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Tragédie à Lampedusa : l'Italie observe une minute de silence

Tragédie à Lampedusa : l'Italie observe une minute de silence

L'Italie est en deuil à la suite du naufrage d'un bateau transportant des migrants de la Corne de l'Afrique vers l'île touristique italienne de Lampedusa. Seulement 155 personnes ont pu être secourues alors que quelque 450 à 500 personnes s'étaient entassées dans l'embarcation qui a sombré en mer jeudi.

Les autorités italiennes, qui ont récupéré 111 corps jusqu'à présent, craignent que le bilan atteigne quelque 300 morts.

« Nous n'avons plus d'espoir de retrouver des survivants », a déclaré un porte-parole de la police financière, mobilisée aux côtés des garde-côtes, des pompiers et des autres intervenants. Plusieurs corps sont toujours coincés sous l'embarcation qui a coulé par 40 mètres de fond à 550 mètres de la côte sicilienne. Les recherches pour récupérer les corps ont été suspendues en raison de la mer agitée.

Il s'agirait de la pire tragédie de l'immigration des dernières années.

Une minute de silence a été proclamée dans toute l'Italie. Elle sera notamment observée dans les écoles. L'Italie a placé ses drapeaux en berne. Les commerces ont été fermés, sur la petite île touristique de Lampedusa, à la demande de la mairesse Giusy Nicolini.

« Un océan de têtes »

Les passagers du navire auraient allumé des feux de détresse pour signaler leur présence à des navires marchands avant de prendre feu et de sombrer dans la Méditerranée.

« On passait la nuit à bord de notre bateau », explique un commerçant de Lampedusa, Alessandro Marino. « On a entendu des cris et on s'est précipité pour voir ce qui se passait, et là, nous avons trouvé une situation cauchemardesque. Il y avait entre 150 et 200 personnes dans l'eau. On a réussi à en sauver 47. [En en embarquant] plus, on risquait de couler nous aussi », a-t-il poursuivi en ravalant ses larmes.

« Beaucoup criaient. Ils étaient nus pour tenter de flotter le plus longtemps possible », a raconté son amie, Sharanna Buonocorso.

Un pêcheur venu en aide à des migrants en détresse, Rafaele Colapinto a raconté quant à lui avoir vu « un océan de têtes ».

Le bateau serait parti du port de Misrata en Libye, selon les enquêteurs, mais d'après le responsable de l'assistance sanitaire à Lampedusa, Antonio Candela, les victimes seraient pour la plupart Somaliennes et Érythréennes. Le capitaine du bateau, un Tunisien de 35 ans, a été expulsé d'Italie en avril dernier.

La tragédie relance la politique européenne sur l'immigration.

« Il faut agir, en Europe et en Afrique », a déclaré le vice-premier ministre italien Angelino Alafano. Il estime qu'il faut modifier les règles sur l'immigration européenne « qui font trop peser sur les pays d'entrée la charge de l'immigration clandestine ». En Afrique, il faut resserrer la surveillance des zones tunisiennes et libyennes d'où partent les bateaux clandestins, selon lui. Il souhaite que l'Italie puisse étendre ses patrouilles « au-delà de ses eaux territoriales ».

La ministre de l'Intégration Cécile Kvenge, première Noire à siéger au sein d'un gouvernement italien, réclame, quant à elle, l'instauration de « couloirs humanitaires pour rendre plus sûres ces traversées sur lesquelles spéculent des organisations criminelles ».

L'Italie a accueilli 25 000 migrants cette année, soit trois fois plus qu'en 2012. L'Organisation non gouvernementale parisienne Migreurop estime que 17 000 migrants sont morts en tentant de rallier l'Europe au cours des 20 dernières années.

La petite île touristique de Lampedusa avait également été le théâtre d'une tragédie similaire en juin 2011 quand de 200 à 270 migrants de l'Afrique subsaharienne, fuyant la Libye, s'étaient noyés en tentant de gagner Lampedusa.

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