Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Bellew veut arrêter « Superman »

Bellew veut arrêter « Superman »

Mais qui est donc cet Anglais venu du pays des Beatles et qui promet de mettre fin au règne de « Superman »?

C'est le 30 novembre au Colisée Pepsi de Québec qu'Adonis Stevenson doit procéder à la défense obligatoire de son titre WBC des mi-lourds face au Britannique Tony Bellew.

Un texte de Jean-François Chabot

À première vue, Bellew (on prononce Belliou) en impose physiquement. À 1,89 m et 91 kg (6 pi 3 po, 203 lb), il se présente comme la plus sérieuse menace à laquelle Stevenson aura eu à affronter.

Une confiance inébranlable l'habite. Joint au téléphone chez lui, à Liverpool, on découvre rapidement la source de son énergie et de son désir de vaincre.

Bellew n'est pas issu d'une famille de sportifs. « Je viens d'une famille compétitive. Mes parents ont souvent occupé deux emplois en même temps pour que nous ne manquions de rien. Le sport n'occupait pas une grande place. J'ai deux frères plus âgés que moi. L'un est comptable, l'autre est designer graphique », explique d'abord celui qui est devenu l'aspirant obligatoire en battant le Sud-Africain Isaac Milenba le 25 mai dernier.

Il décrit Liverpool comme une ville dure. « Ce n'est pas facile de grandir ici. Mais cet environnement a forgé ma personnalité. Je suis un fonceur et j'atteins toujours mes objectifs. »

Marié à Rachel et père de trois garçons (Corey 8 ans, Cobey 5 ans et Carter 10 mois), Bellew célébrera ses 31 ans le soir du combat.

Il a d'abord pratiqué le kickboxing dès l'âge de 9 ans. « Ça n'a duré que trois ans. Je ne trouvais pas ça assez physique. Mon père comptait parmi ses amis Alfie Lewis qui était peut-être le meilleur dans cette discipline en Grande-Bretagne. J'étais un bon élève et j'avais de bons attributs physiques. »

Pour Bellew, la transition vers la boxe est venue après trois disqualifications successives en compétition de kickboxing. Dans sa catégorie d'âge, les concurrents ne pouvaient frapper avec plein contact à la tête.

Or, le jeune homme de 13 ans passait le K.-O. à ses adversaires. Il a donc opté pour la boxe qui lui permettrait de cogner sans retenue.

Succès rapide

Son passage chez les amateurs fut vite remarqué. En l'espace de 47 combats, il a inscrit 40 victoires, dont 30 avant la limite. Son palmarès montre trois titres nationaux consécutifs entre 2004 et 2006.

Il a fait le saut chez les professionnels en octobre 2007. Il a alors 24 ans. À ses 13 premiers combats, il n'a totalisé que 38 rounds de boxe. Il est demeuré invaincu et a enregistré neuf victoires par K.-O.

Puis, six de ses neuf duels suivants ont atteint la limite de 12 rounds. L'un d'eux, en octobre 2011, le voit s'incliner par décision majoritaire devant le champion WBO des mi-lourds, Nathan Cleverly.

« Au début, tout ce je voulais, c'était d'assommer tout le monde. Mais avec le temps, viennent des adversaires plus coriaces. Il faut donc apprendre à éviter les coups. Je dois dire que je suis très fier de la manière dont j'ai progressé. J'ai affronté de très bons boxeurs. Ils n'étaient peut-être pas aussi féroces et ne possédaient pas la même puissance que Stevenson. Mais me voilà en route pour mon deuxième combat de championnat du monde. »

Bellew (20-1-1, 12 K.-O.) dit être devenu un boxeur beaucoup plus patient. Il estime avoir autant d'expérience que Stevenson (22-1, 19 K.-O.) en combat de championnat. « Je fraye depuis longtemps avec les meilleurs. J'ai gagné des titres et je les ai défendus. Je peux dire que je connais bien mon sport à présent. »

Une passion

Bellew aime profondément son sport. Il en connaît les exigences. Il sait les sacrifices qu'il doit faire pour parvenir et rester au sommet.

