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La CAQ demande la suspension d'André Boisclair

Duchesneau fait un lien entre la consommation de drogue de Boisclair et une subvention de 2,5 millions $
PC

QUÉBEC - L'ex-ministre péquiste André Boisclair a menacé de poursuivre en diffamation le député caquiste Jacques Duchesneau, mercredi, à la suite d'allégations liant une subvention à sa consommation de drogue.

Le député de la Coalition avenir Québec (CAQ) Jacques Duchesneau a mis le feu aux poudres en soulevant des interrogations sur les motifs de M. Boisclair lorsqu'il a promis une subvention de 2,5 millions $, il y a 10 ans, pour un projet de rénovation d'église à Montréal.

M. Duchesneau a ensuite multiplié les déclarations dans les médias en évoquant l'hypothèse qu'un lien pourrait exister entre la consommation de l'ex-ministre péquiste et sa promesse de soutenir le projet auquel était associée une entreprise en construction, LM Sauvé, qui aurait été infiltrée par le crime organisé.

Ces propos ont fait bondir M. Boisclair qui, depuis son poste de représentant du Québec à New York, a réclamé par communiqué la rétractation et les excuses de M. Duchesneau, à défaut de quoi il le poursuivra.

«Ses récentes déclarations et l'association vicieuse qu'il effectue à mon égard sont hautement diffamatoires et préjudiciables à ma réputation, a-t-il dit. De plus, elles ont été faites avec l'intention évidente de me nuire.»

En début de journée, mercredi, M. Duchesneau avait réclamé la suspension temporaire de M. Boisclair de ses fonctions de délégué général à la suite de la publication d'un témoignage de l'entrepreneur en construction Paul Sauvé devant la Commission Charbonneau.

À la lumière de cette déposition, le député de la CAQ s'était indigné qu'à quelques jours des élections de 2003, M. Boisclair ait annoncé la subvention au projet de rénovation, auquel l'entreprise de M. Sauvé était associée.

Après avoir demandé une enquête interne sur le sujet, M. Duchesneau est revenu à la charge en rappelant aux journalistes les problèmes de M. Boisclair avec la cocaïne ainsi que les affirmations de M. Sauvé, à l'effet que son entreprise aurait été infiltrée par les Hells Angels en 2006.

«Je fais le lien entre 2,5 millions $, quelqu'un associé aux Hells Angels et quelqu'un qui a consommé et qui prenait les décisions, a-t-il dit. Donc ça, et d'autres questions aussi, vont être posées en temps opportun.»

M. Duchesneau a expliqué que M. Boisclair devait faire la lumière pour dissiper toute hypothèse qu'un lien existe entre ses problèmes de drogue, qu'il avait admis lors de la course à la direction du Parti québécois, en 2005, et la subvention profitant à l'entreprise LM Sauvé.

«En 2005, M. Boisclair lui-même avouait qu'alors qu'il était ministre, il avait consommé de la cocaïne, a-t-il dit. Alors la question qu'on se pose, M. Sauvé étant associé aux Hells Angels, et qu'on ait une subvention de 2,5 millions $ de donnée, est-ce que c'est venu influencer sa décision? Je ne le sais pas.»

Alors que M. Boisclair avait nié que sa consommation était un problème, M. Duchesneau a laissé entendre le contraire. Dans le segment du point de presse où il répondait en anglais, le député caquiste a affirmé que M. Boisclair était un «drug addict» (dépendant).

En fin de journée, dans son communiqué, M. Boisclair a déclaré qu'il acheminera une mise en demeure, à un moment non précisé, à M. Duchesneau.

L'ex-ministre a aussi assuré que toutes les règles avaient été respectées quand il a promis dans une lettre au révérend Arlen Bonnar, écrite quatre jour avant le vote, que l'église St-James bénéficierait du soutien du ministère d'État aux Affaires municipales.

«Cette aide offerte s'inscrivait dans la continuité d'une première phase de mise en valeur de l'église, amorcée en 2001, dans le cadre du programme d'infrastructure Québec-Municipalités», a-t-il dit.

Quant à ses liens avec M. Sauvé, M. Boisclair a nié tout favoritisme.

«Je connais Paul Sauvé depuis des années, a-t-il dit. Il a participé à des activités de financement. À cet égard, à ma connaissance, le cadre juridique en vigueur a été scrupuleusement respecté.»

En début de journée, avant d'évoquer la consommation passée de M. Boisclair, M. Duchesneau, porte-parole en matière de sécurité publique, avait affirmé que la situation était suffisamment grave pour qu'il soit relevé de ses fonctions.

«Il n'a plus la légitimité pour occuper ce poste, tant et aussi longtemps que la lumière ne sera pas faite sur cette subvention qui a été ordonnée», a-t-il dit.

Le ministre des Relations internationales, Jean-François Lisée, a affirmé que le gouvernement ne rappellera pas son représentant à New York et il a accusé M. Duchesneau de déraper.

«Il est en train de se déshonorer et de miner sa crédibilité, a-t-il dit. (...) C'est sûr que c'est du domaine de la diffamation mais c'est du domaine du ridicule.»

Le chef libéral Philippe Couillard a affirmé que la promesse de M. Boisclair liait le gouvernement, même si ce sont les libéraux qui ont ensuite succédé au Parti québécois à Québec en 2003.

«Un engagement matériel dans les jours qui précèdent une élection c'est très, très rare, c'est inhabituel», a-t-il dit.

M. Couillard n'a pas écarté la possibilité que M. Boisclair puisse être convoqué par une commission parlementaire, comme ce fut le cas pour un de ses prédécesseurs à New York, Bruno Fortier, en 2008, alors que les libéraux dirigeaient un gouvernement minoritaire.

La semaine dernière, le chef parlementaire libéral Jean-Marc Fournier avait nié tout favoritisme dans l'octroi de la subvention au projet de rénovation, à la suite du témoignage de M. Sauvé.

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