Exclusif - Une enquête menée par CBC/Radio-Canada révèle que l'ancien chef de l'Action démocratique du Québec (ADQ), Mario Dumont, a rencontré en privé, en 2008, des entrepreneurs qui auraient financé son ex-parti politique illégalement.
Le sénateur conservateur Léo Housakos, qui était un des responsables du financement de l'ADQ et des conservateurs de Stephen Harper, au Québec, a approché un de ces entrepreneurs pour qu'il finance l'ADQ.
Mario Dumont s'est longtemps vanté de vouloir faire de la politique autrement, notamment lors de la campagne électorale de 2007 qui a permis à son ex-parti de former l'opposition officielle à l'Assemblée nationale.
Mais l'enquête de CBC/Radio-Canada démontre que l'ADQ utilisait les mêmes techniques que les vieux partis pour se financer.
« C'était un genre d'investissement que je faisais en cas que l'ADQ prenne le pouvoir. » — Lino Zambito, ex-entrepreneur en construction
L'entrepreneur Lino Zambito, l'une des vedettes de la commission Charbonneau, admet aujourd'hui avoir financé l'ADQ à l'aide du système illégal des prêtes-noms.
« On allait voir nos employés, on allait voir notre famille; on leur demandait un chèque et ces gens-là, on les remboursait », a-t-il affirmé.
En 2008, c'est Léo Housakos, aujourd'hui sénateur conservateur, qui aurait demandé à Lino Zambito d'aider financièrement le parti de Mario Dumont.
« [Léo] Housakos m'a demandé si j'étais capable de leur donner un coup de main annuellement, de leur ramasser pour eux l'équivalent de 30 000 $ par année. » — Lino Zambito, ex-entrepreneur en construction
M. Housakos a collecté des fonds pour les conservateurs de Stephen Harper et l'ex-Action démocratique de Mario Dumont.
« C'était plus de donner un coup de main à M. Housakas qui était encore dans l'ADQ. Il avait des liens au fédéral; il était aussi bien placé au niveau de la Ville de Montréal », a poursuivi M. Zambito.
Et donner un coup de main à Léo Housakos donnait aussi accès au chef de l'ADQ au club privé Mont-Royal.
« Il y avait des soupers intimes qui se faisaient avec quatre à six entrepreneurs avec M. Dumont, pis [sic] M. Housakos était là. C'était un souper de deux à trois heures et on avait la chance d'échanger presque en tête-à-tête avec M. Dumont », a indiqué M. Zambito.
Des entrepreneurs qui attendaient tous un retour d'ascenseur de l'ADQ.
« Si jamais l'ADQ avait pris le pouvoir au Québec, il aurait été en mesure de me donner un coup de main au niveau provincial. Ça, c'était clair! » — Lino Zambito, ex-entrepreneur en construction
Lino Zambito affirme que Mario Dumont ne pouvait ignorer que son parti était financé illégalement. Est-ce que l'ex-chef de l'ADQ savait que M. Housakos faisait du financement illégal? « Absolument, absolument! », a répondu M. Zambito.
Mario Dumont et Léo Housakos ont refusé de parler devant la caméra. Ils nient tous les deux avoir agi de façon illégale.
« Les partis politiques sont victimes des prêtes-noms, et non pas coupables d'aucune façon. À moins qu'on demande aux partis politiques de faire enquête sur leurs propres donateurs, c'est au DGE à surveiller ça. » — Mario Dumont, ex-chef de l'ADQ
La commission Charbonneau a choisi de ne pas parler du financement illégal à l'ADQ. C'est le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) qui mène une enquête sur des dons illégaux d'au moins 800 000 $ à l'ex-ADQ.
D'après le reportage de Christian Latreille
La deuxième partie de ce reportage sera présentée mardi sur les ondes de RDI, d'ICI Radio-Canada Télé ainsi que sur Radio-Canada.ca.
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