« J'aime le caractère individuel de la boxe. C'est moi contre lui et personne d'autre. Tout ne dépend que de moi. Si un jour je ne livre pas la marchandise, je serai le seul à blâmer », affirme le gaillard sans aucune hésitation.

« Par contre, ce sport a ceci de difficile : il prend le plein contrôle de votre vie, ajoute-t-il. En ce moment, je vis comme un prêtre. Avec les entraînements en succession, c'est l'engagement total vers un but ultime. Quand je prépare un combat, je m'entraîne comme une bête. Je promets d'être dans une forme remarquable le 30 novembre. »

Dans le camp des Bleus

Quand il parvient à s'éloigner un peu de la boxe, Tony est un partisan du club d'Everton où il assiste à toutes les rencontres aux côtés de 40 000 autres fervents.

Les maillots bleus sont au cur d'une des plus vives rivalités du monde du sport avec leurs voisins rouges du Liverpool FC, de l'autre côté du fleuve Mersey qui scinde la ville en deux camps irréconciables.

Quand je lui ai signifié qu'à ma seule visite à Liverpool, j'avais encouragé les Rouges, Bellew m'a dit dans un éclat de rire que nul n'était parfait.

Everton, équipe de la Premier League anglaise, agit en tant que commanditaire de Bellew en lui donnant accès à ses installations d'entraînement de premier plan.

Bellew gère lui-même sa carrière et confie la promotion de ses combats au groupe Matchroom dirigé par Eddie Hearn. Ce dernier s'occupe aussi de Carl Froch qui s'entraîne souvent en compagnie de Bellew.

Toucher à ses rêves

Surnommé « Bomber », Bellew se voit non seulement devenir champion du monde. Il rêve défendre son titre assez longtemps pour assurer la sécurité financière de sa famille.

Autrement, l'aspirant ne se projette pas dans l'avenir plus loin que son prochain combat. « À ce niveau de compétition, c'est un sport tellement dangereux et brutal que ma carrière pourrait prendre fin n'importe quand. C'est pour mes fils que je boxe. Sans eux, je ne serais pas rendu aussi loin. »

Bellew clame que le 30 novembre marquera le début d'une nouvelle vie pour lui. « Ce sera le combat qui me révèlera au monde. HBO et tous les autres parlent de Stevenson comme du nouveau Mike Tyson. Je vais leur montrer qu'il ne l'est pas. Je n'ai pas peur de lui et je ne suis aucunement intimidé. J'ai hâte de le remettre à sa place. »

Bellew estime que Tavoris Cloud était intimidé surtout après avoir été atteint solidement par Stevenson dès le début du combat. Bellow pense que Chad Dawson était agacé par les agissements d'Adonis et que ses émotions ont vite eu le dessus sur lui.

« Je ne me laisserai pas intimider par Stevenson ni par la vingtaine de voyous qui l'entourent. Quand il parle ou quand il se déplace. Je connais ce genre d'individus qui n'ont rien de bon à offrir. Il doit se préparer à vivre un choc le 30 novembre. »

Si Bellew reconnaît que Stevenson vient de livrer deux excellents combats, il estime toutefois que le Blainvillois s'est fait offrir un combat pour le titre sur un plateau d'argent.

« J'ai gagné et mérité ma place d'aspirant obligatoire. Stevenson a su saisir sa chance à deux mains et il faut lui donner le crédit pour cela. Mais Adonis Stevenson n'a jamais affronté quelqu'un d'aussi grand ni d'aussi fort que moi. Je ne suis pas le plus gros cogneur. Mais quand je le frapperai, il va le ressentir. Aucun nain de 5 pi 10 po ne peut me battre. »

La guerre est déjà commencée.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.