, dont Petrobras, la compagnie pétrolière d'État.

Dimanche, Dilma Rousseff a encore exigé, sur Twitter, « des explications et un changement de comportement de la part des États-Unis ».

Depuis ces révélations, les relations entre Brasilia et Washington se sont refroidies. Dilma Rousseff a même reporté une visite aux États-Unis qui était prévue à la fin du mois.

C'est l'ancien analyste américain du renseignement Edward Snowden qui a mis au jour certains programmes d'espionnage de la NSA aux États-Unis et à l'étranger. Il bénéficie de l'asile politique en Russie, mais les États-Unis ne ménagent pas les efforts pour le rapatrier et le traduire en justice.

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